Si les Évangiles ne mentionnent pas les parents de la Vierge Marie, la tradition chrétienne, dès les premiers siècles, a conservé leurs noms : Anne, dont le nom signifie « grâce », et Joachim, « Dieu accorde ». Leur figure émerge des textes apocryphes, notamment le Protévangile de Jacques, qui dépeint un couple discret, profondément croyant, et sans enfant jusqu’à ce que Dieu intervienne en exauçant leur prière.C’est dans cette foi silencieuse et persévérante qu’Anne et Joachim ont accueilli Marie, sans connaître la grâce unique dont elle était investie. Leur rôle n’en fut pas moins essentiel : ils l’ont élevée et guidée, préparant, sans le savoir, celle qui deviendrait la Mère du Sauveur.
Le culte de sainte Anne apparaît dès le VIe siècle dans les liturgies orientales, et dès le VIIIe siècle en Occident. À partir du XIVe siècle, il se généralise dans toute l’Europe. Sainte Anne est souvent représentée tenant un livre ouvert, enseignant les Écritures à sa fille Marie. Ces représentations soulignent son rôle de mère, de pédagogue et de transmettrice de la foi.À leurs côtés, saint Joachim est souvent représenté comme un homme âgé et pieux, symbole de justice et de droiture. Une célèbre icône russe montre le couple s’embrassant tendrement à l’annonce de la conception de Marie : une image de l’amour conjugal ouvert à la vie, et une participation au mystère de l’Incarnation.
Le pape Benoît XVI rappelait en 2009, lors de l’Angelus du 26 juillet :
« Cette célébration fait penser au thème de l’éducation, qui a une place importante dans la pastorale de l’Église. Elle nous invite en particulier à prier pour les grands-parents, qui, dans la famille, sont les dépositaires et souvent les témoins des valeurs fondamentales de la vie. […] Que la Vierge Marie, qui – selon une belle iconographie – apprit à lire les Saintes Écritures sur les genoux de sa mère Anne, les aide à toujours nourrir leur foi et leur espérance aux sources de la Parole de Dieu. »
Sainte Anne est particulièrement vénérée en Bretagne, où le sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, bâti après la découverte d’une statue dans un champ du Bocéno au XVIIe siècle, attire chaque année de nombreux pèlerins. Elle y est la patronne de la province, et, par extension, protectrice des marins. Au Québec également, elle est proclamée patronne de la province. Tous les diocèses du Canada comptent au moins une église qui lui est dédiée.Une tradition populaire, relayée par certains artisans, fait également de sainte Anne la patronne des ébénistes. La raison en est symbolique : ayant conçu Marie, celle qui deviendrait le premier tabernacle du Verbe incarné, sainte Anne est associée à cette œuvre d’art divine, alliant matière et sanctuaire.Ce 26 juillet, l’Église universelle fait mémoire de ces deux figures humbles et fidèles, qui, à travers leur amour et leur confiance en Dieu, ont préparé la venue du Christ. À travers eux, elle rend hommage aux éducateurs, aux familles, et aux grands-parents qui, dans l’ombre, transmettent la foi d’une génération à l’autre.
Avec Nominis