Dimanche 18 mai, 8 h, le parvis de la cathédrale est bondé.Qu’est-ce qui pousse les Parisiens à être sur pied de si bonne heure ?Des personnes en tenue de sport s’agglutinent pour aller chercher leur dossard sous les marches devant la cathédrale. Ils sont 2500 !Le premier coup de départ du Paris-Églises-Tour est donné à 8 h 45 ! Une course d’église en église jusqu’à la Madeleine.Pendant ce temps, 600 marcheurs partent de la basilique Notre-Dame des Victoires. Chacun peut confier et porter une intention de prière en l’écrivant sur un papier qu’il déposera à la Madeleine.
Une course motivée par la foi, mais pas seulement
La plupart sont là pour sa foi, pour l’aspect culturel et ludique, par pure performance ou par charité.C’est le cas de plusieurs groupes qui transportaient un brancard avec une personne handicapée moteur : le but ? « Rendre le maximum de courses inclusives pour les personnes avec un handicap souvent moteur », répond une participante tout en courant au micro de Tribune Chrétienne !
« Parce que c’est une course catho, parce que je crois en Dieu et que je crois qu’avec ses forces qu’il me donne, j’arrive au bout de toutes mes courses », s’exclame Ekaterina, quadragénaire, tout sourire derrière ses grandes lunettes fumées.Pour un autre coureur musculeux, la trentaine et qui est coach sportif, c’est un challenge, pour lui qui vise en dessous de 37 min ! « Ce n’est pas la foi qui m’a guidé, car je n’ai pas la foi, mais ça ne m’empêche pas d’être là », conclut-il.
Pour Capucine, dans la vingtaine, c’est « le fait de pouvoir être avec des catholiques et surtout faire le tour des églises, parce que je ne les connais pas toutes, donc me dire qu’il y a des églises à chaque km, c’est un bon but ! ».Deux jeunes filles lycéennes, elles, sortaient d’examen : « On est là pour tout lâcher et prendre du plaisir », dit l’une. « Première course qu’on fait, on s’est dit pour Jésus, c’est la meilleure course qu’on puisse faire, donc on est à fond et l’objectif est le podium », s’amuse l’autre
Une pluie de médailles
Le circuit en fort dénivelé passe par Saint-Étienne du Mont, puis Saint-Sulpice, où les supportrices sont organisées pour galvaniser les coureurs. C’est ensuite Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, les Missions Etrangères de Paris, puis Notre-Dame des Victoires pour le ravitaillement. Enfin, le circuit culmine à Montmartre, avant de redescendre par Saint-Louis d’Antin puis la Trinité pour que les coureurs lâchent tout ce qui leur reste. Quel que soit leur temps, ils sont acclamés à leur arrivée devant le portail de la Madeleine, après une dernière ligne droite en faux plat.
Ils reçoivent leur médaille, qu’ils ont bien failli ne jamais voir. La faute à un manque de mérite ? Point du tout. Le camion qui les transportait est resté bloqué à 1 h de Lyon jusqu’à la veille et il a fallu l’intervention du directeur général de Chronopost pour débloquer la situation !
Après l’effort le réconfort, avec des madeleines servies à côté de la crypte de la Madeleine avant la messe !
Des médailles miraculeuses leurs sont aussi remises : « Ce sont finalement les plus importantes », déclarera Isabelle de Chatellus, la directrice des Holy Games et déléguée au sport de la CEF, sur le parvis de la Madeleine.
Pieds nus, en brancard ou spectateur, chacun à sa manière
Alors que les coureurs continuent d’arriver, l’un d’eux, solaire, se distingue par ses pieds nus, « comme un pèlerin, dit-il. » « Comme on dit, les derniers seront les premiers, on a pris tout notre temps alors ! » se réjouit celui qui a vécu une très belle expérience avec sa partenaire.Pierrick, handicapé moteur, arbore un sourire permanent. Et pour cause, ce fan de compétition et de courses à pied a été transporté en brancard par sept amis rencontrés à Lourdes. Faisant le décompte de ses médailles, l’un des sept lui intime : « Elle n’est pas en chocolat, tu peux la mordre ! » avant de lancer un petit cri de guerre « pour la télé » : « Un, deux, trois, Pierrick ! »
Trois religieuses enchantées qui en sont à leur deuxième édition nous donnent RDV l’année prochaine : une a couru, une autre a marché et une autre a supporté ! La novice qui a couru se confie : « C’est toujours un grand moment, car on part toujours avec plein d’intentions de prière, on court dans les jambes avec, on supporte avec, et on sent qu’on n’est pas simplement 3 000, mais qu’on est bien plus ! »
Cet évènement sportif catholique sortait du cadre laïc parisien puisque la veille, 800 séminaristes s’affrontaient pour un tournoi de football à Saint-Maximin-La-Sainte-Baume !
La messe célébrée par Mgr Ulrich à 10 h 30 a rassemblé 1500 sportifs. Mgr Gobillard, évêque de Dignes, a pendant son homélie, exhorté les fidèles à une triple course, correspondant aux trois vertus théologales.
Celle de la foi qui est une rencontre personnelle et intime avec le Seigneur
Celle de la charité qui est une rencontre avec le visage du Christ dans les pauvres.
Celle de l’espérance est notre témoignage avec toutes les personnes que l’on rencontre.
Et de rappeler que finalement, « la bonne odeur du Christ, c’est la sueur, » pas une odeur pure aseptisée.