Le président français, Emmanuel Macron, a rendu hommage ce dimanche aux disparus français pendant la dictature militaire, dans l’église de la Sainte-Croix, dans le quartier de San Cristóbal à Buenos Aires, avant de rencontrer le président Javier Milei.
Emmanuel Macron est arrivé à Buenos Aires samedi soir et a eu un dîner de travail avec Javier Milei. Selon l’Élysée, le but déclaré de la visite de Macron est de tenter de « connecter le président Milei aux priorités du G20 », forum auquel les deux dirigeants participeront lundi et mardi à Rio de Janeiro.
Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont rendu hommage à une vingtaine de Français disparus et assassinés sous la dictature (1976-1983) et ont déposé une couronne de fleurs à l’église de la Sainte-Croix, un mémorial de la résistance.
En décembre 1977, 12 personnes, dont plusieurs fondatrices des Mères de la Place de Mai et les religieuses françaises Léonie Duquet et Alice Domon, ont été enlevées, torturées, tuées et jetées à la mer après s’être réunies dans cette église.
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Léonie Duquet et Alice Domon : un sacrifice chrétien face à la dictature
L’histoire de Léonie Duquet et d’Alice Domon est un témoignage poignant de foi, de courage et de sacrifice en période de persécution. Toutes deux religieuses françaises, elles ont consacré leur vie à l’Argentine, où elles ont été prises dans les tourments de la dictature militaire qui a frappé le pays entre 1976 et 1983. Leur engagement auprès des plus démunis et leur soutien inébranlable aux Mères de la Place de Mai les ont conduites à une fin tragique, mais leur mémoire reste une source d’inspiration et de résistance chrétienne.
Née le 9 avril 1916 à Longemaison dans le Doubs, Léonie Duquet rejoint la congrégation des Sœurs des Missions. En 1949, elle arrive en Argentine, où elle s’engage rapidement auprès des pauvres et des marginalisés. Son dévouement la conduit à soutenir le mouvement des Mères de la Place de Mai, qui réclame la vérité sur les disparus de la dictature. Ce mouvement, fondé par des mères de famille en quête de leurs enfants enlevés, trouve en Léonie une alliée déterminée.
Le 10 décembre 1977, elle est enlevée à son domicile à Ramos Mejía. Emprisonnée et torturée à l’École supérieure de mécanique de la Marine (ESMA), le centre de torture le plus notoire du pays, elle est ensuite jetée vivante en mer, dans le cadre des « vols de la mort », ces exécutions extrajudiciaires perpétrées par la junte militaire. Le corps de Léonie n’a jamais été retrouvé, mais son sacrifice continue de marquer la mémoire collective, symbolisant la lutte pour la justice et la vérité.
Alice Domon, née le 23 septembre 1937 à Charquemont dans le Doubs, rejoint la même congrégation des Sœurs des Missions Étrangères de Notre-Dame de La Motte et part en mission en Argentine en 1967. D’abord impliquée dans des tâches modestes comme femme de ménage puis ouvrière agricole, Alice trouve sa véritable vocation en soutenant les Mères de la Place de Mai. Aux côtés de ces femmes courageuses, elle engage une lutte sans relâche pour retrouver les disparus, bravant la répression de la dictature.
En décembre 1977, Alice est enlevée avec Léonie Duquet dans l’église de Santa-Cruz, à Buenos Aires, alors qu’elles participent à un rassemblement avec des membres du mouvement des droits de l’homme.
Après des jours de torture à l’ESMA, elle sera jetée en mer. Bien que le corps de Léonie Duquet ait été retrouvé et identifié en 2005, celui d’Alice n’a jamais été retrouvé.
Le courage de Léonie et d’Alice a été salué par de nombreux hommages, dont la dénomination en 2005 d’une rue à Paris, baptisée « Alice Domon et Léonie Duquet » dans le 13e arrondissement. Ce geste symbolique, bien qu’humble, témoigne de l’impact indélébile de ces deux religieuses sur la mémoire collective des luttes pour les droits de l’homme.
Leurs vies et leurs sacrifices incarnent les valeurs profondes de l’Évangile : la vérité, la justice et la défense des plus vulnérables. Par leur engagement aux côtés des Mères de la Place de Mai et leur lutte pour la vérité sur les disparus, Léonie Duquet et Alice Domon sont devenues des modèles de foi vivante, prouvant qu’au-delà de la souffrance et de la répression, l’amour du Christ et la quête de justice peuvent surmonter toutes les ténèbres.
Aujourd’hui encore, leurs noms sont gravés dans l’histoire de l’Argentine et de l’Église catholique, et leur exemple inspire de nouveaux combats pour la dignité humaine. Leur mémoire rappelle à chaque chrétien l’appel à vivre selon l’Évangile, même au prix du sacrifice ultime.