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Les évêques américains contraints de licencier 50 employés faute de financement pour les migrants

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Le vice-président JD Vance, figure montante du parti républicain, a publiquement critiqué l’USCCB, l’accusant de participer à « la réinstallation d’immigrants illégaux » avec l’argent des contribuables

Vendredi 9 février, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) a annoncé le licenciement de 50 employés travaillant pour son bureau de services aux migrants et réfugiés. Un coup dur pour cette institution qui joue depuis des décennies un rôle central dans l’accueil et l’accompagnement des réfugiés.Chieko Noguchi, porte-parole de l’USCCB, a justifié ces suppressions de postes en évoquant la situation financière précaire de ces programmes : « l’incertitude persistante concernant la réinstallation des réfugiés et l’avenir général de ces programmes » rend ces licenciements inévitables.

Elle a également tenu à souligner le dévouement des employés concernés : « S’il vous plaît, priez pour ces hommes et ces femmes dévoués qui ont tant donné d’eux-mêmes au service de leurs frères et sœurs dans le besoin. ».Ces licenciements, révélés en premier lieu par The Pillar, illustrent la pression croissante sur l’USCCB, dont le financement des missions caritatives dépend en grande partie des fonds fédéraux.

Depuis plusieurs décennies, l’USCCB collabore avec l’État fédéral pour financer ses initiatives en faveur des migrants et réfugiés. Une grande partie des fonds provient du Programme fédéral d’admission des réfugiés des États-Unis (USRAP), qui permet aux organisations catholiques, notamment Catholic Charities, d’accompagner l’intégration des réfugiés sélectionnés par le gouvernement.

Mais cette dépendance financière devient problématique. Selon les états financiers audités de l’USCCB :

  • En 2023, l’USCCB a dépensé 134,2 millions de dollars pour ses programmes migratoires, financés à hauteur de 129,6 millions de dollars par des subventions fédérales.
  • En 2022, l’organisation avait engagé 127,4 millions de dollars, dont 123 millions de dollars couverts par l’État fédéral.

L’USCCB et ses partenaires gèrent 65 bureaux de réinstallation à travers les États-Unis et prennent en charge 18 % des réfugiés admis chaque année dans le pays.Or, cette année, les fonds fédéraux ne sont toujours pas débloqués, rendant impossible la poursuite des activités à leur échelle habituelle.

Le gel des subventions fédérales intervient dans un contexte politique tendu. En janvier 2025, le président Donald Trump, tout juste revenu à la Maison-Blanche, a signé une série de décrets limitant le financement des ONG impliquées dans l’aide aux migrants.

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Le vice-président JD Vance, figure montante du parti républicain, a publiquement critiqué l’USCCB, l’accusant de participer à « la réinstallation d’immigrants illégaux » avec l’argent des contribuables. Cette accusation, largement relayée dans les cercles conservateurs, renforce la pression sur l’Église américaine, déjà critiquée pour son engagement sur la question migratoire.

Selon The Pillar, dans un mémo interne daté du 7 février, le Secrétaire général de l’USCCB, le Père Michael Fuller, a confirmé aux évêques américains que « jusqu’à présent, aucune agence de réinstallation ni ONG catholique n’a reçu de remboursement du gouvernement fédéral depuis le 20 janvier », date de l’investiture de Donald Trump.

Face à cette crise, les évêques américains tentent de mobiliser leurs réseaux. Catholic Relief Services (CRS), une organisation caritative opérant dans plus de 100 pays, a lancé un appel à ses donateurs et encourage ses soutiens à interpeller leurs représentants au Congrès. Sur son site officiel, CRS exprime sa « profonde inquiétude » face à la décision de Washington de « suspendre le financement de la quasi-totalité des programmes d’aide extérieure des États-Unis ».

Si l’histoire montre que l’Église a toujours su trouver des solutions en temps de crise, la bataille qui s’annonce s’annonce rude. Entre enjeux politiques, controverses idéologiques et impératifs financiers, l’avenir des programmes de soutien aux migrants dépendra des choix à venir, tant à Washington qu’au sein même de l’Église catholique américaine.

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