C’est dans le numéro d’octobre de l’Appel de Chartres de Notre Dame de Chrétienté que l’abbé de Massia* fait un petit rappel afin de mieux nous instruire et nous éclairer sur le véritable sens de la chrétienté. Il nous rappelle la royauté du Christ à l’occasion du centenaire de l’encyclique Quas Primas ( Pape Pie XI) . Il nous invite à réfléchir sur la vocation première du pèlerinage de Chrétienté, qui, comme son nom l’indique, promet cette royauté sur toute la création, et en particulier sur les sociétés humaines.
L’abbé aborde les réticences et les critiques entourant le concept de chrétienté. Certains, dit-il, voient en ce mot un vestige d’un cléricalisme dépassé, tandis que d’autres se réjouissent de la séparation entre l’Église et l’État, pensant que cela permettra à l’Église de mieux accomplir sa mission spirituelle.
Pourtant, il souligne l’importance de la chrétienté en tant que manifestation de la royauté du Christ, non seulement sur le plan individuel mais aussi sociétal.
Une nécessité spirituelle et sociale
L’abbé de Massia rappelle que le catéchisme de l’Église catholique souligne le devoir de rendre à Dieu un culte authentique, tant individuellement que collectivement : « Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. » Ce devoir n’est pas simplement un appel à la pratique religieuse privée, mais également à une implication dans la société pour que celle-ci reflète les valeurs chrétiennes. C’est un appel à être « la lumière du monde », comme le dit Vatican II.
Cette dimension sociale de la foi est cruciale. L’abbé évoque des textes de saints pontifes, comme Pie XII, qui affirmaient que « de la forme donnée à la société conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes. » Cela nous rappelle que la société n’est pas neutre face à Dieu ; chaque aspect de notre vie publique doit refléter notre engagement spirituel.
L’importance de la sainteté individuelle
L’abbé de Massia souligne aussi que la chrétienneté ne peut exister sans la sainteté individuelle. Comme l’a dit Jean-Paul II : « Ne tombez pas dans l’erreur de croire qu’on peut changer la société en changeant simplement les structures externes ou en cherchant avant tout la satisfaction des besoins matériels. Il faut commencer par se changer soi-même. » Une personne transformée peut alors collaborer efficacement à la transformation de la société.
Gustave Thibon complète cette idée en affirmant que « l’homme est esprit et chaise, âme immortelle et « animal social ». Ce qui signifie que la foi chrétienne a besoin ici-bas d’un enrobement des mœurs, de traditions, de pratiques et de signes extérieurs qui sont autant de chemins terrestres vers le ciel. Cette notion rappelle que la foi chrétienne ne peut s’épanouir que dans un environnement social qui lui est favorable, et que les chrétiens doivent s’engager pour assainir cet environnement.
Vers un renouvellement chrétien
L’appel de l’abbé à l’action est clair : chaque chrétien doit intégrer sa foi dans sa vie quotidienne et dans ses interactions avec la société. Cela implique de travailler à des conditions de vie qui permettent l’exercice de la vertu et empêchent le péché.
Ainsi, l’abbé de Massia nous invite à réfléchir à notre rôle en tant que chrétiens dans la société. La chrétienneté, loin d’être un concept passéiste, est une réalité vivante qui doit être actualisée à travers l’engagement de chaque fidèle. En ce sens, la royauté du Christ doit se manifester dans toutes les sphères de notre existence, afin que, comme l’a dit Jean-Paul II, nous puissions être « des acteurs de la transformation du monde » en étant d’abord transformés. nous-mêmes.
Ce regard porté sur la chrétienté est essentiel pour comprendre les défis contemporains de notre foi. En redécouvrant cette royauté du Christ, nous sommes appelés à bâtir un monde où la lumière du Christ éclaire chaque aspect de la vie sociale, et où chaque chrétien, à sa place, contribue à cette œuvre collective de sanctification.
*L’abbé Jean de Massia, Fraternité Saint pierre, est l’aumônier général de l’association Notre-Dame de Chrétienté, organisatrice du Pèlerinage de Chartres.