Par Stéphane Brosseau*
Pour commencer notre découverte symbolique des cathédrales françaises, j’ai choisi un joyau, situé sur l’une des routes de St-Jacques-de-Compostelle, car le pèlerin, imprégné des messages contenus dans Notre-Dame-de-l’Annonciation, amplifie et enrichit le sens de sa démarche ; nous touchons là du doigt l’apport de la symbologie.
En effet, forts du langage symbologique présenté dans nos quatre articles introductifs précédents, je synthétiserais ainsi son message: « Dieu accompagne l’homme dans son pèlerinage sur la Terre, jusqu’à ce qu’il Le rencontre, pour la vie éternelle ; ce haut-lieu de piété, en témoigne. L’Incarnation, grâce au « oui » de Marie, a révélé à l’homme sa vocation de rencontre de la Lumière, avec le Fils et le Saint-Esprit, pour atteindre le Père dans la vie éternelle, à l’instar de Marie, notre mère et celle de Dieu, des martyrs et de la communion des saints. Le pèlerin est invité, tel Nicodème, à entrer dans le sein maternel de la Vierge Marie pour renaître… »
Cette cathédrale est tellement riche, que nous y consacrerons deux articles pour présenter l’extérieur, puis l’intérieur.
Ce monument majeur[3] de l’art roman et de l’Occident chrétien fut érigé en basilique mineure par un bref apostolique de Pie IX, le 11 février 1856. Une Vierge noire, objet de nombreux pèlerinages au cours des siècles, trône sur un maître-autel baroque. L’actuelle effigie remplace celle qui fut offerte en 1254 par Saint Louis à son retour d’Égypte de la 7e croisade, et qui fut brûlée lors de la Révolution française ; originaire d’Afrique (d’Ethiopie – copte- ou d’Egypte selon les sources…) cette statue reliquaire de la Vierge, revêtue d’un brocard d’or, était en ébène ou en cèdre. Comme toute vierge noire, à l’origine païenne, déesse de la terre et donc de la fécondité, puis christianisée, elle est devenue symbole de l’amour[4]. Ainsi, Marie apparait comme féconde, bien entendu, mais elle ressemble aussi aux petites gens de l’époque, la peau tannée par le soleil ; mieux, ses traits sont ceux de la fiancée par excellence, celle du Cantique des Cantiques.
Les légendes locales[5] racontent qu’un dolmen occupait depuis plusieurs millénaires l’emplacement actuel de la cathédrale. Il reste de cette pierre basaltique une partie conservée dans une chapelle du Saint-Crucifix (ou de ND des Douleurs, ou de l’Apparition) connue sous le nom de Pierre des Fièvres ou Pierre des Apparitions. Avec ces légendes, le Puy-en-Velay est, avec Chartres, le plus ancien sanctuaire marial de la Gaule chrétienne. On a retrouvé sous le pavé du chœur les fondations de cette première église qui mesurait 12 m × 24 m. De nos jours encore, des pèlerins s’allongent sur la pierre pour en recevoir les « bienfaits ». Si l’origine du culte de Notre-Dame-de-l’Annonciation se trouve dans la Pierre aux Fièvres, depuis le Moyen Âge et les temps modernes, la Vierge noire y est surtout vénérée.
La cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation possède un privilège pontifical en faveur d’un jubilé depuis le 25 mars 992. Vraisemblablement issu de la liturgie locale, le Grand Pardon du Puy-en-Velay est le plus ancien jubilé, avant ceux de Rome (1300), de Rocamadour (1428) ainsi que de Lyon (1451). Le premier jubilé de Notre-Dame du Puy aurait eu lieu en 1065.
1/ Description très sommaire
De facture romane, la cathédrale Notre-Dame du Puy se dresse au pied du rocher Corneille, un promontoire volcanique dominé par une statue de la Vierge. Érigée en 1860, cette statue de Notre-Dame-de-France, en fonte, haute de 16 mètres, pèse 110 tonnes et a été réalisée à partir de 213 canons prélevés à la bataille de Sébastopol en Crimée, mis à la disposition des fondeurs par Napoléon III, sur demande de l’évêque. Par ses coupoles sur pendentifs en enfilade (parmi les plus anciennes de France avec Périgueux, Cahors et Angoulême, symboles de la voute céleste, de la Jérusalem Céleste, du paradis, Temple de Dieu) la cathédrale du Puy-en-Velay est fortement influencée par l’architecture byzantine. Construite à partir de pierres volcaniques polychromes, la façade occidentale est aussi faite de parements mosaïqués, d’arcades en plein cintre et de petits frontons. On y accède, depuis une rue de la ville, par un large et long escalier en pierre de 134 marches (on s’élève pour accéder à Dieu), puis par un porche à trois arcs (tenant lieu de porche de gloire des arcs de triomphe romains). Si de très belles statues et mosaïques décorent le portail, l’intérieur abrite aussi de superbes fresques dorées.
