La fermeture soudaine et sans précédent de toutes les écoles – publiques et privées – pendant le mois sacré du Ramadan dans les États de Katsina, Kano, Kebbi et Bauchi, suscite une vague d’indignation. Monseigneur Gerald Mamman Musa, évêque de Katsina, a exprimé sa « surprise totale » face à cette décision qui impacte plus de 2 500 élèves des écoles catholiques de son diocèse.
« L’annonce de la fermeture des écoles a été une surprise totale pour nous. C’est sans précédent », a-t-il déclaré, interrogé par l’Aide à l’Église en détresse (AED). Il a souligné que cette mesure prive injustement des centaines de milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation, dans une région où la pauvreté et le chômage sont exacerbés par un accès limité à l’école.
« Nous devons comprendre que l’éducation et les obligations religieuses ne sont pas incompatibles. Elles vont de pair. Cette question devrait être guidée par la logique, le dialogue et la sagesse », a insisté Monseigneur Musa.
L’Association chrétienne du Nigeria (CAN) a également dénoncé cette fermeture, jugeant la décision discriminatoire et menaçant de recourir à la justice si les écoles ne rouvrent pas. Son président, Daniel Okoh, a rappelé que dans des pays musulmans comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les écoles restent ouvertes pendant le Ramadan, avec des ajustements horaires pour respecter les pratiques religieuses.
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La Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) a exprimé sa « profonde inquiétude » dans une lettre publique, affirmant que cette décision « compromet l’éducation et l’avenir de millions d’enfants nigérians ». Citant les rapports des Nations unies, qui estiment à plus de 10 millions le nombre d’enfants non scolarisés au Nigeria, les évêques ont souligné que cette mesure pourrait aggraver une situation déjà alarmante.
Le président de la CBCN, Mgr Lucius Ugorji, et son vice-président, Mgr Donatus Ogun, ont ajouté que cette décision « soulève de sérieuses questions quant à la nature laïque de notre pays et aux droits de tous les citoyens ». Ils ont exhorté les gouverneurs des États concernés à « reconsidérer cette décision et à explorer des alternatives respectueuses des droits et libertés de tous les citoyens ».
Cette controverse met en lumière les tensions religieuses et les défis de la coexistence entre communautés au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, où les lignes confessionnelles restent souvent sensibles.