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Conclave : L’avenir de l’Église livré au relativisme ?

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Derrière les appels à la continuité, se profilent les dangers d’une synodalité relativiste qui fragilise la doctrine, ébranle la hiérarchie sacrée et divise l’unité catholique

Alors que s’ouvrira ce mercredi 7 mai le conclave appelé à désigner le successeur du pape François, les interrogations se font de plus en plus pressantes : quel avenir pour l’Église ? Et surtout, sur quel socle reposera-t-elle ? Pour de nombreux catholiques, la réponse dépend largement de la position que prendra le prochain pape à l’égard du processus synodal,une dynamique jugée destructrice par un nombre croissant d’observateurs.

Le mot « synodalité » est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Présenté comme une avancée, un retour aux sources, voire une ouverture à l’Esprit Saint, il cache pourtant, selon plusieurs voix autorisées, un bouleversement profond et inquiétant de la structure même de l’Église. Le cardinal Zen l’a dit sans détour : « Arrêtez le Synode ! »

Derrière une façade de participation et de dialogue, le processus synodal a déjà commencé à transformer l’Église catholique en un organisme décentralisé, dominé par des logiques sociologiques, des assemblées floues, et une démocratie d’inspiration libérale. L’autorité doctrinale du pape et des évêques est affaiblie, la voix des fidèles s’organise en groupes de pression, et la vérité révélée devient l’objet de débats interminables.

Ce qui inquiète profondément, c’est que cette transformation ne s’est pas opérée par des actes magistériels explicites, mais par une série de gestes ambigus, de silences éloquents, de nominations orientées et d’exhortations souvent floues. C’est ainsi qu’une nouvelle manière d’être Église s’est imposée : non plus verticale et enseignante, mais horizontale et consultative. Un modèle inspiré davantage du protestantisme que de la Tradition catholique.

Certes, il serait naïf de croire que le conclave pourra immédiatement corriger le cours pris ces dernières années. Le processus est lancé, et son inertie institutionnelle est forte. Mais les électeurs ont le pouvoir – et le devoir – de désigner un pasteur capable de freiner cette dérive, de restaurer la clarté doctrinale et de rappeler que l’Église n’est pas un laboratoire sociologique, mais le Corps mystique du Christ.

L’Église ne peut pas être soumise aux humeurs des cultures locales, ni voir sa doctrine modulée au gré des épiscopats nationaux. Ce que le processus synodal a commencé à légitimer, c’est un éclatement de l’unité catholique : ici on bénit les unions homosexuelles, là on les interdit ; ici la liturgie est modelée sur les coutumes locales, là elle reste fidèle à Rome ; ici l’on tolère des hérésies pastorales, là l’on marginalise ceux qui défendent la vérité de la foi.

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Le Catéchisme universel est remis en question, la Tradition suspectée, et ceux qui affirment que tout ne peut pas être admis dans l’Église sont regardés comme les véritables exclus. À rebours de l’accueil universel proclamé, la seule intolérance qui subsiste est celle contre ceux qui croient encore à la vérité objective, au péché, à la grâce, et à la hiérarchie sacrée.

De nombreux cardinaux ont été nommés ces dernières années en fonction de leur proximité avec cette nouvelle sensibilité, davantage soucieux de l’inclusion que de la fidélité au dépôt de la foi. Beaucoup viennent de périphéries peu formées à la complexité des débats doctrinaux, et n’ont pas été préparés à affronter les défis universels de l’Église. C’est ce qui rend ce conclave particulièrement délicat.Il est illusoire de penser qu’un simple compromis sur le Vetus Ordo ou un ajustement de Fiducia supplicans suffira. Ce qui est en jeu, c’est l’identité même de l’Église. Le prochain pape devra avoir le courage de dire non à une Église auto-convoquée, fluctuante, divisée en chapelles régionales, soumise à l’air du temps. Il devra affirmer, avec autorité et charité, que la vérité ne se vote pas, que la Tradition ne se discute pas à chaque synode, et que la foi catholique est une, sainte, catholique et apostolique.

Le conclave de 2025 n’est pas un simple passage de relais. C’est peut-être la dernière chance de redresser la barre. La synodalité a montré son vrai visage : celui d’un processus qui, sous couvert d’écoute et de participation, prépare une mutation radicale de l’Église. À ceux qui vont voter mercredi, il revient de dire si l’Église catholique survivra… ou s’effacera dans le relativisme.

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