La couleur sombre des pierres donne à l’intérieur un aspect austère, mais on est impressionné par la hauteur des six coupoles (6 : chiffre de l’homme ; on y lit donc la vocation de l’humanité), l’abondance des voûtes qui la couronnent, et par le soubassement voûté sur lequel la cathédrale s’appuie.
Le chœur repose directement sur le rocher, mais pour agrandir la cathédrale aux XIe et XIIe siècles, les pèlerins étant toujours plus nombreux, quatre travées supplémentaires ont été audacieusement construites sur le vide ; pour rattraper un dénivelé de 17 m, d’importants piliers soutiennent les hautes arcades.
Cette basilique, construite en plusieurs campagnes, est datée du XIe siècle pour l’abside, le carré du transept et les deux dernières travées. Toutefois, l’édifice menaçant ruine au début du XIXe siècle, il fit l’objet, entre 1844 et 1870, dans sa quasi-totalité, d’une démolition suivie d’une reconstruction à l’identique, hormis l’abside et la coupole de croisée, qui furent refaites sous une forme différente.
La façade occidentale se dresse en haut d’un grand escalier. Elle comporte 3 niveaux avec ouvertures (les hommes, les saints, Dieu trinitaire), ou 5 étages (la perfection) d’architecture en appareil polychrome. Quoi qu’il en soit, ils sont des déclinaisons du chiffre 3, représentant la Trinité (3 porches, 3 arches, 3 fenêtres, 3 triangles etc.). On peut également y voir des détails d’origine « mozarabe » en écriture arabe مستعرب (les Espagnols chrétiens qui avaient le droit de pratiquer leur religion au temps de l’occupation arabe) ; ces Espagnols chrétiens étaient particulièrement nombreux à fréquenter au Moyen Âge le pèlerinage pour la Vierge noire ; ils furent souvent d’excellents artisans. Les Mozarabes parlaient arabe et étaient initiés à l’art islamique, d’où les inscriptions de style coufique sur la porte de cèdre[6].
Cette façade est un gigantesque rideau (le rideau du Temple) qui fait passer de la vie trépidante du monde au silence du lieu sacré. Elle évoque aussi la grandeur et la majesté de Dieu qui regarde sa création pour nous en dévoiler le sens. On peut y voir une opposition entre le Dieu puissant, infiniment grand, et ce Dieu tout petit qui s’incarne dans le sein de Marie, figuré ici par le « petit escalier du ventre » ; mais aussi un symbole fort de la proximité du Christ ressuscité et du Dieu trinitaire avec les hommes, car depuis la mort du Christ en croix, le rideau du Temple s’est déchiré et chacun a ainsi pu avoir un accès direct à Dieu.
L’escalier débouche sous la nef devant le chœur. Il occupe toute la largeur de l’édifice durant les deux premières travées, puis se rétrécit pour que nous nous rapprochions les uns-les autres, que nous nous entraidions, et par signe d’humilité, pour enlever ce qui est vanité afin de passer par le Christ (« Je suis la porte » St Jean 10, 1-21). Pour comprendre la majesté de Dieu et sa toute-puissance, il faut Le suivre dans son abaissement. La Bible, pour figurer cette humble obéissance du Fils de Dieu, utilise souvent la figure de l’agneau. Il est cet agneau pascal dont nous retrouvons, au milieu de la façade une sculpture en bas-relief sur une pierre en saillie qui marque l’entrée dans le sanctuaire. En pénétrant dans la cathédrale avec une démarche de foi, nous choisissons de « suivre l’Agneau. »
Le reste de la façade est presque entièrement géométrique. Elle se caractérise par une riche polychromie carolingienne et orientalisante formées tantôt de motifs rouges, noirs et blancs (le combat entre le Bien et le Mal) en arête de poisson, tantôt de damiers (l’éternité) noirs et blancs (la dualité des hommes). Au sommet se dévoile un ruban plissé rouge et blanc (la maternité, le sang, le sacrifice, la royauté et la pureté).
