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Quand la géopolitique s’invite aux funérailles du Pape

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Prend-on un lieu sacré par excellence pour un vulgaire café du commerce pour parler politique et refaire le monde ?

Par Anne-Marie Michel

On se croirait au Jardin du Luxembourg avec ses chaises métalliques qui invitent à la causerie entre amis. Sauf que l’on est dans la nef de la Basilique Saint Pierre à Rome, flanquée de deux caqueteuses isolées. Deux personnages semblent y discuter intensément et intimement. Donald Trump et Volodymyr Zelensky font leur disputatio sous le Siège de Pierre, en marge des funérailles du Pape.

Prend-on un lieu sacré par excellence pour un vulgaire café du commerce pour parler politique et refaire le monde ? Cette photo, qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours, atteste-t-elle de l’achèvement définitif de la sécularisation de l’Église ? Laisse-t-on la désinvolture politique donner le la à l’irrespect d’un lieu sacré ? Serait-on à deux doigts de faire salon sur la cathèdre ? À moins qu’il ne faille voir un clin d’œil providentiel : l’Église refuge pour toutes les misères humaines, notamment celle de la guerre. L’Église catholique, bel et bien universelle, fondée par le Prince de la Paix auprès duquel tendent presqu’inconsciemment les hommes de tout bord en proie aux multiples conflits ?

Viendrait-on désormais des plus hautes instances des nations vers la Chaire de Saint Pierre au-dessus de laquelle rayonne puissamment la Colombe de l’Esprit Saint, pour trouver l’inspiration nécessaire pour faire advenir la Paix ? L’Église accueille-t-elle de la sorte les périphéries politiques en proie aux atermoiements d’un désir de paix difficile à concrétiser ? À moins que l’Église ne soit devenue la périphérie d’un monde politique surpuissant qui vient faire son marché aux soutiens de guerre à l’occasion de la mort du pape.

 Laissons le Seigneur sonder les cœurs et les reins et laissons monter vers Lui les prières sincères des humbles fidèles pour que règne enfin la Paix. « Amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux », a dit Jésus en Matthieu 18, 19.

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Laissons aux funérailles d’un Souverain Pontife leur pouvoir évangélisateur, car « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu. » (Lc 18, 27) Cette rencontre reste symboliquement porteuse d’espoir. Volodymyr Zelensky espère que cette « bonne réunion […] pourrait devenir historique si des résultats communs sont atteints ».

Il n’empêche que dans la vie des hommes, la nécessaire séparation entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel reste ténue. La géopolitique mondiale s’invite au pied de la Pietà de Michel-Ange et l’État-confetti du Vatican a une diplomatie mondiale, depuis bien longtemps. D’ailleurs bien des instances internationales sont des singeries jalouses du pouvoir et de la portée universelles de la bien nommée Église catholique.

Et le monde, au regard résolument horizontal, ne cesse de considérer le Conclave à venir comme un repaire de politicards faisant campagne à gauche ou à droite. Les médias catholiques, certes les premiers concernés par l’événement, ne cessent de palabrer à grand renfort de pronostics. C’est pénible. « Dans l’Église, il n’y a pas ce calme que je désire », a dit la Vierge Marie à Estelle Faguette à Pellevoisin. Les cardinaux sont censés se taire, mais on les harcèle de nos questions journalistiques, on guette les fuites, restant à l’affût d’un scoop pour remplir nos unes. Sempiternelle cyclothymie de l’homme.

Ne transformons pas la maison de Notre Père en caverne de sépulcres blanchis. Certes, Benoît XVI a vu des « loups dans la bergerie » et nous sommes inquiets. Certes Saint Paul VI a vu « les fumées de Satan » entrer dans l’Église. Mais plus qu’elle encore, l’Esprit Saint est « expert en humanité » : il a maintenu la Sainte Église de Notre Seigneur depuis des siècles et « les portes de l’enfer ne prévaudront point contre Elle. » (Mt 16, 18)

« Tu as bien le caractère du Français. Il veut tout savoir avant d’apprendre, et tout comprendre avant de savoir », a ajouté la Vierge Marie à Pellevoisin. Laissons tomber nos pronostics, l’Esprit saura les déjouer. Laissons tomber nos inquiétudes, le Seigneur sera avec nous jusqu’à la fin des temps. Puissent les fidèles catholiques entrer résolument en conclave le 7 mai eux aussi, en union avec les cardinaux. Prions pour que la Volonté du Seigneur se manifeste dans l’élection et gardons un esprit vigilant, humble et obéissant.

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