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[ Abus dans l’Église ] Benoît XVI, le pape de la vérité, Léon XIV suivra-t-il son exemple ?

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À l’heure où le scandale médiatique remplace trop souvent la justice, le pape Léon XIV suivra-t-il enfin cet exemple de courage et de clarté ?

Alors que les blessures causées par les abus sexuels dans l’Église restent béantes, une figure continue de s’imposer par sa cohérence et son courage : celle de Benoît XVI. Trop souvent réduit à son image de théologien rigoureux, Joseph Ratzinger fut pourtant l’un des seuls pontifes à affronter frontalement, avec lucidité et humilité, la crise des abus dans l’Église.

Dès le début de son pontificat, Benoît XVI a manifesté une attention profonde envers les victimes. Loin des effets d’annonce, il a rencontré discrètement les personnes blessées par les crimes du clergé, leur prêtant une oreille attentive et compatissante. Son approche pastorale s’est incarnée de manière forte dans sa lettre à l’Église d’Irlande, datée du 19 mars 2010, véritable cri du cœur où il écrivait : « Vous avez souffert profondément et à juste titre, et je suis vraiment désolé. ».Ce texte, encore trop ignoré, appelait l’Église à la pénitence, à l’humilité et à un profond renouvellement spirituel. Il dénonçait clairement les silences, les protections, les compromissions, en exhortant les évêques et les supérieurs religieux à ne jamais oublier la souffrance des victimes.

Au-delà des mots et des effets médiatiques , Benoît XVI a agi avec détermination. En renforçant les compétences de la Congrégation pour la doctrine de la foi ,qu’il avait lui-même dirigée avant son élection, il a permis une accélération du traitement des cas d’abus. Il a simplifié les procédures pour réduire à l’état laïc les prêtres coupables, imposé des suspensions immédiates, et encouragé les évêques à signaler sans délai les faits à Rome.Contrairement à certaines approches hésitantes de ses prédécesseurs ou successeurs, Benoît XVI a pris des décisions tranchées, rendant justice aux victimes et restaurant la crédibilité de l’Église.

En 2019, alors que le pape François convoquait un sommet sur la protection des mineurs à Rome, Benoît XVI, retiré au monastère Mater Ecclesiae, fit parvenir un texte remarquable de lucidité, sobrement intitulé « Notes ». Il y analysait les racines morales et spirituelles du drame des abus, dénonçant l’effondrement de la formation morale dans les séminaires, la permissivité née des années 1970, et surtout la perte du sens de Dieu dans de nombreux milieux ecclésiastiques.

Pour lui, la crise des abus est d’abord une crise de foi, une trahison de l’Évangile par ceux qui ont abandonné la vérité du Christ au profit de logiques mondaines et d’accommodements coupables.

Peu avant sa mort, en janvier 2022, Benoît XVI fut à son tour accusé d’avoir couvert un prêtre pédophile lorsqu’il était archevêque de Munich. La réponse fut immédiate et exemplaire : 82 pages de mémoire, dans lesquelles il répondait point par point aux accusations, fournissant des précisions factuelles, canoniques et personnelles.Puis, dans une lettre adressée aux fidèles de Munich et Freising, datée du 8 février 2022, il exprimait son chagrin, reconnaissait ses erreurs de mémoire, et demandait pardon avec une gravité bouleversante : « J’ai de grandes responsabilités dans l’Église, et c’est pourquoi je dois rendre compte. »

Alors que Benoît XVI s’est illustré par sa volonté de transparence, certains épisodes récents du pontificat de François, notamment dans le traitement du cas du père Rupnik, laissent planer une inquiétante ambiguïté. Comment expliquer que ce prêtre, accusé de graves abus spirituels et sexuels, ait bénéficié de tant de protections malgré la gravité des témoignages ? Le fait qu’il soit resté proche de cercles influents du Vatican nourrit l’impression d’un deux poids deux mesures, et alimente le malaise. Face à ces incohérences, l’exigence de vérité portée par Benoît XVI prend tout son relief.

