Les élections législatives allemandes de ce week-end ont confirmé la victoire de l’Union CDU-CSU, marquant un net recul du SPD et une poussée de l’extrême droite, avec l’AfD dépassant les 20 % des voix. Dans ce contexte de recomposition politique, l’Église catholique d’Allemagne a réagi par la voix de ses principales instances, la Conférence épiscopale allemande (DBK) et le Comité central des catholiques allemands (ZdK).
Monseigneur Bätzing appelle à la stabilité et au dialogue
Le président de la Conférence épiscopale allemande, Monseigneur Georg Bätzing, a exhorté à la formation rapide d’un gouvernement pour répondre aux défis du pays. « J’espère que nous obtiendrons rapidement un gouvernement stable qui puisse s’attaquer aux problèmes », a déclaré l’évêque de Limbourg, saluant le soutien apporté au centre démocratique et en particulier à l’Union CDU-CSU.Dans une déclaration qui reflète l’orientation pro-européenne de l’épiscopat allemand, Monseigneur Bätzing a insisté sur l’ancrage de l’Allemagne dans l’Union européenne : « Notre pays doit rester intégré dans une Europe démocratique, en tant qu’État de droit, libéral, ouvert sur le monde et solidaire. »
Le prélat a également mis en avant la forte participation électorale, dépassant les 84 %, qu’il considère comme un « bon signe pour notre pays, qui prouve que la démocratie est prise au sérieux. » Toutefois, il a averti sur les tensions sous-jacentes à ce scrutin, notamment la présence persistante de forces extrémistes et d’éléments pro-russes. « J’espère vivement, surtout au vu de la situation internationale, que l’Europe saura tirer sa force de ces élections et du nouveau gouvernement », a-t-il conclu.
La présidente du Comité central des catholiques allemands (ZdK), Irme Stetter-Karp, a félicité Friedrich Merz, candidat de la CDU-CSU, pour sa victoire, tout en rappelant les attentes de son organisation quant à la direction politique du pays. « En ces temps de fragmentation préoccupante de la société, l’Allemagne a besoin d’un chancelier qui rassemble, qui pense à l’échelle européenne et qui redonne espoir à un pays confronté à de grands défis », a-t-elle déclaré.
Affichant une ligne progressiste, Stetter-Karp a rejeté toute volonté de retour en arrière : « Si l’on veut un avenir, on ne peut pas revenir au passé dans cette situation. Ni en matière de politique climatique, ni en politique économique, ni en politique sociale. » Elle a également exprimé sa vive préoccupation face à la montée de l’AfD, désormais solidement ancrée dans le paysage politique : « Cela doit nous encourager à continuer de lutter de toutes nos forces pour notre démocratie et contre le racisme. »
Une Église allemande entre adhésion au consensus et fractures internes
Ces prises de position révèlent les tensions au sein de l’Église d’Allemagne, tiraillée entre une hiérarchie ecclésiastique cherchant à maintenir un équilibre politique et un ZdK engagé dans des revendications progressistes, notamment sur les questions de diversité et d’inclusion.Loin d’être une simple observation des résultats électoraux, cette posture reflète l’évolution du catholicisme allemand, marqué par une forte adhésion aux valeurs du consensus politique dominant et par une volonté de peser sur l’avenir du pays. Toutefois, ce positionnement suscite des critiques, tant au sein de la communauté catholique allemande que du côté du Vatican, qui observe avec méfiance le « chemin synodal » et ses velléités de réforme.
Alors que le futur gouvernement devra composer avec une Allemagne polarisée, l’attitude de l’Église allemande illustre une institution cherchant à rester influente dans un paysage en mutation, mais dont l’unité interne semble de plus en plus fragilisée.