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Euthanasie: « Nous ne pouvons consentir à vous faire mourir « avertit le docteur Claire Fourcade

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"La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte l’action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son seul but."

L’interview du docteur Claire Fourcade*, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), accordée à Élisabeth Caillemer dans Le Journal du Dimanche, rappelle les bases fondamentales du débat sur l’euthanasie. Ce sujet oppose deux visions irréconciliables : d’un côté, la vision chrétienne qui veut préserver le caractère sacré de la vie et qui refuse que l’homme s’arroge un droit de vie et de mort qui appartient à Dieu seul ; de l’autre, la vision laïque qui, au nom du confort et d’une vraie-fausse dignité humaine – que l’homme a lui-même redéfinie –, veut s’octroyer le droit de disposer de sa propre existence et de décider du moment de sa mort.

Interrogée sur la proposition de François Bayrou de scinder le projet de loi sur la fin de vie en deux textes distincts – l’un portant sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide à mourir –, le docteur Fourcade exprime un soulagement de voir « la parole des soignants enfin considérée par l’exécutif »Elle rappelle avec force que l’euthanasie et le suicide assisté sont des pratiques en contradiction totale avec l’éthique du soin et la vocation des soignants :

« L’euthanasie et le suicide assisté sont des actes qui contredisent radicalement l’éthique du soin qui régit nos pratiques. Associer ces deux philosophies au sein d’un même texte est donc un contresens total. »

La présidente de la SFAP reprend également l’avertissement du Comité consultatif national d’éthique : « Il ne serait pas éthique d’envisager une évolution de la législation si les mesures de santé publique recommandées dans le domaine des soins palliatifs n’étaient pas prises en compte.« Elle souligne ainsi que légiférer sur l’euthanasie sans garantir un accès digne aux soins palliatifs reviendrait à faire de la mort une solution par défaut pour les plus fragiles.

Des médecins en résistance contre la logique de l’euthanasie

Cette position n’est pas isolée. En 2021, un collectif de médecins avait publié une tribune dans Le Figaro pour réaffirmer avec fermeté leur refus de pratiquer l’euthanasie :« Nous ne pourrons pas provoquer délibérément la mort. » (Le Figaro).Ils rappelaient alors que le serment d’Hippocrate lui-même interdit au médecin de remettre un poison à qui en ferait la demande. Cette position est également celle de l’Association médicale mondiale (AMM), qui a déclaré :

« L’AMM réitère sa ferme adhésion au principe d’éthique médicale du respect absolu de la vie humaine. C’est la raison pour laquelle elle s’oppose résolument à l’euthanasie et au suicide médicalement assisté. » (Association médicale mondiale)

Ces prises de position démontrent que l’opposition à l’euthanasie ne repose pas uniquement sur des convictions religieuses, mais aussi sur une exigence éthique et médicale profonde.

Au cœur de ce débat se trouve une tentation prométhéenne : celle de l’homme qui, sous couvert de liberté, s’octroie le droit de redéfinir la vie et la mort. Comme le rappelle le Magistère de l’Église :

« La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte l’action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son seul but. » (Catéchisme de l’Église catholique, n°2258).

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Cette prétention à contrôler la mort ne revient-elle pas, en réalité, à chercher à se substituer à Dieu ? À vouloir effacer la dimension transcendante de l’existence humaine pour la réduire à une simple question de confort et d’autonomie ?

Il ne s’agit pas ici seulement d’une question individuelle, mais d’un choix de société aux implications considérables. Car si l’on accorde aujourd’hui à l’homme le droit de disposer de sa propre mort, combien de temps faudra-t-il avant que ce droit ne devienne une pression implicite, une attente sociale pesant sur les plus vulnérables ?

Face à cette dérive, il est essentiel de rappeler que la dignité humaine ne réside pas dans l’absence de souffrance ou dans une autonomie absolue, mais dans la reconnaissance du caractère inviolable et sacré de la vie. L’accompagnement en fin de vie ne doit pas consister à hâter la mort, mais à entourer chaque personne de soins, de respect et de compassion jusqu’à son dernier souffle.

Plutôt que d’ouvrir la boîte de Pandore de l’euthanasie, l’urgence est de garantir un accès universel aux soins palliatifs et de redonner du sens à l’accompagnement des mourants. Car dans ce débat, il ne s’agit pas simplement de choisir entre la vie et la mort : il s’agit de savoir si l’homme doit se faire le maître de son destin ou s’il doit, humblement, reconnaître que la vie appartient à plus grand que lui.

*Claire Fourcade auteur du Journal de la fin de vie chez Fayard.

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