Un travail de l’ombre au service de la vérité

Loin des révélations médiatiques tapageuses auxquelles on a pu assister sous le pontificat de François, souvent orchestrées de manière spectaculaire, Benoît XVI a mené un travail de fond, silencieux, patient. Ce travail de l’ombre n’avait qu’un objectif : la vérité. Il ne s’agissait pas de livrer à la presse des documents choisis ou de multiplier les conférences pour donner matière à des récits toujours plus écœurants, qui font la joie de certains médias dits catholiques, fascinés par le scandale ,et le bonheur des ennemis de l’Église. Ces derniers, à l’aide de rapports souvent tronqués dans leur mode de calcul ou d’analyse,comme ce fut le cas avec le rapport de la CIASE en France, n’ont pas hésité à en faire une arme, un bâton conçu pour frapper l’Église avec le plus de violence possible. Le loup est dans la bergerie. Face à cela, Benoît XVI a incarné une autre voie : celle de la sobriété, de la gravité, et d’un amour réel pour l’Église blessée.

Le scandale comme moteur, non la vérité

Chaque jour, on guette la nouvelle « affaire », le dernier prêtre tombé. Sous prétexte de transparence et d’information, des médias s’érigent en arbitres, mais leur prétendue quête de vérité se mue trop souvent en une mise au pilori qui ne sert pas la vérité, mais uniquement le scandale. Ils condamnent avant le procès, ils jugent avant l’audition, ils salissent avant même d’avoir écouté toutes les parties. Aujourd’hui c’est Betharram, demain ce sera Riaumont, et après-demain on trouvera forcément autre chose. De « révélations » en « révélations », on détruit, on entasse, on expose. Est-ce encore de l’information, ou une entreprise de démolition continue ? Leur indignation ne construit rien : elle détruit.

L’indignation à géométrie variable

Plus grave encore, d’autres scandales sont étouffés dans le velours du pouvoir, dissimulés dans les coulisses des institutions, dans les allées de l’Assemblée nationale, où l’indignation surjouée de certains,chantres autoproclamés de la transparence et de la vérité n’est, étrangement, jamais au rendez-vous. Ils se taisent quand il faudrait crier.En effet ,ils sont une poignée à oser se lever et à s’alarmer face à la future loi sur l’euthanasie, dont les fondements heurtent de front le respect inconditionnel du caractère sacré de la vie.

Quand certains parlent de « crime contre l’humanité » à propos d’une communauté religieuse comme Betharram, que faut-il dire de cette loi à venir, qui, sous couvert de soulager, organise en réalité la suppression délibérée des plus vulnérables ? Cette loi, si elle est adoptée, portera en elle les germes d’un même crime contre l’humanité : celui de nier la valeur inaltérable de toute vie humaine, même souffrante, même fragile.

Léon XIV sur les traces de Benoit XVI ?

Aujourd’hui, alors que des interrogations émergent sur certains épisodes du passé du pape Léon XIV, notamment lors de son épiscopat à Chiclayo au Pérou, la question se pose : choisira-t-il, lui aussi, la voie de la clarté et de la vérité ? Des voix s’élèvent pour demander des éclaircissements, sans esprit de vengeance ni hostilité, mais par amour pour la justice et la mission de l’Église. Face à ces attentes, l’attitude de Benoît XVI reste un repère lumineux. Il n’a pas esquivé. Il n’a pas menti. Il a reconnu la gravité des faits, même quand il n’en était pas personnellement responsable.Souhaitons que le pape Léon XIV, s’il est confronté aux mêmes épreuves, s’inspire de cette hauteur d’âme. Non pour se justifier, mais pour servir la vérité, et redonner à l’Église son visage de mère aimante, protectrice des plus faibles, et jamais complice des ténèbres.

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