Dans les médias, et bien au-delà, les rédactions ont déjà pris parti : certains cardinaux sont devenus les chouchous des journalistes, encensés sans réserve ; d’autres sont « exco-médiatisés », moqués et discrédités. À l’approche du conclave, l’analyse sérieuse sur l’avenir de l’Église disparaît au profit de caricatures partisanes.
À peine le Sede Vacante commencé, le ton est donné : dans la presse italienne comme ailleurs, l’attention ne porte plus sur les enjeux de foi ou de doctrine, mais sur des querelles d’image.Les cardinaux jugés proches de la tradition ,Müller, Burke, Sarah sont pris pour cible, ridiculisés ou ignorés. Leur fidélité doctrinale est caricaturée comme un attachement stérile au passé.Dans ce jeu médiatique, la moindre occasion est saisie pour se moquer : le cardinal Raymond Leo Burke est ainsi constamment tourné en dérision pour ses vêtements liturgiques traditionnels,une croix d’or ou un manteau, pourtant signe de la dignité cardinalice,tandis que l’on passe sous silence ses interventions sur la défense de la foi catholique et de la liturgie sacrée.
À l’inverse, le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, bénéficie d’une couverture élogieuse et systématique. Même son silence est loué.Le soutien public inattendu de la députée italienne Boldrini /« Zuppi pape, nous aimons ! », en dit long sur la manière dont certains médias cherchent à orienter l’opinion.
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Le cas du cardinal Luis Antonio Tagle est encore plus révélateur : connu pour ses prestations chantées et dansantes, parfois dans des églises, il est présenté comme un « communicateur moderne », proche des pauvres. Peu importe que sa théologie reste floue et que ses prises de parole publiques soient souvent superficielles.
Quant aux gestes discutables du cardinal Cupich, comme bénir un dragon lors d’un événement public, ou aux déclarations légères de Jean-Claude Hollerich sur l’importance de regarder Netflix, ils ne suscitent aucune critique notable.Ainsi, dans cette atmosphère, le style et l’image l’emportent sur la fidélité à l’Évangile.
Le souci de plaire aux médias remplace la mission de témoigner de la vérité, au risque de déformer le véritable rôle d’un cardinal : être un « témoin de la foi jusqu’au sang ».
Même lorsque le cardinal Müller tente de poser des questions sérieuses sur la doctrine du mariage, sur le relativisme religieux ou sur le Synode, ses interventions sont balayées d’un revers de main, réduites à de vieilles « jérémiades conservatrices ».
En France, c’est le journal La Croix, wokiste et catholique, qui s’occupe avec zèle de distribuer les bons et les mauvais points aux cardinaux. Leur traitement médiatique varie en fonction de l’éloignement plus ou moins grand de ces derniers par rapport à l’idéologie progressiste de la rédaction dudit média « catholique ». Ainsi, la fidélité au magistère est systématiquement dévalorisée, tandis que les positions en rupture avec la tradition sont applaudies comme des signes d’« ouverture » ou de « modernité ».
Cette dérive médiatique est d’autant plus grave que l’instruction Universi Dominici Gregis — qui règle le déroulement du conclave,interdit toute pression extérieure sur l’élection du pape.Or, en orchestrant louanges et moqueries, en plaçant certains cardinaux sous les projecteurs et d’autres sous le ridicule, certains médias violent ouvertement l’esprit de cette règle essentielle.
Dans ce contexte, le véritable danger est que l’élection du prochain pontife ne soit pas guidée par la recherche de la fidélité au Christ, mais par une quête de conformité aux attentes médiatiques et mondaines.