Le premier porche de la cathédrale pourrait s’appeler « le porche de la Parole », car les quatre Évangélistes[7] y sont symbolisés. Sous chaque sculpture, des phylactères indiquent leur nom : saint Jean figuré par l’aigle, saint Matthieu par l’homme, saint Luc par le taureau, saint Marc par le lion.
Les Évangélistes sont reliés au médaillon central qui représente la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus, montrant ainsi que les Évangiles ont été écrits pour nous annoncer la Bonne Nouvelle de l’Incarnation.
Dans la travée suivante du porche, de part et d’autre de l’escalier, deux portes du dernier quart du XIIe siècle en cèdre donnent accès à des chapelles dédiées à saint Gilles à gauche et à saint Martin à droite. Celle de gauche contient des scènes de la vie du Christ et ses panneaux de bois sont ornés sur leur pourtour d’ornementations d’inspiration arabes.
Grande porte de cèdre et détail de la porte de la chapelle St Gilles, dédiée à l’enfance du Christ. Sur cette même porte figure des inscriptions arabes en lettres coufiques qui reprennent des formules pieuses fréquentes dans les décors islamiques : « La souveraineté est à Allah (Dieu) » ou « Dieu le veut ». Ce type d’inscription décorative coufique n’est pas unique : il apparaît dans le Midi toulousain et languedocien, à Moissac (82), à Saint-Pierre-de-Rhèdes (34), à Lavoûte-Chilhac (43) et jusqu’au Nord de la péninsule ibérique.
Après avoir franchi les marches de l’escalier monumental, on accède au porche Ouest. La troisième travée offre la vision de peintures nettement byzantines.
A gauche, trône une Vierge à l’Enfant. De part et d’autre Isaïe et Jean-Baptiste déroulent un parchemin (les prophètes de la préparation de la venue du Christ ; la filiation annoncée selon les Ecritures est symbolisée par le parchemin). AINSI, JESUS EST PLEINEMENT HOMME. Sur les parois figurent les Apôtres Pierre et Paul. Au centre de l’arc nous voyons une représentation du Christ bénissant, dans une gloire soutenue par des anges. Les fonds sont bleu nuit, comme la robe de la Vierge, (couleur du Ciel et de l’éternité) revêtue d’un manteau rouge (couleur de la royauté, de la maternité)
L’escalier aboutit à la porte Dorée (ou d’Orée, comme le commencement). Derrière celle-ci, dix-sept marches conduisent au centre de la nef (le nombril de l’Homme couché, le Christ en croix, mais aussi l’homme en général, soi-même). On arrive entre les deux piliers (devant lesquels ont été placées les statues de Saint-Louis et de Ste Jeanne d’Arc), exactement en face du maître-autel. Ce qui a permis en 1627 à Odo de Gissey d’écrire dans son « Discours historique de la très ancienne dévotion de Notre-Dame du Puy » que les pèlerins entrent par le nombril de l’église (la Porte Dorée ou d’Orée) et en sortent par les deux oreilles (le Porche du For et la porte Saint-Jean). Mais cette affirmation est en dessous de la portée symbolique du lieu. Il faudrait au moins ajouter « après avoir écouté la Parole, et s’être nourri de Dieu par son Eucharistie ». La symbolique est là encore beaucoup plus forte et illustre les conclusions du concile d’Ephèse en 431: Marie est la « Mère de Dieu », et la cathédrale est assimilée au sein maternel de la Vierge Marie. Passant par l’escalier sous le porche, entrant directement dans la nef, devant le transept et le chœur de la cathédrale, débouchant au pied de l’autel (en onyx rose, couleur de la chair, déchirée, avec les nombreuses fissures, mais source de guérison, la couleur or) et de la Croix moderne qui occupe une place centrale, le pèlerin accède au cœur du Mystère Chrétien. Comment ne pas penser à Nicodème demandant à Jésus: » Comment un homme peut-il naître de nouveau s’il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître? » (Jean 3, 1-15) « Jésus répondit : en vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». La croix placée au-dessus de l’autel évoque l’eau de la Vie jaillie de la Rédemption.
