En célébrant la loi de 1905 devant la Grande Loge de France, Emmanuel Macron affirme que la France est « la fille naturelle de la République ». Ce glissement sémantique traduit une certaine ambiguïté sur l’héritage réel de la France, entre mémoire chrétienne et récit républicain. Ce 5 mai, le président Emmanuel Macron, en compagnie de la ministre de la culture Rachida Dati, s’est exprimé devant les francs-maçons de la Grande Loge de France, à l’occasion du 120ᵉ anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. Le lieu, le public et les mots choisis n’ont rien d’anodin. En affirmant que « la France est laïque et la fille naturelle de la République », le président semble substituer voire « ironiser » le titre reconnu à la France par le pape Jean-Paul II lui-même en 1980 lors de son discours du Bourget :
«France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?«
Car c’est depuis le Ve siècle, et par l’Église elle-même, en référence au baptême de Clovis, que l’unité du pays s’est construite. Alors, à qui la France doit-elle le plus : à l’Église ou à la République ?
Le tweet du sénateur communiste Pierre Ouzoulias, fidèle porte-voix du laïcisme dur, n’a fait qu’appuyer cette logique d’expulsion du sacré de la sphère publique. Il affirme : « Un président ne doit pas chercher à réparer le lien abîmé entre l’Église et l’État », « il ne doit pas se rendre à une messe du pape, ni allumer les bougies de Hanouka à l’Élysée. ».Apparemment, un président n’a plus le droit d’honorer une foi, sous peine de trahir la République.
Mais il est des liens sacrés d’avant 1789 , plus forts que les idéologies, des liens qui ne s’effacent pas, des liens qui, même « abîmés », gardent toute leur force. Le lien entre la France et l’Église est de ceux-là : il s’enracine dans le baptême de Clovis, dans les cathédrales, les martyrs, les saints, et l’Évangile qui a façonné notre pays et l’Europe.
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La laïcité « authentique » ne signifie pas l’exclusion du religieux, mais sa reconnaissance dans le respect de l’ordre civil. La loi de 1905 garantit la liberté de culte, et non l’obligation d’ignorance mutuelle. Refuser qu’un chef d’État assiste à une messe pontificale, c’est inventer une laïcité hostile, fermée, dénaturée.Ce glissement est révélateur : le catholicisme n’est plus seulement ignoré, il est devenu suspect.
Ce que certains souhaitent, ce n’est pas l’équilibre, mais l’effacement. La participation d’un président à une messe dérange. En revanche, personne ne s’offusque de sa présence devant les hauts gradés d’une obédience maçonnique pourtant engagée historiquement contre l’influence de l’Église et la Parole de l’Evangile.
L’objectifs de certains est clairement affiché : arracher la France à ses racines chrétiennes, pour la refonder sur une vision strictement idéologique de la République, où la foi devient honteuse, et la tradition séculaire suspecte. Pourtant, c’est en honorant son passé que la France retrouvera son souffle.
Ce lien sacré entre la France et l’Eglise n’est pas une menace. Il est une richesse. L’Église ne revendique pas le pouvoir : elle rappelle la transcendance. Elle n’exige pas de privilèges : elle a transmis un héritage spirituel sans lequel la France ne serait pas ce qu’elle est.