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La Semaine de la Passion : ultime étape vers la Croix

Détail de La Passion (du Christ chez) Delacroix - DR
Détail de La Passion (du Christ chez) Delacroix - DR
Commencée ce dimanche 6 avril 2025, la Semaine de la Passion marque la cinquième et dernière semaine du Carême. Elle précède immédiatement la Semaine sainte et introduit les fidèles dans la contemplation du mystère de la Croix.

Avant d’entrer dans la solennité du Triduum pascal, l’Église propose une semaine liturgique de grande intensité spirituelle : la Semaine de la Passion. Si cette dénomination est tombée en désuétude dans certains pays, elle conserve sa force symbolique et théologique dans la tradition de l’Église. Elle commence le cinquième dimanche de Carême, également appelé Dimanche de la Passion, et s’achève le samedi précédant le Dimanche des Rameaux.

La Semaine de la Passion ne rivalise pas en importance liturgique avec la Semaine sainte, dont le sommet est constitué par le Triduum pascal. Elle doit plutôt être comprise comme une préparation ultime, une sorte de « retraite dans la retraite », pour mieux entrer dans le cœur du mystère chrétien : la mort et la résurrection du Christ.

Cette semaine offre aux fidèles l’opportunité de recentrer leur regard sur la Croix et sur le Christ souffrant, non pas comme un simple martyr, mais comme le Fils glorifié, Celui qui révèle sa divinité dans l’offrande totale de sa vie. Comme l’a rappelé José Gálvez Krüger, directeur de l’Encyclopédie catholique, « ce n’est pas n’importe quel souffrant : c’est Celui qui a manifesté sa gloire sur le Thabor ».

Tout au long de cette semaine, la Liturgie de la Parole prend une tournure plus dramatique. L’Évangile selon saint Jean est lu de manière continue, retraçant les derniers jours du Seigneur, ses discours, ses confrontations avec les chefs religieux, et l’intensité de son union avec le Père.

Les lectures quotidiennes sont profondément christocentriques et marquées par une montée en tension :

  • Dimanche de la Passion : La femme adultère (Jean 8, 1-11)
  • Lundi de la Passion : Jésus, lumière du monde (Jean 8, 12-20)
  • Mardi de la Passion : « Je m’en vais, et vous me chercherez » (Jean 8, 21-30)
  • Mercredi de la Passion : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8, 31-42)
  • Jeudi de la Passion : Tentative de lapidation de Jésus (Jean 8, 51-59)
  • Vendredi des Douleurs : Jésus se déclare Fils de Dieu, on tente à nouveau de le tuer (Jean 10, 31-42)
  • Samedi de la Passion : Le Sanhédrin décide de mettre Jésus à mort (Jean 11, 45-56)

Ces passages préparent progressivement les fidèles à accueillir les grandes liturgies du Jeudi saint et du Vendredi saint. La Semaine de la Passion est donc orientée vers le mystère pascal qu’elle annonce et éclaire.

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D’un point de vue liturgique, l’usage de nommer cette semaine « Semaine de la Passion » ne fait pas partie des appellations universelles du Missel romain actuel, mais elle s’enracine dans la tradition de l’Église. Dans l’ancien calendrier liturgique, le Carême était structuré de manière plus marquée en deux phases : une première de pénitence, et une seconde, à partir du Dimanche de la Passion, centrée sur la contemplation du Christ souffrant.

Dans une perspective pastorale, remettre en valeur cette semaine peut être d’un grand secours. Elle permet à ceux qui auraient perdu le rythme du Carême de se recentrer, et à ceux qui ont persévéré de vivre plus intensément les derniers jours du Christ avant sa Passion.

La piété populaire a, elle aussi, développé des formes spécifiques pour sanctifier cette semaine. L’Encyclopédie catholique a mis en valeur l’œuvre du prêtre mexicain Luis Manrique, qui proposait déjà en 1858 un « Devocionnaire de la Semaine de la Passion », contenant des prières et méditations pour chaque jour de cette semaine. Ce type de dévotion visait à honorer chaque souffrance du Christ séparément, pour les méditer, réparer et consoler le Cœur du Sauveur.

À l’heure où l’agitation du monde nous détourne sans cesse de l’essentiel, la Semaine de la Passion nous invite à ralentir, à contempler et à aimer Celui qui a souffert pour nous. C’est une porte étroite, mais lumineuse, qui nous conduit vers la joie pascale.

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