Haut de 56 m, le clocher est une construction indépendante de l’église. De plan carré (la Terre), il comprend 7 étages (le chiffre de Dieu) de même dessin, mais chacun d’eux est marqué par un léger retrait. Il est de plus en plus ajouré à mesure que l’on s’élève (on monte vers la lumière, vers l’Église triomphante). Le rez-de-chaussée contient trois tombeaux, ceux de deux chanoines et celui d’un évêque (l’Église souffrante). Entre les deux, il abrite quatre cloches dont un bourdon, et symbolise donc l’appel à la prière et l’accompagnement de Dieu dans les joies, les peines des hommes, et la liturgie des heures (l’Église militante). C’est à sa forme pyramidale et à son coq, symbole de la vigilance républicaine (pour les ignorants…) qu’il doit, paraît-il, de ne pas avoir été démoli sous la Révolution.
Le cloître, de forme rectangulaire, a ses galeries voûtées d’arêtes. Datant du XIIe siècle, il est de style roman, mais a été restauré entre 1850 et 1857 par les architectes Viollet-le-Duc et Mallay.
Nous retrouvons encore ici un exemple de l’origine faussement arabe de l’ornementation en décors de losanges et d’arcs en pierres de couleurs alternées, provenant de l’architecture carolingienne qui précède l’architecture romane.
Le cloître recouvre à la fois une réalité architecturale, matérielle, et un idéal de vie religieuse, de spiritualité chrétienne. Dans le cloître, l’âme est en relation privilégiée avec Dieu. Il préfigure ce carré mystique, fragment de paradis, espace de méditation et de recueillement où l’homme s’élève, par la prière, jusqu’au divin. Le cloître a quatre galeries (la Terre) qui étaient un lieu de lecture et d’enseignement[8].
Ici, on compte 5 arcades au Nord et au Sud, et 10 sur les deux autres côtés, c’est-à-dire que l’on prie plus longtemps pour la destinée des hommes, l’Ouest (le rejet de soi-même, de la chair au sens de ce qui est tentateur et qui empêche de s’élever, opposée à l’esprit, mais la charité pour les autres), et l’Est, (l’Espérance, la lumière divine et l’amour de Dieu).
Les sujets traités sur les chapiteaux sont particulièrement variés, mais il faut surtout regarder la richesse extraordinaire de la corniche (en grande partie remaniée au XIXe siècle) qui court au-dessus des écoinçons mosaïqués, où la verve du Moyen Âge s’est donné libre cours. On y retrouve quelques-uns des 7 péchés capitaux : la gourmandise (une chèvre se gavant de raisins), la colère (un chien mordant la queue d’un démon), la paresse (un moine qui caresse nonchalamment le cou d’un cochon)…
Une admirable grille romane en fer forgé clôt le passage conduisant à la cathédrale. Magnifique ouvrage de ferronnerie, et surtout remarquable par son ancienneté, elle fut réalisée par des compagnons au début du XIIe siècle. Elle se compose de différents panneaux comportant à chaque fois le même motif à base de spirales (l’éternité). L’ensemble, très régulier, est allégé à travers la technique du poinçonnage à chaud des motifs de la grille.
Cette description, qui reste sommaire, se poursuivra au prochain article par l’étude de l’intérieur.
[1] « Ecoute la Pierre », TheBookedition (par Internet),
« Chartres, quintessence de la symbolique », Edilivre (Internet ou librairie),
« Symbolique de l’église Notre-Dame-de-L’Assomption d’Auvers-sur-Oise », Edilivre (Internet ou librairie),
« Symbolique de l’église de Notre-Dame de Lourdes de La Baule », Edilivre (Internet uniquement)
Inspiré de l’encyclopédie en ligne article « cathédrale du Puy-en-Velay », des sites https://www.cathedraledupuy.org/, https://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/lepuyvnd.html, https://structurae.net/fr/ouvrages/cathedrale-notre-dame-le-puy-en-velay/photos, http://humarfra.unblog.fr/2016/01/14/les-fresques-byzantines-de-la-cathedrale-du-puy/
[2] Photographies : S. Brosseau
[3] La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862 (cloître, université, cathédrale) ainsi que par celle de 1889 (bâtiments des mâchicoulis). Elle a été inscrite en 1998 sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (à côté des routes passant par Vézelay, Tours ou Arles), les routes de Beaune-Cluny et Genève y convergent.
[4] Le Cantique des Cantiques (1:5-6) dit : « Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salomon. Ne prenez pas garde à mon teint noir: c’est le soleil qui m’a brûlée. Les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont faite gardienne des vignes. »
[5] En réalité, ces légendes sont formées à partir de la toponymie du rocher qui surplombe l’emplacement du sanctuaire actuel et qui porte le nom de Corneille, dont l’étymologie dérive du dieu gaulois Cernunnos, un cerf, le site étant un ancien lieu de culte de cette divinité.
