Depuis 2000 ans

« Le Seigneur ne veut pas d’un culte séparé de la vie » : le pape Léon XIV évoque la différence entre une foi authentique et une religiosité d’apparence

DR
DR
Le Saint Père a également exprimé sa proximité avec l’Ukraine et adressé un message au président Volodymyr Zelensky, implorant que « le vacarme des armes se taise et laisse la place au dialogue ».

Revenant sur les paroles du Christ, le pape Léon XIV a invité les fidèles à se méfier d’une illusion : croire que la pratique religieuse suffit pour être sauvé. « Le Seigneur ne veut pas d’un culte séparé de la vie », a-t-il averti, dénonçant une religion réduite à des gestes, des prières ou des sacrifices qui ne changent pas le cœur.Ce rappel s’inscrit dans une tradition constante de l’Évangile : les prophètes, déjà dans l’Ancien Testament, avaient rejeté un culte formel non accompagné de justice et de charité. En soulignant ce point, le pape appelle à une foi qui imprègne toutes les dimensions de l’existence : famille, travail, engagement social, attention aux pauvres. Autrement dit, la messe dominicale et la prière quotidienne ne portent du fruit que si elles se traduisent en actes d’amour concrets.

« Alors que nous jugeons parfois ceux qui sont éloignés de la foi, Jésus remet en question la sécurité des croyants », a poursuivi le Saint-Père. Cette formule interpelle : elle rappelle que la foi ne se vit pas comme une assurance, mais comme une marche exigeante.Dans un monde marqué par l’indifférence religieuse, beaucoup de chrétiens pourraient être tentés de se considérer “sauvés” par le seul fait de leur appartenance à l’Église. Or, Léon XIV souligne que la vraie foi se vérifie dans la fidélité au Christ jusque dans les épreuves. Ici, il reprend une idée chère à la tradition spirituelle : entrer par la « porte étroite » suppose de renoncer à l’égoïsme, de faire des choix difficiles, parfois à contre-courant des logiques dominantes.

« Notre foi est authentique lorsqu’elle embrasse toute notre vie », a encore affirmé le pape. Pour lui, l’exemple suprême reste celui de Jésus, qui n’a pas choisi « la voie facile du succès ou du pouvoir » mais a traversé la Croix par amour. En soulignant cela, Léon XIV indique clairement que la foi chrétienne n’est pas une simple appartenance culturelle mais une réponse vivante au don total du Christ.

Lire aussi

C’est un rappel fort dans une époque où le christianisme est souvent réduit à des valeurs ou à une identité sociale. Le pape rappelle que la foi n’est pas une théorie, mais un chemin de vie qui engage la personne tout entière

Après sa méditation évangélique, le pape Léon XIV a tourné son regard vers l’actualité internationale. Dans son message au président ukrainien Volodymyr Zelensky, publié à l’occasion du Jour de l’Indépendance de l’Ukraine, il a écrit : « Implorons le Seigneur de mouvoir les cœurs des hommes de bonne volonté, afin que le vacarme des armes se taise et laisse la place au dialogue, ouvrant la route de la paix pour le bien de tous. »

Ce message manifeste une nouvelle fois la ligne constante du Saint-Siège : la paix ne se construit pas par la victoire militaire, mais par le désarmement intérieur qui rend possible la rencontre. En insistant sur le silence des armes, le pape souligne que la première étape de la réconciliation est la suspension des violences.Il ajoute dans son message une dimension pastorale profonde : « Je désire vous assurer de ma prière pour le peuple ukrainien qui souffre à cause de la guerre – en particulier pour tous ceux qui sont blessés dans leur corps, pour ceux qui sont en deuil de la mort d’un proche et pour ceux qui sont privés de leurs maisons. » Par ces paroles, il rappelle que la guerre ne se résume pas à des enjeux géopolitiques, mais touche d’abord des vies brisées et des familles en deuil chez les Ukrainiens mais également chez les Russes, ne l’oublions pas.En effet, un mort ukrainien n’a pas plus de valeur qu’un mort Russe.

Enfin, en saluant les pèlerins venus de divers pays, le pape Léon XIV a élargi son appel à une Église universelle, enracinée dans les réalités locales mais tournée vers la fraternité mondiale.Cet Angélus apparaît ainsi comme une mise en cohérence : la foi ne peut rester séparée de la vie, pas plus que la prière ne peut ignorer la souffrance des peuples. La « porte étroite » dont parle Jésus est bien celle d’une fidélité qui exige un don de soi, mais qui conduit à la joie de l’amour de Dieu et à la paix entre les hommes.

