Le cardinal Michael Czerny, jésuite et ancien responsable du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral sous le pontificat du pape François, a provoqué une vive controverse avec des déclarations faites dans un article publié le 4 mai 2025 dans le New York Times. En réponse à une question concernant les soutiens des catholiques conservateurs pour un pape africain, le cardinal a affirmé que certains cardinaux africains le « faisaient frémir », et qu’il pensait que ces derniers étaient utilisés par les « conservateurs » comme un « cheval de Troie » pour promouvoir leur agenda.
Les propos du cardinal ont mis en lumière les tensions croissantes au sein de l’Église concernant l’orientation future du Vatican, notamment en ce qui concerne les questions sociales et morales. Ces commentaires sont d’autant plus controversés que l’Église en Afrique est en plein essor, et que plusieurs cardinaux africains sont considérés comme des papables. Parmi eux figurent le cardinal Fridolin Ambongo de Kinshasa (République Démocratique du Congo), le cardinal Peter Turkson du Ghana, et le cardinal Robert Sarah de Guinée. Chacun de ces prélats est reconnu pour sa fermeté sur des questions doctrinales, en particulier en ce qui concerne les enseignements de l’Église sur la famille et la sexualité.
Le cardinal Czerny, né en Tchécoslovaquie et naturalisé canadien, a exprimé son opposition à l’idée d’un Pape qui serait choisi en fonction de sa géographie, qu’il soit africain, américain ou même issu des îles du Sud. Selon lui, ces discussions sont « stupides » et ne doivent pas détourner l’Église de sa mission première : l’évangélisation. Lors d’une autre interview avec America Magazine, il a répété que ce n’était « pas le moment de parler d’un Pape africain », soulignant que l’Église avait une mission universelle qui ne devait pas être réduite à des considérations géographiques ou politiques.
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Cette position a été critiquée par plusieurs figures influentes, notamment l’évêque américain Robert Barron. Ce dernier, dans une intervention sur EWTN le 5 mai dernier, a plaidé pour une plus grande attention à l’Église en Afrique, soulignant que le continent représentait aujourd’hui un modèle de foi vivante. Selon le prélat Barron, l’Église en Afrique, et notamment au Nigeria, connaît un renouveau, avec un fort taux de participation à la messe et une croissance des vocations. Il a également déploré l’attitude de certains dans l’Église occidentale qui semblent plus préoccupés par les problèmes de l’Église en Allemagne que par la vitalité de l’Église en Afrique.
Les propos du cardinal Czerny, loin d’être un simple commentaire, semblent avoir renforcé la position des cardinaux africains, qui n’ont jamais accepté la critique occidentale de leurs positions traditionnelles sur des sujets sensibles comme la question de l’homosexualité. Cette résistance s’est particulièrement illustrée lors de la polémique autour de Fiducia Supplicans en 2023, un document vatican qui permettait des bénédictions pour des couples de même sexe. Les évêques africains avaient fermement rejeté ce texte.
Le père Anthony Alaba Akinwale, vicaire-référent adjoint à l’Université Augustine d’Ilara-Epe, au Nigeria, a souligné que, bien que certains puissent ne pas être à l’aise avec l’idée d’un Pape africain, l’important est que le prochain Pape soit un homme sage et saint, capable de défendre fermement l’Évangile. Selon lui, ce choix pourrait venir de n’importe quel continent, mais il devrait être fait en fonction de l’engagement de la personne à défendre la vérité chrétienne, même dans les moments difficiles.Le débat sur l’identité et l’avenir du Pape reste ouvert, et la question de savoir si l’Église pourrait, ou devrait, être dirigée par un africain soulève plus de questions que jamais.