Le message de Pâques prononcé par le roi Charles III ce Jeudi saint a provoqué un certain malaise parmi les fidèles de l’Église anglicane et au-delà. Alors même qu’il s’exprimait en sa qualité de gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre et de « Défenseur de la foi », le souverain britannique a choisi d’embrasser un discours où le christianisme semble mis sur le même plan que d’autres religions, au risque de brouiller les repères.
Dans son allocution, le roi a évoqué la tension entre la cruauté et la bonté humaine, affirmant que « le monde a toujours besoin de foi, d’espérance et d’amour ». Il a rappelé que « l’un des mystères de notre humanité est que nous sommes capables à la fois d’une grande cruauté et d’une grande bonté », et a salué le courage de nombreux humanitaires rencontrés récemment.Mais c’est surtout cette déclaration qui a fait réagir :
« L’amour qu’Il [Jésus] a manifesté durant sa vie terrestre reflétait l’éthique juive du soin porté à l’étranger et aux nécessiteux, un instinct profondément humain que l’on retrouve dans l’islam et d’autres traditions religieuses, ainsi que dans le cœur de tous ceux qui cherchent le bien des autres. »
Cette déclaration est apparue à beaucoup comme un syncrétisme religieux, où l’on gomme les différences entre la Révélation chrétienne et d’autres traditions pour privilégier un message humanitaire consensuel. Le roi a pourtant évoqué l’acte central du Jeudi saint, « Jésus s’est agenouillé et a lavé les pieds de ceux-là mêmes qui allaient l’abandonner. Son geste d’humilité était un signe de son amour sans bornes ni frontières, et il est au cœur de la foi chrétienne », mais cette référence a semblé noyée dans un discours plus large où la foi chrétienne perd de sa spécificité.
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Le Dr Gavin Ashenden, ancien aumônier de la reine Élisabeth II, n’a pas caché sa désapprobation. Il a qualifié ce message de « disrespectueux », estimant qu’il « cause plus de problèmes qu’il n’en résout ». Et d’ajouter : « Le roi doit à ses sujets chrétiens plus que d’entrer dans cette fiction. » Les réactions critiques ont également fusé sur les réseaux sociaux. Un utilisateur s’interroge : « Est-ce une blague ? » Un autre écrit : « N’est-il pas le chef de l’Église d’Angleterre ? Quand c’est l’anniversaire de mon fils, je ne souhaite pas l’anniversaire de ma fille aussi. Que Pâques reste Pâques. »
Ce n’est pas la première fois que le roi suscite la controverse sur ces sujets. Son message de Noël 2024 avait déjà laissé entendre que toutes les religions partageaient les mêmes valeurs fondamentales, provoquant la même gêne dans les milieux chrétiens.Il est permis de s’interroger : en multipliant les références aux autres traditions religieuses dans un message pascal censé célébrer la Résurrection du Christ, le roi Charles ne contribue-t-il pas, même involontairement, à l’effacement progressif de la foi qu’il est pourtant censé défendre ? À vouloir plaire à tous, ne finit-on pas par ne plus affirmer grand-chose ?
Dans un monde en quête de repères, la clarté de la foi devrait être un appui. La mission du « Défenseur de la foi » n’est-elle pas, précisément, de proclamer la singularité du Christ ressuscité ?