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Dolce & Gabbana s’attaque insidieusement, mais volontairement, au sacré

Photos du défilé Dolce & Gabbana  - DR
Photos du défilé Dolce & Gabbana - DR
Devant le château San Angelo à Rome, la maison Dolce & Gabbana a détourné les habits liturgiques de l’Église catholique pour les transformer en accessoires de défilé


Le 15 juillet dernier, à Rome, la maison Dolce & Gabbana a présenté un défilé de Haute Couture masculine devant le château San Angelo. Les mannequins, vêtus de tenues inspirées des habits liturgiques catholiques, ont défilé dans une mise en scène soigneusement orchestrée. Chasubles détournées, croix pectorales surdimensionnées, broderies rappelant les tuniques papales, tout y était. Sur le pont San Angelo, des figurants habillés en cardinaux complétaient ce tableau d’un mauvais goût assumé, transformant la liturgie en folklore de podium.

Parmi les silhouettes les plus marquantes, et les plus choquantes, figure celle d’un mannequin habillé comme un « faux pape ». Drapé dans un manteau d’hermine, vêtu de blanc, une croix massive suspendue à son cou, il avance les mains jointes dans une posture qui imite celle du Souverain Pontife. Cette image synthétise à elle seule le projet de cette collection, vider les signes du sacré de leur sens profond pour les livrer au spectacle. Ce n’est pas seulement un vêtement que l’on détourne, c’est une mission que l’on parodie, un mystère que l’on profane.

Cette tentative de banalisation du sacré, en caricaturant la figure du prêtre et celle du pape, constitue une attaque contre ce qui est saint, et donc, ultimement, contre Dieu lui-même

On le répète trop peu, les habits liturgiques ne sont pas de simples éléments de décor. Ils participent à la sainteté, parce qu’ils sont le signe visible d’une réalité invisible, celle d’un homme consacré à Dieu, configuré au Christ pour offrir le sacrifice et porter la prière du peuple. Le prêtre, selon la définition de l’Église, est un homme choisi parmi les hommes, mis à part, uni au Christ d’une manière particulière et agissant in persona Christi. Banaliser les habits liturgiques, c’est banaliser le sacerdoce, et banaliser le sacerdoce, c’est s’en prendre à ces hommes unis à Dieu d’une manière unique, et donc s’attaquer à Dieu lui-même.

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Dans cette logique de dérision mondaine, faut-il s’attendre demain à voir une ligne de vaisselle « inspirée » des calices et patènes de la messe, des verres imitant les ciboires, des sacs à main fabriqués à partir de voiles sacrés, ou encore des parfums aux noms d’encens liturgiques ? Jusqu’où ira cette désacralisation assumée par le monde du luxe ?Ce défilé, qui se pare de culture et d’inspiration « patrimoniale », révèle en réalité un profond mépris du sacré. Il réduit à l’accessoire ce qui relève du mystère, il transforme en folklore ce qui exige le respect, il utilise la foi comme outil de provocation mondaine. Et cela, dans un silence inquiétant. Ni réaction du Saint-Siège, ni indignation visible dans le monde de l’art ou des médias. Le sacré ne dérange plus, il est devenu matière première du divertissement.

Mais un monde qui se moque de la sainteté est un monde qui perd le sens du vrai. Car on ne joue pas impunément avec ce qui est saint. Ce défilé n’est pas une simple fantaisie vestimentaire, c’est un symptôme. Celui d’une société qui ne voit plus dans les prêtres des hommes mis à part, mais de simples silhouettes à parodier. Et cela, les catholiques ne peuvent l’accepter en silence.

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