Dans une France où la foi chrétienne est en recul, l’Église catholique bâtit. À Rennes, Toulouse, Clichy-sous-Bois, Chelles ou Montigny-Voisins-le-Bretonneux, de nouvelles églises voient le jour. Des édifices visibles, enracinés dans leur territoire, porteurs d’un message clair : la foi est vivante, et l’Église, loin de reculer, va à la rencontre des hommes.
À Rennes, le père Gaël de Bouteiller en témoigne : « Nous souhaitons donner une âme à ce quartier et manifester une présence chrétienne, un visage de l’Église vivant et ouvert. » L’église Bienheureux-Marcel-Callo s’élève au cœur d’un quartier densifié, pour incarner la foi et servir de point d’ancrage à une communauté en devenir.À Clichy-sous-Bois, l’église Saint-Jean-XXIII, édifiée en remplacement d’une chapelle sacrifiée au passage du tramway, a été consacrée il y a un an et demi. Elle rassemble désormais une communauté unie, avec un pôle spirituel diocésain et le renouveau du pèlerinage marial à Notre-Dame-des-Anges.
Même élan à Chelles, deuxième ville de Seine-et-Marne, où l’église Sainte-Bathilde s’élève à proximité de l’ancienne abbaye royale fondée par la reine mérovingienne. Le lien entre mémoire chrétienne et enracinement dans le présent est manifeste.À Montigny-Voisins-le-Bretonneux, Mgr Luc Crepy a célébré la première messe dans l’église Saint-Joseph-le-Bienveillant, fruit de vingt ans de réflexion pastorale. « C’est le défi de l’espérance : les chrétiens d’aujourd’hui pensent à ceux de demain », souligne Alice Fabre, directrice des Chantiers du Cardinal.
Dans le diocèse de Nanterre, les ambitions de Monseigneur Rougé sont tout aussi élevées. Pas moins de cinq nouvelles églises sont prévues pour les années à venir, signe d’un effort pastoral et d’une volonté d’implantation missionnaire forte dans un territoire en pleine mutation.
Comme dans les années 1930, où les Chantiers du Cardinal furent lancés pour répondre à l’urbanisation rapide de la région parisienne, l’Église construit là où croît la population. À Borderouge, quartier en expansion de Toulouse, le père Norbert Mwishabongo insiste : « Cette population a besoin d’un lieu pour déposer ses joies, ses peines, ses défis. »
Ces projets ne se limitent pas au culte : ils incluent salles paroissiales, logements, patronages, espaces de convivialité, pour que l’Église soit une maison pour tous. Les paroissiens y sont invités à participer pleinement. À Toulouse, la forme circulaire de l’église Saint-Sauveur a été voulue « pour favoriser la participation, la chaleur humaine et la générosité.«
Bâtir une église est un acte rare et exigeant. Les coûts sont élevés ,plusieurs millions d’euros , et les financements entièrement privés. Mais la générosité des fidèles répond présent, signe que les catholiques croient encore en l’avenir de leur Église. Sur le site Des racines vers le ciel, le diocèse de Meaux rend compte de chaque don, et invite chacun à devenir bâtisseur.
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À ceux qui parlent d’une Église en déclin, ces projets veulent opposer un témoignage lumineux de croissance et d’audace pastorale. Jean-Pierre Gaspard, des Chantiers du Cardinal, le résume ainsi : « Il ne s’agit pas d’un remplacement à l’identique, mais d’un acte pastoral volontaire : un pour trois. »
L’architecture de ces nouvelles églises reflète une recherche d’élévation. Du style gothique néoclassique de Saint-Colomban au sanctuaire de bois et de verre de Saint-Jean-XXIII, en passant par la tente pèlerine de Saint-Joseph-le-Bienveillant, chaque église incarne une vision spirituelle, enracinée dans le réel.À Clichy-sous-Bois, « c’est un refuge accueillant, ouvert aux hommes et aux femmes de passage, qui laisse entrer la lumière naturelle ». À Rennes, le thème de l’eau,mémoire du passé et symbole du baptême, irrigue le projet.
« Il y a déjà quelques demandes de baptême d’adultes et de mariage », confie le père Gaël, à Rennes. L’Esprit Saint agit. Ces églises nouvelles ne sont pas des coquilles vides : elles deviennent lieux de conversion, de fraternité et de charité.Dans ces banlieues souvent décriées, Véronique Tête, responsable communication des Chantiers du Cardinal, voit autre chose : « Des lieux de vitalité de la foi catholique, touchants de fraternité et véritables foyers de charité. »
Bâtir une nouvelle église reste un geste rare dans la vie d’un évêque, d’un architecte, d’un artisan, d’un donateur. Chacun assume sa charge dans la mission et tous portent haut et fort l’Église catholique en France. La joie des paroissiens, celle des enfants des patronages, celle des prêtres, celle des catéchumènes toujours plus nombreux rayonne déjà. Tout cela est porteur d’espoir. Voir s’élever de nouvelles églises dans notre pays, dans des quartiers en pleine mutation, est un signe fort de renouveau et de dynamisme pastoral. Mais cet élan ne doit pas faire oublier deux exigences fondamentales.
La première est celle de la sacralité des églises : ces lieux ne sont pas des salles polyvalentes, mais des maisons de Dieu, destinées en premier lieu à la prière, à l’adoration, à la célébration des sacrements. Il convient de rester vigilant sur la nature des activités qui y sont autorisées, afin de ne pas banaliser leur vocation première.La seconde est l’attention à porter aux églises existantes, nombreuses, parfois anciennes, souvent fragilisées. Le soin apporté aux nouvelles constructions ne saurait se faire au détriment de l’entretien patrimonial et cultuel des édifices déjà en place, qui continuent d’abriter la foi vivante de communautés fidèles.
Bâtir pour demain, oui. Mais sans jamais oublier l’héritage d’hier, ni le mystère que chaque église, grande ou petite, est appelée à manifester : la Présence Réelle de Dieu au milieu des hommes.
Source Eglise catholique
