Dans une décision majeure rendue vendredi 28 juin, la Cour suprême des États-Unis a jugé que le conseil scolaire du comté de Montgomery (Maryland) avait violé la loi en supprimant le droit des parents à être informés et à retirer leurs enfants de séances de lecture promouvant l’idéologie du genre, dès l’âge de trois ans. La décision, prise à 6 voix contre 3 dans l’affaire Mahmoud v. Taylor, constitue un tournant dans la défense des droits parentaux face à des programmes scolaires imposant une vision unilatérale des questions de genre et de sexualité.
Les ouvrages en question , introduits dès 2022 dans les écoles maternelles et primaires du comté ,célèbrent la transition de genre, les marches des fiertés ou encore l’usage de pronoms personnalisés. L’un d’eux propose même à des enfants de trois ou quatre ans de retrouver dans des images des termes comme « drag queen », « sous-vêtements », « cuir », ou « drapeau intersexe ».
Le Becket Fund, organisme juridique spécialisé dans la défense de la liberté religieuse, souligne qu’un autre ouvrage suggère qu’un enfant peut changer de genre même si cela « ne fait pas sens », et invite les enseignants à dire que les médecins ne font que « deviner » le sexe des bébés à la naissance.Face à ces contenus, les autorités scolaires avaient décidé de supprimer toute possibilité de retrait parental, en contradiction avec leurs propres règles, le droit du Maryland, et les conseils de plusieurs directeurs d’écoles primaires. Ce refus de dialogue a été sévèrement sanctionné par la Cour suprême.
Le juge Samuel Alito, dans l’avis majoritaire, a rappelé que « le droit des parents à diriger l’éducation religieuse de leurs enfants serait une promesse vide s’il ne s’appliquait pas jusque dans la salle de classe des écoles publiques ».
Mgr Kevin Rhoades, président de la Commission pour la liberté religieuse de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, a salué cette décision comme une reconnaissance du rôle fondamental des parents dans l’éducation morale et spirituelle de leurs enfants. « Les écoles publiques, dans un pays pluraliste, doivent respecter toutes les familles. Envoyer un enfant à l’école publique ne signifie pas renoncer à son rôle de premier éducateur », a-t-il déclaré.Il a précisé que les parents du comté de Montgomery « ne cherchaient pas à imposer leur foi aux autres, mais à se retirer d’un programme contraire à leurs convictions ». Et d’ajouter : « Les enfants ne devraient pas apprendre que leur identité masculine ou féminine peut être dissociée de leur corps. »
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L’association Kids First, impliquée dans le procès, a salué une victoire historique. « Les parents ne sont jamais relégués à l’arrière-plan quand il s’agit d’élever leurs enfants », a déclaré sa représentante, Grace Morrison.Même ton du côté d’Eric Baxter, vice-président du Becket Fund, qui a salué un « retour au bon sens ». « Ce ne sont pas les institutions publiques, mais les parents, qui ont le dernier mot sur l’éducation de leurs enfants », a-t-il insisté.
En France, où l’enseignement public se revendique neutre mais introduit de plus en plus de contenus liés au genre dans les programmes scolaires ou les interventions extérieures, cette décision américaine résonne fortement. Le climat post-Gay Pride, où les revendications identitaires prennent souvent le pas sur l’appel à l’acceptation de l’autre, constitue un élément supplémentaire de pression idéologique qui influence de plus en plus la sphère éducative laïque et interroge sur les limites du pluralisme dans l’Éducation nationale.
De nombreuses familles s’inquiètent d’une instrumentalisation de l’école au service de combats idéologiques, et cette décision américaine pourrait nourrir les réflexions et les débats à venir. La reconnaissance des droits des parents, sur les sujets touchant à la foi et à la morale, apparaît aujourd’hui plus que jamais comme une question de justice éducative, et rien ne doit entraver l’un des principaux devoirs d’état dans la vie, à savoir l’éducation de ses enfants, la transmission des valeurs issues de l’Évangile, du bon sens, et du respect de l’ordre naturel voulu par Dieu.
Cette inquiétude est d’autant plus vive que, dans ce climat de tension idéologique, les établissements catholiques eux-mêmes deviennent des cibles. Qu’ils soient hors contrat ou non, ils semblent faire l’objet d’une véritable forme de persécution, menée au nom d’une laïcité dévoyée ou d’une prétendue lutte contre les discriminations et…les abus. Les contrôles renforcés, les menaces de fermeture ou les pressions pour aligner les contenus éducatifs sur les dogmes du progressisme laissent entrevoir une volonté de marginaliser toute vision anthropologique fondée sur la foi.
L’affaire Christian Espeso illustre cette dérive. Suspendu de ses fonctions de direction dans un établissement catholique à Pau, il a été rétabli par la justice, qui a annulé cette sanction qu’elle a jugée infondée. Il dénonce une attaque idéologique déguisée en procédure administrative et rappelle que la liberté d’enseigner selon les valeurs issues de l’Évangile est un droit fondamental.Face à cette situation, à l’image des familles américaines, de plus en plus de parents et d’éducateurs catholiques en France refusent de se taire. Ils rappellent que l’école ne peut être un laboratoire d’ingénierie sociale, mais doit demeurer un lieu de transmission, de vérité et de liberté.