INTEGRALITE DU TEXTE DU PAPE LÉON XIV

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 24 août 2025

« Chers frères et sœurs, bon dimanche !

Au cœur de l’Évangile d’aujourd’hui (Lc 13, 22-30), nous trouvons l’image de la “porte étroite”, utilisée par Jésus pour répondre à quelqu’un qui lui demande si peu de gens seront sauvés. Jésus dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas » (v. 24).

À première vue, cette image soulève quelques questions : si Dieu est le Père de l’amour et de la miséricorde, qui reste toujours les bras ouverts pour nous accueillir, pourquoi Jésus dit-Il que la porte du salut est étroite ?

Certes, le Seigneur ne veut pas nous décourager. Ses paroles servent surtout à ébranler la présomption de ceux qui pensent être déjà sauvés, de ceux qui pratiquent la religion et qui, par conséquent, se croient déjà en règle. En réalité, ils n’ont pas compris qu’il ne suffit pas d’accomplir des actes religieux si ceux-ci ne transforment pas le cœur : le Seigneur ne veut pas d’un culte séparé de la vie et n’apprécie pas les sacrifices et les prières s’ils ne nous conduisent pas à vivre l’amour envers nos frères et à pratiquer la justice. C’est pourquoi, lorsqu’ils se présenteront devant le Seigneur en se vantant d’avoir mangé et bu avec Lui et d’avoir écouté ses enseignements, ils entendront cette réponse : « Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice »(v. 27).

Frères et sœurs, la provocation qui nous vient de l’Évangile d’aujourd’hui est belle : alors que nous jugeons parfois ceux qui sont éloignés de la foi, Jésus remet en question “la sécurité des croyants”. En effet, Il nous dit qu’il ne suffit pas de professer la foi avec des mots, de manger et de boire avec Lui en célébrant l’Eucharistie ou de bien connaître les enseignements chrétiens. Notre foi est authentique lorsqu’elle embrasse toute notre vie, lorsqu’elle devient un critère pour nos choix, lorsqu’elle fait de nous des femmes et des hommes qui s’engagent pour le bien et qui risquent dans l’amour, tout comme Jésus l’a fait. Il n’a pas choisi la voie facile du succès ou du pouvoir, mais, pour nous sauver, Il nous a aimés jusqu’à franchir la “porte étroite” de la Croix. Il est la mesure de notre foi, Il est la porte que nous devons franchir pour être sauvés (cf. Jn 10, 9), en vivant son amour et en devenant, par notre vie, des artisans de justice et de paix.

Parfois, cela signifie faire des choix difficiles et impopulaires, lutter contre son égoïsme et se dépenser pour les autres, persévérer dans le bien là où la logique du mal semble prévaloir, etc. Mais, une fois ce seuil franchi, nous découvrirons que la vie s’ouvre devant nous d’une manière nouvelle et, dès à présent, nous entrerons dans le cœur immense de Dieu et dans la joie de la fête éternelle qu’Il a préparée pour nous.

Invoquons la Vierge Marie afin qu’elle nous aide à franchir avec courage la “porte étroite” de l’Évangile, afin que nous puissions nous ouvrir avec joie à la largeur de l’amour de Dieu le Père.

L’Après Angélus

Chers frères et sœurs !

J’exprime ma proximité à la population de Cabo Delgado, au Mozambique, victime d’une situation d’insécurité et de violence qui continue à provoquer des morts et des déplacés. Alors que je lance un appel à ne pas oublier nos frères et sœurs, je vous invite à prier pour eux et j’exprime l’espoir que les efforts des responsables du pays réussiront à rétablir la sécurité et la paix dans ce territoire.

Vendredi dernier, 22 août, nous avons accompagné par nos prières et notre jeûne nos frères et sœurs qui souffrent à cause des guerres. Aujourd’hui, nous nous unissons à nos frères ukrainiens qui, par l’initiative spirituelle “Prière mondiale pour l’Ukraine”, demandent au Seigneur d’accorder la paix à leur pays meurtri.

Je vous salue tous, fidèles de Rome et pèlerins de divers pays, en particulier ceux de Karaganda, au Kazakhstan, de Budapest et la communauté du Collège pontifical nord-américain. Je suis heureux d’accueillir l’orchestre de Gozzano et les groupes paroissiaux de Bellagio, Vidigulfo, Carbonia, Corlo et Val Cavallina. Je salue également les fidèles venus à bicyclette de Rovato et de Manerbio, ainsi que le groupe de la Via Lucis itinérante.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche. »

Source Vatican

Recevez chaque jour notre newsletter !