Par Philippe Marie
Sur RCF, ce jeudi 22 mai, Monseigneur Bozo a livré non un cri de foi, mais un miaulement d’ecclésiastique prudent. Face à l’euthanasie, pas de condamnation, pas de rappel au péché, mais un flou langagier et une “inquiétude” sociologique. La parole de l’Église ? Une ombre d’elle-même.Il fallait l’entendre, ce jeudi 22 mai sur RCF, à cinq jours d’un vote historique sur la légalisation de l’euthanasie. Monseigneur Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges et porte-parole des évêques de France sur la fin de vie, s’est exprimé… avec la délicatesse d’un fonctionnaire d’État, et non avec la ferveur d’un homme de foi.
« C’est exactement ma question », déclare-t-il aux députés. Non pas une affirmation, encore moins un rappel des principes non négociables. Juste une question, feutrée, balbutiante. « Ils sont députés. C’est-à-dire qu’ils sont élus pour être une représentation. » Et lui, est-il encore représentant du Christ ou simple commentateur du débat public ?
Il poursuit : « Je voudrais les interroger sur la capacité qu’ils ont à entendre ces voix très très inquiètes sur l’évolution de la loi. » Ces voix ? « Les responsables des cultes », « les philosophes », « les moralistes », « les soignants », « les psys »… mais jamais les apôtres. Jamais la voix du Christ, qui a pourtant dit : “Que votre oui soit oui, que votre non soit non”.
À J-5 du vote à l’Assemblée d’un possible "droit à l’#AideÀMourir", Mgr @MgrPABozo, porte-parole des évêques sur la #FinDeVie, pose une question aux députés : entendez-vous les voix nombreuses et très inquiètes qui s’élèvent de toute la société civile ?#euthanasie… pic.twitter.com/c7GZsGOcV7
— Église catholique en France (@Eglisecatho) May 22, 2025
Monseigneur Bozo regrette la remise en cause d’un “consensus” : « La loi Claeys-Leonetti en 2016 avait été votée à la quasi-unanimité. Elle faisait un très très grand consensus. » Voilà donc l’objectif : un consensus républicain, non la fidélité évangélique. L’horreur, ce n’est pas de légaliser le meurtre, c’est de perdre l’équilibre législatif.
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Et l’exemple de l’absurde : « Les médecins, dont le sens de la vie et de l’engagement est d’aider les gens à affronter la détresse, sont très opposés à cette évolution législative… parce qu’on leur dirait : “demandez-vous si ça vaut le coup de continuer de vivre.” Donc ça veut dire qu’on vous laisse tomber… d’une certaine manière. » D’une certaine manière. Voilà comment l’Église s’exprime en 2025, face à la mort programmée des plus vulnérables.
Mais l’Église du Christ n’a pas toujours ainsi parlé. Elle a connu des évêques martyrs, des pasteurs qui ont proclamé la Vérité jusqu’au sang. Saint Cyprien, Saint Polycarpe, Saint Jean Fisher, morts non pour une tribune, mais pour une foi vivante, visible, tranchante. Aujourd’hui, on ne leur demande même pas cela. On ne leur demande pas le martyre. Juste la parole. Juste la clarté. Juste la voix de la Vérité la seule qui conduise à la Voie, celle du Christ.
Et au lieu de cela, Monseigneur Bozo murmure. Il consulte. Il modère. C’est un miaulement ecclésial, et non le hurlement d’un pasteur qui défend ses brebis. L’Église de France, ainsi représentée, ne rugit plus. Elle s’excuse d’oser ne pas être d’accord avec une loi meurtrière …!
Mais un jour, elle devra répondre non pas aux députés, mais à Dieu. Et ce jour-là, il ne suffira pas d’avoir été “inquiet”.