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VENEZUELA : La mort de Monseigneur Moronta, un moment de vérité pour Nicolas Maduro ?

Monseigneur Moronta,  ( à gauche) , Nicolas Maduro ( à droite) - DR
Monseigneur Moronta, ( à gauche) , Nicolas Maduro ( à droite) - DR
Cette disparition semble aussi raviver chez le président Nicolás Maduro un désir de rapprochement avec l’Église, en souvenir du lien personnel qui unissait Mgr Moronta à l’ancien président Hugo Chávez

Le décès de Mgr Mario Moronta, survenu lundi à l’âge de 76 ans, marque une perte significative pour l’Église catholique du Venezuela. Ancien évêque de San Cristóbal et ex-premier vice-président de la Conférence épiscopale vénézuélienne (CEV), il a été salué unanimement comme un homme de foi au service indéfectible du peuple.Dans un communiqué, la CEV a exprimé « un profond chagrin et de sincères condoléances », soulignant qu’il s’agissait d’« un pasteur infatigable », dont l’engagement en faveur des valeurs évangéliques et du peuple du Táchira a laissé « une empreinte indélébile ».

L’épiscopat souligne également que « son action constante en faveur de la paix et de la justice sociale au Venezuela l’a distingué, tout comme sa proximité avec les fidèles, notamment les migrants, les plus défavorisés et les jeunes ».« Son leadership et sa proximité pastorale ont marqué la vie d’innombrables personnes. Nous élevons nos prières vers le Seigneur afin qu’Il accueille Son serviteur fidèle dans Son Royaume et lui accorde le repos éternel ; et que la Très Sainte Vierge le prenne sous son manteau maternel. » a déclaré la La Conférence qui a également prié pour que le Seigneur accueille son serviteur fidèle dans Son royaume.

La disparition de Monseigneur Moronta a aussi suscité des réactions au-delà des cercles ecclésiaux. Plusieurs personnalités politiques, des partis d’opposition ainsi que des organisations civiles comme Fedecámaras, principale confédération patronale du pays, ont tenu à lui rendre hommage via des messages publiés sur les réseaux sociaux.À la surprise de certains, le président Nicolás Maduro lui-même a exprimé ses condoléances publiques à la communauté catholique. Lors de son émission télévisée hebdomadaire Con Maduro+, il a adressé « à toute l’Église catholique vénézuélienne, à mon Église catholique, et à sa famille », ses condoléances et sa solidarité. Il a évoqué les « bons souvenirs de cette époque des années 1980, quand nous étions orphelins et qu’il n’y avait pas de voix pour défendre le peuple ».

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Le président a reconnu que Monseigneur Moronta fut une figure de référence pour la jeunesse vénézuélienne à cette époque, en raison de sa proximité avec la théologie de la libération. Il a notamment rappelé son courage durant les événements tragiques du Caracazo en 1989, lorsque l’évêque fut l’une des rares voix à dénoncer les violences. « Plus tard, nos chemins ont divergé, mais nous l’avons toujours respecté. Nous l’estimions profondément », a déclaré le président Maduro, qui a précisé l’avoir rencontré à plusieurs reprises à San Cristóbal, tout en saluant la relation constante que Mgr Moronta entretenait avec le gouverneur Freddy Bernal, dans l’ouest du pays.

Jusqu’à ces dernières années, Monseigneur Moronta était demeuré actif au sein de la Conférence épiscopale, se positionnant avec clarté et fermeté dans les moments critiques de la vie nationale. En 2017, il avait participé à une délégation ecclésiale reçue au Vatican par le pape François, afin d’alerter sur la situation du pays en pleine crise politique et sociale.Dans un Venezuela marqué par les tensions persistantes entre l’État et l’Église, cette disparition fait résonner un silence qui oblige à la mémoire et peut-être, à un dialogue renouvelé. La stature morale de Mgr Moronta, son enracinement pastoral et son engagement auprès des plus vulnérables laissent une trace durable dans la vie de l’Église et de la nation.

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