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« Un nouveau départ » : les Juifs américains saluent l’élection du pape Léon XIV

Le rabbin Noam Marans avec le Pape Léon XIV - image Vatican Média
Le rabbin Noam Marans avec le Pape Léon XIV - image Vatican Média
"Nous voulons que ce soit un nouveau départ, nous voulons que ce soit un renouvellement de la relation"

« Un pape américain est de bon augure pour les relations judéo-catholiques. », affirme le rabbin Noam Marans.L’élection du pape Léon XIV, premier pontife originaire des États-Unis et également citoyen péruvien, suscite un accueil positif de la part de plusieurs représentants de la communauté juive américaine. Pour le rabbin Noam Marans, directeur des affaires interreligieuses au sein de l’American Jewish Committee (AJC), cette élection constitue un véritable « nouveau départ » pour les relations entre catholiques et juifs.

« Je suis optimiste quant aux relations judéo-catholiques », a déclaré le rabbin Marans à la presse, à l’occasion d’une table ronde organisée après l’élection du nouveau pape. « Un pape américain est de bon augure pour les relations entre catholiques et juifs. Point. ».Il souligne avoir reçu une lettre personnelle du pape Léon XIV, l’invitant à la messe d’inauguration du 18 mai, et affirmant sa volonté de « poursuivre et renforcer le dialogue et la coopération de l’Église avec le peuple juif, dans l’esprit de la déclaration Nostra Aetate ».Pour le rabbin Marans, cette initiative dès les premiers jours du pontificat est un geste fort : « Si un pape écrit ce genre de choses après trois ans de pontificat, c’est une chose. Mais s’il l’écrit dès son premier jour, alors qu’aucune prise de position publique sur les relations judéo-catholiques n’a encore été exprimée, cela prend une toute autre portée. C’est pourquoi c’est si marquant. »

La déclaration intervient dans un contexte lourd : tensions accrues au Moyen-Orient depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, guerre à Gaza, et climat de crispation entre le Saint-Siège et l’État hébreu. Lors des derniers mois du pontificat du pape François, les relations entre le Vatican et Israël ont été particulièrement éprouvées, notamment après des prises de parole critiquant la riposte israélienne et des propos rapportés en privé qualifiant l’offensive à Gaza de « génocide ». Aucun représentant officiel israélien n’était présent aux funérailles de François, seul l’ambassadeur Yaron Sideman représentait l’État d’Israël. Le président Herzog a toutefois assisté à la messe d’installation de Léon XIV.

« Nous avons été très reconnaissants que l’ambassadeur Sideman soit aux funérailles, que le président Herzog exprime publiquement ses condoléances, et que le Premier ministre le fasse également », a précisé le Rabbin Marans.

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Dans un climat où « de nombreux petits drames » affectent la communauté juive, notamment en Europe,le Rabbin Marans espère que le nouveau pape poursuivra la ligne ferme de François contre l’antisémitisme. Il souhaite « qu’il condamne à répétition et sans relâche l’antisémitisme comme un péché contre Dieu, et non chrétien ». Il note cependant que sous François, des critiques se sont exprimées : « Il parlait beaucoup de Gaza, mais ne mentionnait pas toujours les otages. »

La communauté juive espère désormais que le pontificat de Léon XIV sera synonyme de renouveau : « Nous voulons que ce soit un nouveau départ, nous voulons que ce soit un renouvellement de la relation », affirme Marans. Il salue enfin l’appel du pape, dès sa première prière publique du Regina Caeli, en faveur de la libération des otages israéliens : « Ce qu’il dit n’a pas besoin de satisfaire une organisation juive, mais d’être raisonnable. Et nous lui sommes reconnaissants d’avoir commencé par cela. »

Lisa Palmieri, également chargée des affaires interreligieuses à l’AJC, note de son côté que la situation à Rome s’est tendue depuis l’automne 2023. « Dans l’imaginaire populaire, les Juifs et les Israéliens sont perçus comme identiques et responsables de tout », déplore-t-elle, en évoquant la montée des protestations pro-palestiniennes et le manque de connaissance sur l’histoire et les enjeux du conflit.Dans ce contexte tendu, l’ouverture manifestée par le pape Léon XIV est perçue comme un signe d’espérance. Reste à voir comment se traduira concrètement, dans les mois à venir, ce désir affiché de renouvellement.

Entretien CH

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