À l’occasion de l’événement évangélique Together As One, organisé à Jérusalem par le réseau Daystar, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a tenu un discours remarqué en présence de la pasteure Paula White, ancienne conseillère spirituelle du président Donald Trump.Le 27 juillet dernier , Il y a affirmé le rôle central d’Israël dans la protection du christianisme au sein d’une région largement hostile à la liberté religieuse.
« Israël est le gardien du christianisme au Moyen-Orient », a-t-il déclaré, en soulignant que « la seule communauté chrétienne prospère dans un large rayon de la région se trouve ici, où les chrétiens ne sont pas seulement tolérés, mais considérés comme précieux ». Il a évoqué la possibilité d’acheter un sapin de Noël à Nazareth, contrairement à Bethléem, « où la population chrétienne est passée de 80 % à moins de 20 % depuis que l’Autorité palestinienne a pris le contrôle », suggérant que la présence israélienne avait été un rempart à la disparition des chrétiens locaux.Benjamin Netanyahou a également insisté sur la préservation des lieux saints : « Nous protégeons les sites sacrés du christianisme, non seulement le Saint-Sépulcre, mais aussi ceux de Galilée, de Nazareth et de Capharnaüm, où Jésus a prêché pendant trois ans », a-t-il dit, en dénonçant les campagnes de désinformation le présentant comme un opposant aux chrétiens. « Quelle absurdité, quels mensonges, quelle distorsion totale de la vérité », a-t-il conclu.
Ces propos s’inscrivent dans un contexte plus large, celui d’une communication stratégique visant à renforcer les alliances entre Israël et le monde évangélique, en particulier aux États-Unis. Il est vrai que, comparé à d’autres pays du Moyen-Orient, Israël garantit formellement la liberté de culte, et que des églises, écoles et hôpitaux chrétiens y fonctionnent sans restriction légale.
Cependant, sur le terrain, certains faits récents viennent nuancer cette présentation. La paroisse catholique de la Sainte-Famille à Gaza, tenue par les franciscains, a été touchée en décembre dernier par une frappe israélienne, alors qu’elle servait de refuge à des civils, principalement des femmes et des enfants. L’incident, dénoncé par plusieurs responsables ecclésiastiques, n’a pas donné lieu à une enquête publique. Le curé de la paroisse, le Père Gabriel Romanelli, avait alors exprimé sa tristesse et son incompréhension, tout en appelant au respect de la vie humaine et des lieux sacrés.Par ailleurs, à Jérusalem même, la communauté arménienne continue d’alerter sur les pressions subies dans le quartier du Patriarcat arménien, où des agressions répétées, attribuées à des groupes extrémistes juifs, visent à s’approprier des biens historiques. Le patriarcat a déposé plusieurs plaintes sans obtenir de réponse claire des autorités locales. Ces événements ont conduit le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, à évoquer publiquement la montée d’un climat d’hostilité à l’égard des chrétiens arabes.
Lire aussi
Ces tensions ne remettent pas en cause l’existence d’une réelle liberté religieuse en Israël, mais elles interrogent sur la capacité de l’État à garantir une protection égale à toutes les communautés chrétiennes, qu’elles soient arabes, arméniennes, catholiques ou protestantes. Le contraste est particulièrement fort entre la rhétorique adressée aux partenaires internationaux et les silences prolongés face aux difficultés rencontrées par les chrétiens de Terre Sainte eux-mêmes.
Pour l’Église catholique, la relation avec Israël est à la fois spirituelle, historique et fraternelle. Comme le rappelait Benoît XVI, « le lien entre l’Église et le peuple juif est spirituel, et non seulement politique ou diplomatique ». Reconnaître la mission d’Israël dans la préservation des lieux saints et dans l’accueil de certaines communautés chrétiennes ne signifie pas taire les souffrances réelles de ceux qui, parfois, vivent dans l’ombre d’un conflit sans issue.Oui, Israël est une terre précieuse pour les chrétiens. Oui, les Juifs sont nos frères aînés dans la foi, appelés comme nous à l’écoute du Dieu vivant. Mais c’est précisément au nom de cette fraternité que la vérité doit être dite avec clarté. Le titre de « gardien du christianisme » suppose un engagement concret, constant, respectueux de toutes les confessions, y compris les plus modestes, les plus silencieuses.
Car si Israël veut être un gardien crédible du christianisme, alors ce rôle ne peut se limiter à des discours, aussi forts soient-ils. Il exige d’écouter, de protéger, de garantir à chaque chrétien, qu’il soit pèlerin ou résident, une paix véritable, enracinée dans la justice et la dignité.