Par Philippe Marie
Marine Rosset , pour le moment présidente des Scouts et guides de France, est saluée par sa garde rapprochée, dont La Croix fait manifestement partie. À peine nommée à la tête des Scouts et Guides de France, la militante LGBT reçoit un soutien appuyé du quotidien prétendument catholique, qui la présente comme une figure moderne et engagée, à l’image du scoutisme qu’il appelle de ses vœux : inclusif à « sens unique » , militant, et parfaitement aligné sur les revendications du monde.Comme La Croix, les Scouts et Guides de France ont quitté la plateforme X (ex-Twitter) pour, disent-ils, « mieux témoigner de leur engagement : Nous avons choisi de rejoindre Bluesky, un espace plus respectueux et démocratique.»… Curieusement, l’Église de France, elle, y est toujours tout comme Marine Rosset… Décalage ou simple oubli de cohérence ?
Mais derrière les chants, les jeux et les promesses scoutes, un malaise grandit. La fête et la camaraderie seront certes au rendez-vous à Jambville. Les jeunes chanteront sous les étoiles, renouvelleront leur promesse, et certains recevront peut-être le sacrement de confirmation. Mais ce décor cache une transformation de fond dont les jeunes ne perçoivent pas les conséquences : une réorientation idéologique assumée du mouvement, où les références chrétiennes s’effacent peu à peu derrière les slogans climatiques et les engagements politiques.
Les écologistes zélés y auront bonne place. Avant même de louer le Créateur, ils expliqueront comment sauver la planète. Avant de prier, ils trieront les déchets. Le scoutisme devient vert, non pas par amour de la Création, mais par adhésion au catéchisme laïc de l’écologie militante. Le tout sans surprise, tant cette idéologie se marie bien avec celle de la nouvelle présidente.
Dans ce contexte, les justifications avancées pour défendre cette orientation laissent songeur. Dans un article publié par La Croix, le rédacteur en chef Arnaud Alibert affirme que « les engagements ne sont pas un problème » et qu’« il y a un temps pour tout », en citant l’Ecclésiaste. Mais utiliser cette parole de l’Écriture pour excuser des engagements ouvertement contraires à la doctrine chrétienne relève d’une véritable confusion intellectuelle, sciemment orchestrée.
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Oui, il y a un temps pour tout. Mais jamais un temps pour renier la vérité. Le témoignage chrétien ne se suspend pas, ne se range pas dans une armoire. Il se vit, il se proclame, il s’assume à chaque instant sinon ce n’est plus un témoignage mais une posture.
Et l’Église, dans tout cela ? Elle aussi semble s’aligner, acquise, une fois encore, par un lourd silence. Elle se laisse porter par le courant … celui du monde. Elle relativise, elle temporise, elle dialogue. Et peu à peu, elle s’éteint. Reste à savoir si le nouveau président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Marc Aveline, saura rallumer la flamme. Aura-t-il le courage de rappeler publiquement ce qu’est une promesse scoute en lien avec la foi catholique ? Ou préférera-t-il accompagner, pastoralement bien sûr, cette lente dilution de la vérité dans les eaux tièdes du consensus ?Comment les jeunes pourraient-ils encore comprendre le sens de leur promesse scoute, celle de « faire de leur mieux pour servir Dieu, l’Église et la France », lorsque leur mouvement se laisse guider non par la lumière de l’Évangile, mais par les repères fluctuants d’un monde sans boussole ? Le risque est clair : transformer un parcours de foi en plateforme idéologique. Le scoutisme devient alors un levier d’engagement sociétal, mais déconnecté de la vie spirituelle authentique.
Et les parents,Vont-ils, encore une fois, baisser les yeux ? Accepteront-ils que l’on forme leurs enfants dans un esprit qui trahit l’essentiel de leur foi ? Ou bien retrouveront-ils le courage de s’exprimer, de refuser les compromis, de rappeler que leur mission est d’abord de transmettre la vérité reçue ? Il est encore temps de poser la vraie question : les Scouts et Guides de France veulent-ils encore se dire catholiques ? Si oui, qu’ils cessent de promouvoir des figures qui bafouent la morale de l’Église. Sinon, qu’ils aient au moins la cohérence de renoncer à ce qualificatif. On ne peut pas servir deux maîtres. Et la fidélité, elle, ne se vit pas en alternance.