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Élever des saints : l’extraordinaire vocation des époux Martin

Sainte Thérèse de Lisieux avec sa mère  Zélie et son père Louis Martin - DR
Sainte Thérèse de Lisieux avec sa mère Zélie et son père Louis Martin - DR
Ils rêvaient de couvent, Dieu les a appelés au mariage. Louis et Zélie Martin, parents de sainte Thérèse de Lisieux, sont les premiers époux canonisés ensemble. Leur vie conjugale, entre prière, labeur et offrande, fut un véritable chemin de sainteté familiale

Le 12 juillet, les carmes déchaux et le diocèse de Bayeux-Lisieux célèbrent la mémoire conjointe de Louis et Zélie Martin, parents de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Canonisés ensemble en 2015, ils incarnent une réalité trop souvent oubliée : la vocation au mariage peut être un chemin radical de sainteté, non seulement pour les époux eux-mêmes, mais aussi pour leurs enfants.

Et pourtant, rien ne les prédestinait à cette mission. Louis aspirait à devenir chanoine du Grand-Saint-Bernard, mais dut y renoncer, faute de latin. Zélie souhaitait entrer chez les Filles de la Charité, mais fut découragée par la supérieure. Tous deux, frustrés dans leurs projets initiaux, discernèrent un autre appel : celui du mariage. Trois mois après leur rencontre sur un pont d’Alençon, ils s’unirent à l’église Notre-Dame le 13 juillet 1858 à minuit, après avoir accompli le mariage civil la veille au soir.Les dix premiers mois de leur union furent vécus dans la continence, jusqu’à ce qu’un prêtre les éclaire sur la plénitude de leur vocation conjugale. De cette ouverture au don de la vie naquirent neuf enfants. Quatre moururent en bas âge. Les cinq filles restantes se consacrèrent toutes à Dieu : Thérèse, Pauline, Céline et Marie au Carmel ; Léonie chez les Visitandines.

Leur foyer, marqué par la piété, la discipline et l’amour du travail, fut aussi une école du Ciel. Louis, horloger, et Zélie, dentellière réputée pour sa maîtrise du « point d’Alençon », assistaient ensemble à la messe dès 5h30 du matin. Leur aisance matérielle ne les détourna pas de la charité : ils donnaient aux pauvres et formaient leurs filles à faire de même.L’éducation qu’ils prodiguèrent était attentive, exigeante et empreinte d’amour. Sainte Thérèse de Lisieux, la plus connue de leurs enfants, déclara : « Le Seigneur m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre. » Loin d’un laxisme éducatif, leur rigueur visait un seul but : faire grandir leurs filles dans la foi et la vertu, pour les conduire à la sainteté.

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Cette sainteté rayonna jusqu’à leur mort. Zélie, atteinte d’un cancer du sein, endura d’immenses souffrances qu’elle offrit à Dieu avec un courage admirable. Jusqu’au bout, elle pria le chapelet, parfois encore à genoux, au pied de la Vierge Marie. Elle s’éteignit à 45 ans, le 28 août 1877.Louis, devenu veuf, continua seul l’éducation de ses filles. À la fin de sa vie, il subit une longue maladie qui le rendit progressivement paralysé. Dans cette épreuve, il demeura un témoin de l’espérance. Lors de son dernier échange avec Thérèse au parloir du Carmel, il ne put que lever les yeux et pointer le doigt vers le ciel. Puis, d’une voix faible, il articula : « Au ciel ! »

En canonisant Louis et Zélie Martin, l’Église a rappelé que la sainteté conjugale n’est pas un idéal inaccessible. C’est une vocation pleinement chrétienne, appelée à féconder le monde par l’amour, le sacrifice et la transmission de la foi. Leur vie témoigne que la sainteté n’est pas réservée aux cloîtres : elle commence souvent dans les foyers, au cœur de la vie ordinaire, quand elle est vécue avec Dieu.

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