Face à une circulaire du gouvernement congolais imposant le maintien en classe des jeunes filles enceintes, l’Église catholique de République démocratique du Congo s’oppose avec fermeté, invoquant la nécessité de préserver une éducation fondée sur la morale, la responsabilité et la dignité chrétienne. Refusant de céder aux injonctions idéologiques de l’État, elle affirme son attachement à une vision intégrale de la personne humaine.
Publiée le 14 juillet 2025 par le ministère de l’Éducation nationale, cette circulaire prétend réaffirmer l’égalité d’accès à l’instruction. Mais pour l’Église, elle remet en cause les fondements éthiques de la mission éducative. C’est pourquoi les responsables des écoles catholiques ont réagi sans tarder, rappelant que leur mission ne peut être dissociée des exigences morales qu’ils ont toujours portées au service de la jeunesse.Dans un courrier diffusé dès le lendemain, le coordonnateur national des écoles conventionnées catholiques a rappelé que ces établissements ne sont « pas concernés » par cette directive ministérielle. Il invoque la convention signée avec l’État, dont l’article 15 insiste sur la moralité et la discipline des élèves, « en matière de mœurs ». À ce titre, accueillir une jeune fille enceinte en milieu scolaire serait incompatible avec la mission éducative de l’Église.
Les écoles catholiques, qui représentent plus de 18 000 établissements, soit environ un quart du système éducatif congolais, refuseront donc d’appliquer cette mesure. Dans les cas où une élève tomberait enceinte, la consigne est de l’orienter vers une école publique, sans rompre pour autant l’accompagnement humain et pastoral que requiert une telle situation.
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Dans sa déclaration du 16 juillet 2025, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) affirme clairement :
« L’éducation catholique n’est pas une simple prestation de services éducatifs neutres. Elle repose sur une vision intégrale de la personne humaine, éclairée par l’Évangile. Encourager ou banaliser certains comportements serait trahir notre mission. »
Cette prise de position courageuse met en lumière une fracture profonde : d’un côté, une volonté d’inclusion dictée par des normes internationales contemporaines , de l’autre, une fidélité à la tradition morale et spirituelle. Dans un pays où les violences sexuelles sont trop souvent une réalité dramatique, l’Église insiste sur la nécessité de la prévention, de l’accompagnement, mais aussi de la clarté éducative.Plutôt que de céder à une logique de permissivité, l’Église catholique rappelle que toute éducation véritable suppose une exigence.
Présente depuis plus d’un siècle en République démocratique du Congo, l’Église catholique y joue un rôle de premier plan, tant spirituel que social et politique. Elle gère environ un quart des établissements scolaires du pays, formant des millions de jeunes à la lumière de l’Évangile. Sous les régimes de Mobutu, Kabila père puis Joseph Kabila, elle a souvent été la seule force à s’opposer aux dérives autoritaires. En 2016, elle a organisé les négociations de l’Accord de la Saint-Sylvestre, exigeant des élections libres. Son influence morale s’est encore renforcée à travers la CENCO et le Comité Laïc de Coordination. Aujourd’hui encore, face à une nouvelle tentative d’imposer une vision idéologique de l’éducation, elle se dresse avec la même fermeté. Le refus d’appliquer la circulaire sur la scolarisation des jeunes filles enceintes s’inscrit dans cette continuité : défendre la dignité, la morale et la vérité.L’accueil de chacun ne peut se faire au détriment de la vérité, de la responsabilité personnelle et du témoignage de vie que doivent incarner les établissements catholiques.
