Dans le contexte électoral tendu des législatives françaises, une série de voix s’élèvent, mais pas toutes de la même manière. Alors que les responsables religieux catholiques optent pour un sage appel à la prière , les religieux musulmans prennent parti et adoptent une position bien différente, marquée par une forte critique de l’extrême droite française, particulièrement du Rassemblement national (RN).
Dans La Croix, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, exprime des doutes palpables lorsqu’il dénonce ce qu’il perçoit comme une manipulation de la peur et de la stigmatisation à des fins politiques. Pour lui, le RN construit son projet politique sur une base de division en désignant les musulmans comme boucs émissaires. Cette stratégie, selon ses dires, ne fait qu’accroître les fractures au sein de la société française sans aborder efficacement les véritables enjeux.
L’appel lancé par ces figures religieuses et civiles prend ainsi la forme d’un « appel républicain », un appel à une mobilisation massive pour défendre les valeurs de la République française lors des élections. C’est une opposition claire et directe à l’extrême droite et à ses politiques qu’ils jugent en conflit avec les principes fondamentaux républicains.
La critique s’étend également à la tentative présumée du RN de semer la discorde entre les différentes communautés religieuses en France, une démarche jugée non seulement inacceptable mais aussi irrespectueuse par Chems-Eddine Hafiz.
Sadek Beloucif, membre du Forum de l’islam de France, met en lumière les conséquences néfastes de la propagande assimilant immigration, islam et insécurité, transformant ainsi des millions de personnes en boucs émissaires d’une crise sociale complexe.
Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, va jusqu’à avertir d’une possible remise en cause de l’égalité en France, en soulignant que des principes fondamentaux comme le droit du sol pourraient être mis en péril sous l’influence grandissante de l’extrême droite.
Enfin, Myriam Edjlali, professeur de médecine, exprime ses préoccupations quant à une potentielle crise de confiance institutionnelle, un sentiment de méfiance partagé par de nombreux citoyens face aux discours divisifs propagés par certains partis politiques.
Cette mobilisation des leaders religieux musulmans pose question sur le bien fondé d’une certaine interprétation du débat politique Français. A la lumière de ces positions diverses mais convergentes, une question demeure : la voix de la prière n’est-elle pas la voie de la sagesse pour des religieux dans ce débat?