Alors que la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale s’apprête à examiner deux propositions de loi sur l’« aide à mourir » et les soins palliatifs, de plus en plus de voix alertent sur un basculement éthique aux conséquences dramatiques.
La France est à la croisée des chemins. Le gouvernement, en fractionnant le projet initial en deux textes – l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur l’« aide à mourir » – tente de faire passer une réforme anthropologique majeure sous couvert de réforme équilibrée. Mais derrière l’apparente prudence législative se profile une légalisation déguisée de l’euthanasie, en rupture avec l’héritage humaniste et chrétien de notre civilisation.
Ce mardi, la commission des affaires sociales entame l’examen de ces textes. Portés respectivement par la députée macroniste Annie Vidal et par le député apparenté MoDem Olivier Falorni – militant bien connu de la « dernière liberté » – les deux projets cumulent plus de 1600 amendements. C’est dire à quel point la bataille parlementaire est vive.
Mais une intervention, en particulier, a marqué les esprits ces derniers jours dans les murs mêmes de l’Assemblée nationale : celle de Véronique Bourgninaud, professeur de droit privé et de sciences criminelles, auditionnée le 3 avril dernier dans le cadre des débats préparatoires.
Fille d’un grand tétraplégique et mère de deux enfants en situation de handicap, elle a alerté sur les dangers que représenterait la légalisation de l’euthanasie pour les personnes vulnérables. Elle a souligné que « le cri du ‘je veux mourir’ est avant toute chose un cri de détresse, un appel à l’aide », insistant sur le fait que « l’euthanasie n’est pas un soin » et appelant à privilégier une « aide à vivre » plutôt qu’une « aide à mourir ».
Dans une vidéo saisissante de vérité et d’émotion , largement relayée sur les réseaux sociaux, cette universitaire a dénoncé avec force le projet de légalisation de l’euthanasie comme une atteinte grave au principe d’interdit de tuer, pilier fondateur de notre droit.
« Légaliser l’aide active à mourir, c’est faire basculer le droit dans une logique utilitariste où certaines vies deviennent dispensables », a-t-elle affirmé, évoquant le risque de fragiliser les plus vulnérables, notamment les personnes âgées, handicapées ou souffrant de solitude.
Elle a également rappelé que le droit pénal, même dans sa rigueur, protège la vie humaine jusqu’au bout, et que rompre avec ce principe ouvrirait une brèche juridique dangereuse :
« Ce que l’on propose, ce n’est pas une évolution du droit, mais une transgression. Ce n’est pas un progrès, mais un abandon. »
Ses mots ont résonné comme une alerte solennelle, portée non pas par la foi seule, mais par la raison juridique. En appelant à refuser la légalisation de l’euthanasie, Véronique Bourgninaud s’est faite la voix de nombreux juristes, médecins, soignants et familles qui refusent de voir basculer la France dans une culture de mort.
Le découplage entre soins palliatifs et « aide à mourir » entretient un faux choix : souffrir ou mourir. Or, la seule voie humaine et éthique est celle de l’accompagnement, qui reconnaît la dignité de chaque personne jusqu’à son dernier souffle. L’Église catholique le rappelle inlassablement : toute vie humaine, même blessée, reste digne d’être vécue. Le pape François a lui-même averti : « La solution à la souffrance n’est jamais de donner la mort. »
Les expériences étrangères (Belgique, Pays-Bas, Canada) montrent que les lois sur l’euthanasie, une fois adoptées, glissent rapidement vers des dérives incontrôlables : euthanasie de personnes dépressives, de mineurs, voire sans consentement explicite. Ce que certains présentent comme un droit individuel devient en réalité une pression collective pour les plus faibles.
Alors que ce projet entre dans une phase décisive, les catholiques sont appelés à veiller, prier et agir. Il ne s’agit pas seulement de défendre une doctrine religieuse, mais de résister à une société qui se détourne de l’homme souffrant au lieu de le porter.La France est aujourd’hui confrontée à une question essentielle : choisira-t-elle encore de protéger la vie ou glissera-t-elle dans une culture du tri et de l’élimination des plus vulnérables ?