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Saint Gautier

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Moine humble, abbé malgré lui, fuyant les honneurs mais fidèle jusqu’à l’obéissance au Pape, saint Gautier de Pontoise incarne le paradoxe d’une sainteté cachée, entre fuite du monde et service d’Église.

Abbé de Saint-Martin de Pontoise (+ 1099)

Moine humble, abbé malgré lui, fuyant les honneurs mais fidèle jusqu’à l’obéissance au Pape, saint Gautier de Pontoise incarne le paradoxe d’une sainteté cachée, entre fuite du monde et service d’Église. Mort en 1099, il reste un modèle pour ceux qui cherchent Dieu dans le silence et la fidélité

Il voulait la solitude, mais Dieu le voulait pasteur. Né vers 1030 en Picardie, à Andainville dans la Somme, Gautier entra jeune à l’abbaye bénédictine de Rebais, dans la Brie champenoise. Son cœur, déjà tourné vers l’Évangile, se révéla dans un geste aussi audacieux que lumineux : encore novice, il libéra un pauvre homme emprisonné à tort dans les geôles de l’abbaye. À l’abbé qui s’en indignait, il répondit simplement : « Donne à qui te demande. » Toute sa vie, saint Gautier restera fidèle à cette logique évangélique.

En 1069, par décision royale, il est nommé abbé de l’abbaye Saint-Germain de Pontoise, bientôt renommée Saint-Martin. Il y implanta une nouvelle communauté hors les murs de la ville, près d’une ancienne voie entre Paris et la Normandie. Sous son impulsion, l’abbaye s’agrandit, s’enrichit de dons, gagne en influence. Pourtant, au fond de lui, Gautier rêve d’une autre vie : celle du silence, du retrait, de l’abandon total à Dieu.

À plusieurs reprises, il tente de fuir cette charge : il se cache un temps à Cluny, au milieu de neuf cents moines, puis dans un îlot isolé de la Loire, près de Tours. Chaque fois, reconnu par un pèlerin ou un frère, il est ramené de force à son monastère de Pontoise. Désemparé, il entreprend un long voyage jusqu’à Rome pour supplier le pape de le libérer de sa fonction.

Mais saint Grégoire VII, homme de réforme et de fermeté, reconnaît en Gautier un pasteur selon le cœur de Dieu. Il bénit l’abbé fugitif… et lui ordonne de retourner à Pontoise, lui interdisant désormais de quitter son poste. Gautier obéit. Il revient à sa communauté et l’accompagne jusqu’à sa mort, le 8 avril 1099, aimé et respecté de tous.

Canonisé en 1153, saint Gautier est fêté le 4 mai dans les diocèses d’Île-de-France, et parfois au 9 avril selon certains calendriers. Sa vie, faite de fidélité humble et d’obéissance coûteuse, reste d’une grande actualité. À l’heure où le service de l’Église peut être lourd et parfois ingrat, Gautier rappelle que la sainteté ne se mesure ni à la réussite humaine ni à l’éclat extérieur, mais à la docilité à la volonté de Dieu.

Dans une époque marquée par l’instabilité et la recherche de pouvoir, saint Gautier montre un autre chemin : celui du service discret, du dépouillement intérieur, de la fidélité silencieuse. Lui qui voulait « la dernière place », selon l’Évangile, a reçu en héritage une place dans le chœur des saints. Et son nom résonne encore aujourd’hui, à Andainville comme à Pontoise, comme celui d’un humble abbé qui a su rester fidèle jusqu’au bout.

Avec nominis

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