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« La priorité, c’est les pauvres » : le nouveau président des évêques de France plante le décor

Monseigneur Jean-Marc Aveline  - DR
Monseigneur Jean-Marc Aveline - DR
Le nouvel archevêque président a évoqué les « grands défis de société […] à la lueur de la parabole du bon samaritain »

Depuis Lourdes, à l’issue de son élection à la présidence de la Conférence des évêques de France, le cardinal Jean-Marc Aveline a affirmé : « La priorité, c’est les plus pauvres ». Cette phrase, à la résonance évangélique indiscutable, semble vouloir tout embrasser — les souffrants, les exclus, les migrants, les oubliés. Mais elle pose aussi une question : et les autres ?

À plusieurs reprises au cours de sa conférence de presse du jeudi 3 avril , le nouvel archevêque président a évoqué les « grands défis de société […] à la lueur de la parabole du bon samaritain », précisant que l’Église devait « apporter sa contribution […] pour les plus pauvres, pour les migrants ».

Ce positionnement tranche avec certains évêques qui en coulisse se disent plus proche des positions du cardinal Sarah et s’éloignent de cette vision purement sociétale de la mission de l’Eglise :

« Le Christ n’a pas dit qu’il fallait sauver la société de la pauvreté ou se libérer de la mauvaise politique.
Le Christ est venu pour proclamer l’Évangile et convertir tous ceux qui écoutent sa parole et reçoivent le baptême. Ceux qui refusent le baptême ne pourront pas entrer dans le Royaume des cieux.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de problèmes horizontaux et sociaux, du changement climatique, de l’écologie, des migrants, de la guerre… Mais la guerre ne prendra jamais fin si l’on ne se tourne pas vers Dieu. Car Dieu est notre paix, comme l’a dit saint Paul. Sans le Christ, il n’y a pas de paix. C’est pourquoi tournons-nous vers Jésus-Christ.« ( cardinal Sarah, 3 avril 2025).

De son coté, Monseigneur Aveline que « Beaucoup de jeunes viennent frapper à la porte de l’Église ». Il rappelle que « l’Église est minoritaire » et que son rôle reste modeste.Mais quelle Église leur ouvre-t-on ? Une Église qui parle de fraternité sans rappeler la vérité du Christ ? Une Église qui dialogue avec toutes les religions, mais oublie de transmettre son propre trésor doctrinal ?

L’archevêque de Marseille, très engagé dans le dialogue interreligieux à travers l’instance Marseille Espérance, se veut confiant : « Il y a ce désir du dialogue, plus fort que les possibilités. Ça viendra. » Soit. Mais ce « désir » ne saurait suffire à combler l’oubli de la mission.

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Ce discours, aux accents très proches des thématiques politiques de certains partis de gauche, ne doit pas faire oublier la mission première de l’Église : annoncer le salut, transmettre la foi, convertir les cœurs. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Il ne s’agit pas d’aligner l’Église sur des priorités purement temporelles, mais de rappeler que toute action sociale ne trouve son sens que dans la lumière du Christ. Le langage du monde ne doit jamais étouffer la parole de l’Évangile.

Quant à l’enseignement catholique, objet de toutes les attentions après les récents scandales, Mgr Aveline reconnaît qu’« il y a beaucoup de travail à faire ». Et d’ajouter : « Mon sentiment, c’est que cette question à laquelle on est confrontés avec Notre-Dame de Bétharram et d’autres, nous révèle qu’il y a des choses à faire évoluer du point de vue des structures, du lien entre l’enseignement catholique et les Églises. »

Oui, il faut écouter les pauvres, et marcher à leur rythme. Mais encore faut-il savoir de quelle pauvreté on parle.Car la pauvreté ne se limite pas à la misère matérielle. Elle peut être aussi morale, intellectuelle, spirituelle. Elle peut se nicher dans une société riche, confortable, mais sans espérance. Dans une génération qui cherche le sens mais à qui on n’ose plus parler du salut.

Et parmi toutes ces pauvretés, il en est une, plus grave que les autres, car elle tue à la racine : la pauvreté du cœur. Celle qui ne sait plus aimer, ni adorer. Celle qui ne prie plus, qui n’espère plus. Celle qui ne voit plus en l’autre un frère à sauver, mais un objet à gérer. Alors oui, la priorité, ce sont les pauvres mais également toutes les formes de pauvreté.

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