Une déclaration sans ambiguïté, empreinte de respect pour les racines chrétiennes de l’Italie. En France, un tel hommage prononcé par un chef de l’État relèverait presque de la provocation. Deux traditions laïques, deux rapports à la foi – et un même défi : celui de l’identité.Sur son compte X Giorgia Meloni n’a pas hésité à célébrer le Jubilé de la Jeunesse avec des mots forts, enracinés, porteurs d’une vision claire de la place du christianisme dans l’histoire italienne. Loin de toute neutralité compassée, la Première ministre a exprimé sa gratitude envers les organisateurs, les volontaires, les forces de l’ordre… mais surtout envers le Saint-Père et les jeunes en prière.
« Nous nous souviendrons longtemps de la veillée émouvante d’hier soir sur l’esplanade de Tor Vergata, avec plus d’un million de jeunes du monde entier venus écouter le Saint-Père et prier avec lui. » Cette phrase, prononcée avec simplicité et force, résume à elle seule la tonalité d’un moment que le gouvernement italien n’a pas cherché à rendre neutre ou purement logistique. Giorgia Meloni ne masque pas la dimension spirituelle de l’événement : elle la revendique.
Le pape Léon XIV, dans son homélie finale, avait lancé cette invitation directe à la jeunesse : « Aspirez à de grandes choses. Ne vous contentez pas de moins. » Une exhortation que Giorgia Meloni a reprise à son compte, comme un écho à la vocation profonde d’un peuple européen qui ne renonce pas à son âme.
Giorgia Meloni souligne également la réussite de l’organisation, fruit d’une collaboration continue entre les institutions civiles et ecclésiales. « Ce furent des journées historiques, et nous sommes fiers de la contribution du Gouvernement […] à travers la ‘Méthode Jubilé’ que nous avons instaurée au Palazzo Chigi », écrit-elle.Il ne s’agit pas ici d’un simple message de félicitations : c’est une conception politique de la laïcité qui se dessine. Une laïcité de reconnaissance, non d’effacement. Une gouvernance qui ne craint pas de s’associer à l’Église quand il s’agit du bien commun, de la jeunesse, de l’espérance.
Peut-on imaginer un président français publier une déclaration similaire à l’occasion d’un grand événement catholique ? Une citation du pape, un hommage explicite à la foi chrétienne, une reconnaissance officielle d’une veillée de prière comme moment marquant pour la nation ?
Non seulement cela semble improbable, mais cela serait sans doute jugé inacceptable par certains. La laïcité à la française, fondée sur la loi de 1905, est devenue dans bien des cas une neutralité rigide, presque hostile à toute expression religieuse chrétienne issue de l’histoire de France et venue de l’État.La France, pourtant « fille aînée de l’Église », en est arrivée à un point où l’évocation même des racines chrétiennes suscite malaise, soupçon ou rejet. Toute déclaration dans ce sens émanant du chef de l’État serait immédiatement critiquée, caricaturée ou rangée au rang des provocations conservatrices.
L’Italie montre ici une autre voie : celle d’un État laïc mais enraciné, d’un gouvernement qui coopère avec l’Église sans crainte ni confusion des rôles. La foi n’y est pas reléguée à la sphère privée, elle fait partie intégrante de la mémoire collective et du patrimoine national. La déclaration de Giorgia Meloni n’est pas un accident. Elle s’inscrit dans une vision de civilisation. Et elle pose une question que bien des responsables français refusent de formuler : peut-on parler d’identité nationale sans parler de la foi qui l’a façonnée ? Et jusqu’à quand la France pourra-t-elle ignorer cette dimension sans se perdre elle-même .
Intégralité du message publié par Giorgia Meloni sur X
« Grâce au Jubilé de la Jeunesse, Rome a vécu des journées extraordinaires, imprégnées de foi, de joie et d’espérance.
Nous nous souviendrons longtemps de la veillée émouvante d’hier soir sur l’esplanade de Tor Vergata, avec plus d’un million de jeunes du monde entier venus écouter le Saint-Père et prier avec lui.
« Aspirez à de grandes choses. Ne vous contentez pas de moins », a déclaré le pape Léon XIV lors de la messe de clôture d’aujourd’hui. Des paroles puissantes qui resteront gravées dans la mémoire de tant de personnes et que nous chérirons tous.Ce furent des journées historiques et nous sommes fiers de la contribution du Gouvernement au succès de l’événement, à travers la « Méthode Jubilé » que nous avons instaurée au Palazzo Chigi après notre inauguration, et qui nous a permis de coordonner de manière optimale l’impressionnante machinerie organisationnelle au fil des ans.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont joué leur rôle, avec professionnalisme et passion, apportant du prestige à notre nation et contribuant au succès global de l’événement.Mes remerciements particuliers vont à tous les bénévoles, travailleurs et agents des forces de l’ordre qui, en étroite collaboration avec les administrations compétentes et sous la direction du Cabinet du Premier ministre, ont assuré la sécurité et fourni aux pèlerins l’assistance dont ils avaient besoin.
Le Gouvernement continuera à travailler avec le même dévouement et la même détermination pour assurer le succès des prochains événements du Jubilé. »
