À l’occasion de la fête de saint Gaétan, patron du pain, de la paix et du travail, l’Église catholique argentine a publié un message fort en direction du gouvernement de Javier Milei. Dans un contexte de précarité sociale croissante, la Commission exécutive de la Conférence épiscopale argentine (CEA), présidée par Mgr Marcelo Daniel Colombo, s’est unie à tous les évêques du pays pour rappeler que le droit au travail est un pilier de la dignité humaine.
Le communiqué, signé également par le cardinal Ángel Rossi, l’évêque César Daniel Fernández et Mgr Raúl Pizarro, a critiqué l’écart entre les déclarations optimistes du président et la réalité vécue par une grande partie de la population. Quelques jours plus tôt, Javier Milei avait affirmé que son plan économique « fonctionne » et que « les salaires et les retraites se multiplient ». Les évêques ont répondu sans le nommer, soulignant que l’on ne peut considérer une mesure comme réussie si elle entraîne la perte d’emplois ou condamne des familles à vivre dans l’angoisse.Dans leur message, les prélats ont tenu à valoriser toutes les formes de travail, y compris les emplois informels, l’économie populaire, les activités familiales et même le recyclage. Toute activité qui permet de mettre dignement le pain sur la table mérite, ont-ils affirmé, d’être reconnue et protégée.
Le média mediosrioja précise que le 7 août dernier , comme chaque année, des milliers de fidèles se sont rendus au sanctuaire de saint Gaétan à Liniers, pour prier et confier leurs intentions au saint patron. L’archevêque de Buenos Aires, Jorge García Cuerva, y a présidé la messe principale et béni les instruments de travail. Mais cette année, la journée a pris une dimension plus politique : une marche a été organisée depuis Liniers jusqu’à la place de Mai, en passant par Once et le Congrès, pour protester contre les effets sociaux de la politique économique actuelle. Elle a été soutenue par plusieurs syndicats d’enseignants, de fonctionnaires et de travailleurs de l’économie informelle, par la confédération des salariés du transport, ainsi que par des organisations représentant les travailleurs précaires, comme les vendeurs de rue, les récupérateurs de matériaux et les petites coopératives de quartier. Cette mobilisation a voulu faire mémoire de la marche de Saúl Ubaldini en 1981 sous la dictature, et alerter sur la détérioration rapide des conditions de vie.
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Dans leur déclaration, les évêques ont rappelé que le travail est une réponse concrète à la souffrance de nombreuses familles et ont demandé l’intercession de saint Gaétan pour qu’il ne manque pas de travail digne dans les foyers argentins. Ils ont également appelé à ouvrir de nouvelles opportunités pour ceux qui vivent aujourd’hui dans la précarité.
Voici l’intégralité du communiqué publié le 5 août par la Commission exécutive de la Conférence épiscopale argentine :
« Message de la Commission exécutive de la Conférence épiscopale argentine
A l’occasion de la fête de saint Gaétan, patron du pain, de la paix et du travail, avec tous les évêques argentins, nous avons voulu nous unir aux milliers de fidèles qui, dans tout le pays, se sont rendus dans les sanctuaires, les paroisses et les communautés pour demander son intercession ou rendre grâce pour les faveurs reçues.
La dévotion à saint Gaétan est une expression profonde de la foi de notre peuple, qui ne se résigne pas à la souffrance et qui, avec espérance et solidarité, prie et marche, confiant à Dieu ses besoins personnels et familiaux les plus urgents.Cette journée nous a invités à écouter le cri de tant de frères et sœurs qui voient dans le travail la possibilité d’être utiles et de contribuer au bien commun. Travailler constitue un droit fondamental qui construit la vie personnelle et celle de la famille, et soutient le tissu social. Le manque de travail blesse profondément la dignité des personnes et peut conduire au découragement, à l’isolement et à la perte de sens.
Dans tout plan économique, protéger l’emploi et les sources de travail doit être une priorité incontournable. Aucune mesure ne peut être considérée comme réussie si elle implique que les travailleurs perdent leur emploi ou vivent dans l’angoisse et l’incertitude quant à leur avenir.En ces temps difficiles, nous avons voulu valoriser toutes les formes de travail : l’emploi formel, les petites entreprises familiales, l’économie populaire, le recyclage, les petits boulots. Toute activité qui, par l’effort, permet de mettre dignement le pain sur la table mérite d’être reconnue, accompagnée et protégée.
Nous avons demandé l’intercession de saint Gaétan pour qu’il ne manque pas de travail digne dans nos foyers, et pour que ceux qui aujourd’hui sont sans emploi ou vivent dans des conditions de travail précaires trouvent de nouvelles opportunités qui leur rendent l’espérance et améliorent leur qualité de vie.
Signé par
Marcelo D. Colombo, archevêque de Mendoza, président
Ángel S. Card. Rossi, archevêque de Córdoba, 1er vice-président
César Daniel Fernández, évêque de Jujuy, 2e vice-président
Raúl Pizarro, évêque auxiliaire de San Isidro, secrétaire général
Commission exécutive
Conférence épiscopale argentine »