Yves Hélory de Kermartin, né en 1253 dans une famille noble bretonne, fut élevé par sa mère, Azou du Quinquis, une femme pieuse qui, dit-on, répétait à son fils : « Vivez, mon fils, de telle manière à devenir un saint. » Ce conseil maternel résonnera comme une prophétie. Après des études brillantes à Paris puis à Orléans, Yves revient en Bretagne où il exerce à la fois comme prêtre et comme juge ecclésiastique à Tréguier.
C’est dans l’accomplissement de cette double mission que saint Yves révéla toute sa grandeur. Formé à la rigueur du droit et nourri de la doctrine catholique, il pratiquait la justice avec impartialité et une charité sans limite. Conseiller gratuit des pauvres, défenseur des veuves, avocat des orphelins, il refusait tout avantage matériel et s’efforçait toujours de réconcilier les parties. La pauvreté franciscaine, qu’il admirait profondément, l’inspira à distribuer ses biens aux indigents. Son manoir de Minihy devint un refuge pour les plus démunis.Mais saint Yves n’était pas seulement un modèle de juriste. Il était aussi un pasteur zélé, attaché à la prière, à l’Eucharistie, à l’étude de l’Écriture Sainte. Il prêchait dans plusieurs paroisses le même jour, avec un zèle qui enflammait les cœurs. À sa mort, le 19 mai 1303, les fidèles affluèrent à son tombeau. Quarante-quatre ans plus tard, le pape Clément VI le canonisait, consacrant ainsi une ferveur populaire qui n’a jamais faibli.
En 1947, pour le sixième centenaire de sa canonisation, cent mille pèlerins de tous horizons se pressaient à Tréguier : deux cardinaux, le nonce apostolique, des évêques, des représentants d’universités et de barreaux du monde entier… preuve, s’il en fallait, de la puissance lumineuse de ce saint breton.
Pourquoi un tel rayonnement ? Parce que saint Yves incarne une sainteté concrète, humble et agissante, enracinée dans l’Évangile. À l’heure où la justice semble parfois déconnectée de la vérité, saint Yves rappelle qu’un juge peut être saint, et qu’un saint peut transformer le monde — en commençant par aimer les plus petits.
En Bretagne, on ne compte plus les vitraux, les statues et les églises en son honneur. Patron des hommes de loi, il demeure aussi, pour tout chrétien, un exemple d’unité entre foi, justice et charité.
Avec nominis