[6] Il s’agit d’une calligraphie utilisée par les Omeyyades à cette époque en Andalousie. La seule divergence entre les historiens réside dans l’écriture en elle-même : il est écrit “ما شا الله”, mâ shâ Allah, “Ce que Dieu a voulu” ou bien “الملك لله”, Al moulkou li-Llâh, « la royauté est à Dieu ». Parmi les éléments qui pourraient faire pencher la traduction vers « ce que Dieu a voulu », il y a notamment le fait qu’Urbain II, lorsqu’il proclama la Croisade, s’est écrié “Dieu le veut » ; on pourrait donc penser que cette expression inscrite en Arabe immortalisa ainsi la Croisade.
[7] Cette représentation symbolique, appelée le tétramorphe, trouve son origine dans l’Apocalypse « le premier vivant ressemble à un lion, le deuxième à un jeune taureau, la figure du troisième à un homme, le quatrième ressemble à un aigle. » L’homme (parfois ailé) a été affecté à St Matthieu parce qu’il commence son Évangile par une généalogie humaine de Jésus (Mt 1, 1-17), nous rappelant ainsi l’humanité de Jésus. Le lion est attribué à Marc qui commence son Évangile par la prédication de Jean-Baptiste, « la voix qui crie dans le désert » (Mc 1, 3). Le taureau est l’animal sacrificiel par excellence, il est donc attribué à Luc qui commence son Évangile en nous racontant le récit du sacrifice de Zacharie, sacrifice pendant lequel le Seigneur lui apparait pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste. L’aigle est attribué à Jean qui atteint les sommets de la doctrine comme l’aigle atteint les sommets des montagnes et avec ses yeux perçants voit ce que beaucoup ne peuvent voir…
[8] Ces galeries sont l’allégorie du rejet de soi-même (son égo, sa chair quand elle est son propre idéal) (Ouest), du rejet du monde païen (Nord), de l’amour du prochain (le monde d’aujourd’hui qui nous entoure et vers lequel on est envoyé (Sud) et de l’amour de Dieu (de l’Espérance, de la Lumière jaillissante) (Est). Chaque côté a sa rangée de colonnes ; la base de toutes les colonnes est la patience.
Le Nord est le lieu des ténèbres, de l’enfer. De là on va vers la lumière, la résurrection. L’Est est le lieu où le soleil se lève, celui de l’Espérance, de l’adhésion à la foi. En partie supérieure se trouvaient souvent les logements des chanoines ou des moines. C’est par là qu’ils accédaient généralement à l’église. Le Sud est la vie, la résurrection, le Jérusalem céleste. On inhume au Sud pour attendre le « Banquet éternel ». Derrière se trouvait le réfectoire. Comme la galerie Ouest est le rejet de soi, les greniers et réserves y sont accolés pour exercer la charité envers les autres. Autrefois les moines ne pénétraient pas dans le jardin, considéré comme une image du paradis.
*Biographie de Stéphane Brosseau
Ancien directeur du sanctuaire de la cathédrale de Chartres, Stéphane BROSSEAU s’attache à montrer la cohérence des bâtiments cultuels, la profondeur et l’intemporalité des messages que les bâtisseurs nous ont transmis dans leur symbolique (orientations, matériaux, formes, couleurs, nombres etc.).
Il est sociétaire de l’Association des Ecrivains Catholiques de Langue Française, auteur de 24 autres ouvrages (encyclopédie sur les 231 cathédrales françaises, essais, poésie, guides d’Histoire de l’art, romans historiques etc.) aux éditions CoolLibri, Nouveaux Mondes, Economica, TheBookedition et Edilivre ; il est aussi conférencier aux journées du patrimoine ou dans des salons littéraires, et formateur en symbologie.
Saint-Cyrien de formation, historien, musicien, breveté de l’Ecole de guerre, il a présidé, dans le cadre des fonctions qu’il occupait jusqu’à l’été 2018, la commission scientifique d’historiens et musicologues, chargée du recensement des œuvres de musique militaire.
Il intervient sur les médias (Cnews « En quête d’esprit » sur ND de Paris et Chartres, L’Homme Nouveau, France-Catholique, Radio Espérance, L’Écho Républicain, prononce de nombreuses conférences, fréquente les salons littéraires.