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« Je n’ai plus peur de la mort » : le témoignage bouleversant d’un prêtre nigérian sauvé par la Vierge du Perpétuel Secours

Le père Isaac Agabi - DR
Le père Isaac Agabi - DR
« Pendant toute ma captivité, je n’ai cessé d’invoquer le secours de la Mère du Perpétuel Secours »

Enlevé en pleine journée par des ravisseurs armés, le père Isaac Agabi a survécu à une captivité brutale dans la brousse nigériane. Cinq ans après les faits, il témoigne de sa foi intacte et de la protection de la Vierge Marie, qui lui a permis de s’échapper avec un séminariste. « Je suis dévoué à Notre-Dame du Perpétuel Secours ».

C’est avec ces mots simples mais puissants que le père Isaac Agabi, prêtre du diocèse d’Auchi au Nigeria, explique sa survie miraculeuse après avoir été kidnappé le 7 juin 2020. Ce jour-là, alors qu’il se déplaçait dans l’État d’Edo avec un séminariste, Justice Chidi Mbonu, le véhicule des deux hommes est attaqué par des bergers peuls armés. Ils seront battus, traînés au sol, dépouillés… mais non tués.

« Ils m’ont tiré hors de la voiture et ont commencé à me frapper immédiatement. En une minute, j’étais devenu une loque », raconte le prêtre. Désigné comme ennemi par ses ravisseurs, il est accusé à tort d’avoir « tué leur peuple » et menacé d’exécution. La rançon exigée est colossale : 100 millions de nairas (environ 65 000 dollars). Contacté, l’évêque Gabriel Ghiakhomo Dunia refuse de céder : « L’Église n’a pas cet argent ». Ce refus met les agresseurs en rage.Malgré les coups et les menaces de mort, le père Agabi garde son chapelet. Il prie. « Pendant toute ma captivité, je n’ai cessé d’invoquer le secours de la Mère du Perpétuel Secours », confie-t-il à l’agence ACI Afrique.

Le tournant survient la nuit du 9 juin. Deux ravisseurs s’absentent pour aller chercher de la nourriture, mais ne reviennent jamais. Dans la confusion, « certains ont commencé à s’endormir. C’était notre chance », se souvient le prêtre. Avec le séminariste Justice, il s’échappe et court des heures dans l’obscurité totale jusqu’à retrouver la liberté.

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Cinq ans après, le souvenir est toujours douloureux. « Depuis, je ne suis plus le même. Si je croise un Peul ou si je roule sur une route isolée, la peur m’envahit », confie-t-il. L’Église ne lui a pas proposé de soutien psychologique. « Personne ne m’a jamais appelé pour me demander comment je vais ou si j’ai besoin d’aide. Je vis avec le traumatisme. »

Mais loin de sombrer, le père Agabi a tiré une force nouvelle de cette épreuve : « Je n’ai plus peur de rien. Je n’ai pas peur de la mort ». Il ajoute : « Même si quelqu’un me pointait une arme aujourd’hui, je ne le suivrais pas. »

« Sans Dieu, je ne serais plus là »

Prêtre depuis 15 ans, il appelle désormais l’Église nigériane à former les séminaristes à la gestion des crises :

« Nous ne prions pas pour vivre de telles choses, mais si elles arrivent, il faut savoir réagir. »

À ses confrères menacés ou en détresse, il adresse un message d’espérance : « Ne vous découragez pas. Regardez vers Dieu, le même Dieu qui m’a sauvé. » Et de conclure avec foi : « Ces hommes ont eu toutes les occasions de me tuer, mais Dieu ne l’a pas permis. Cela signifie que ma mission n’est pas terminée. C’est une seconde chance pour mieux Le servir. »

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