Qui était Elisabeth Seton, la sainte de Wall Street ?
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Cette année marque le 50ᵉ anniversaire de la canonisation de Mère Seton, canonisée le 14 septembre 1975 par saint Paul VI
Elizabeth Ann Bayley naît en 1774 à New York, précisément dans le quartier de Lower Manhattan, où se trouve aujourd’hui Wall Street. Evoluant à l’aube de la Révolution américaine, dans une famille protestante aisée et influente, la prospérité matérielle ne remplit pas le cœur : après la mort de sa mère, son père se remarie, puis se sépare de sa nouvelle épouse, qui rejette Elizabeth et sa sœur. Les deux jeunes filles sont envoyées vivre chez leur oncle, une blessure qui marque profondément Elizabeth.
En 1794, un rayon de lumière illumine sa vie lorsqu’elle épouse William Magee Seton, un riche marchand dont l’un des partenaires d’affaires est Filippo Filicchi, un commerçant catholique de Livourne. Installé avec au 27 de Wall Street, le couple mène une existence confortable et donne naissance à cinq enfants, mais cette bonne fortune ne dure pas. En 1801, l’entreprise de William fait faillite et la famille perd sa maison. Peu après, William tombe gravement malade, atteint de tuberculose. Espérant que le climat italien lui serait bénéfique, il embarque avec Elizabeth et leur fille aînée pour Livourne en 1803.
Une rencontre décisive avec la foi catholique
Le voyage est éprouvant. À leur arrivée, ils sont placés en quarantaine par crainte de la fièvre jaune qui sévit à New York. Affaibli par la maladie et le périple, William meurt en décembre 1803, laissant Elizabeth veuve à seulement 29 ans, dans un pays étranger.
La famille Filicchi, touchée par son malheur, l’accueille avec sa fille. Dans leur foyer, elle découvre une foi catholique vivante et réconfortante. Marquée par leur piété, elle leur pose de nombreuses questions : que croient les catholiques sur l’Eucharistie, la messe, la Vierge Marie ? Existe-t-il vraiment une continuité entre l’Église actuelle et les apôtres ? Troublée mais attirée par ces vérités, elle sent en elle une paix croissante. Comme elle l’écrira plus tard : « Si je cherche Dieu dans la simplicité de mon cœur, je le trouverai sûrement. »
De retour à New York en 1804, Elizabeth prend une décision radicale. En mars 1805, elle est reçue dans l’Église catholique et baptisée dans l’église Saint-Pierre de Barclay Street, première paroisse catholique de la ville. Mais cette conversion a un coût. Sa famille et son entourage la rejettent. L’école qu’elle avait ouverte pour subvenir aux besoins de ses enfants est désertée dès que sa nouvelle foi est connue. Mère célibataire de cinq enfants, elle trouve néanmoins un soutien spirituel auprès du Père Louis Dubourg, un sulpicien.
« Nous devons prier sans cesse, dans tous les instants de notre vie, dans toutes nos activités. Cette prière doit devenir une constante élévation de notre cœur vers Dieu, une communication permanente avec Lui« . Elisabeth Seton
Les Sulpiciens du Maryland projettent alors de fonder une congrégation religieuse sur le modèle des Filles de la Charité de saint Vincent de Paul, pour l’éducation des enfants catholiques. Ils invitent Elizabeth à les rejoindre à Baltimore avec ses enfants. Très vite, d’autres jeunes femmes embrassent cette vocation à ses côtés. En 1809, elle devient la première d’entre elles à prononcer ses vœux.
Cette même année, elle fonde les Sœurs de la Charité de Saint-Joseph, première congrégation religieuse féminine des États-Unis, et ouvre une école pour filles défavorisées à Emmitsburg, dans le Maryland. C’est l’acte fondateur du système scolaire catholique américain. Très vite, un orphelinat et d’autres œuvres éducatives suivent.
Mère Seton dirige la congrégation jusqu’à sa mort, à 46 ans, le 4 janvier 1821. Ses dernières paroles à ses sœurs résonnent encore aujourd’hui : « Soyez enfants de l’Église, soyez enfants de l’Église. »
Canonisée en 1975, elle devient la première sainte née aux États-Unis. Aujourd’hui, son corps repose au Sanctuaire national Sainte-Élisabeth-Ann-Seton à Emmitsburg. Ironiquement, aucune église ne porte son nom à New York, mais une église lui est dédiée à Livourne, là où son époux William repose également.
L’histoire de sainte Élisabeth Seton témoigne de la puissance de la grâce divine et du rôle essentiel de la transmission de la foi. Son chemin, parti des salons protestants de New York pour aboutir à la fondation d’un ordre religieux, rappelle que le véritable trésor ne se trouve pas dans la richesse terrestre, mais dans la réponse généreuse à l’appel de Dieu.