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« Il serait assurément souhaitable de rouvrir davantage la porte aujourd’hui fermée » : le cardinal Koch donne un réel espoir aux fidèles de la messe tridentine

cardinal Koch - DR
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Dans un entretien accordé au site catholique kath.net, le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, évoque les priorités œcuméniques du pontificat de Léon XIV. Il revient également discrètement, sur la possibilité d’une réouverture à la messe traditionnelle : est-ce la fin du purgatoire pour les tradis ?

L’entretien a été mené le 6 août 2025 par le journaliste Michael Hesemann pour le média catholique germanophone kath.net. Ce dialogue approfondi avec le cardinal Kurt Koch offre un éclairage précieux sur les orientations que pourrait prendre le pontificat de Léon XIV en matière d’œcuménisme, de liturgie et de gouvernance ecclésiale. Le cardinal Koch, originaire de Suisse, est à la tête du dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens depuis 2010, après avoir été évêque de Bâle et président de la conférence épiscopale suisse.

La question de la messe tridentine, longtemps reléguée au second plan dans les discours officiels, surgit brièvement en fin d’entretien. Interrogé sur l’éventualité d’un climat plus favorable envers les fidèles attachés à l’usus antiquior, le cardinal répond avec clarté :
« Je n’ai pas parlé de cela avec le pape Léon, et je ne veux pas susciter de faux espoirs. Personnellement, je souhaiterais que nous trouvions ici un bon chemin. Benoît XVI a montré une voie utile, convaincu que ce qui a été pratiqué pendant des siècles ne peut tout simplement pas être interdit. Cela m’a convaincu. »
Puis, avec une phrase porteuse d’espoir pour des milliers de fidèles privés de leur liturgie traditionnelle depuis Traditionis custodes :« Il serait assurément souhaitable de rouvrir davantage la porte aujourd’hui fermée. » Sans promettre de réformes imminentes, le cardinal exprime ici une critique implicite de la ligne de François, et laisse entrevoir une ouverture potentielle, si le pape le souhaite.

Notons que le cardinal Koch accorde une place importante au dialogue avec les Églises orthodoxes, saluant les premiers gestes du pape Léon XIV dans cette direction. Il insiste sur la proximité théologique entre les deux traditions et note : « Il a une relation intérieure avec le monde oriental. » Le voyage prévu du pape en Turquie à l’occasion du 1700e anniversaire du concile de Nicée s’inscrit dans cette dynamique d’unité fondée sur la fidélité commune aux conciles des premiers siècles.

Mais cet élan a été récemment freiné, reconnaît le cardinal, par les réactions négatives à la déclaration Fiducia supplicans. Lors d’une rencontre œcuménique avec les Églises orientales, le sujet de discussion prévu, la Vierge Marie, a été entièrement éclipsé par la polémique. « Les Églises orientales voulaient discuter exclusivement de Fiducia supplicans. » Le cardinal admet que cette rupture a suspendu le dialogue, le temps que chaque partie tienne des réunions internes séparées.Le prélat également les réserves majeures de la part des évêques catholiques africains, qui ont vu dans cette déclaration une approbation implicite non seulement des unions homosexuelles, mais aussi des unions polygames, contraires à la tradition catholique et africaine. Cette contestation, à la fois doctrinale et pastorale, illustre combien la question de la vérité reste centrale dans tout processus d’unité.

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Sur le point-clé de la primauté romaine, le cardinal rappelle que les orthodoxes reconnaissent une hiérarchie d’honneur entre les sièges épiscopaux, avec Rome en première position. Mais il reste une question non résolue : « Quelles compétences l’évêque de Rome possède-t-il, s’agit-il d’un simple primat d’honneur, ou bien cela implique-t-il des tâches et des droits spécifiques ? » Le cardinal Koch mentionne à ce propos l’appel lancé par Jean-Paul II en 1995 pour une relecture commune du ministère pétrinien, et souligne que le dicastère qu’il dirige a récemment envoyé un document à toutes les Églises chrétiennes pour nourrir cette réflexion.Interrogé sur la synodalité, le cardinal Koch distingue soigneusement la conception catholique inspirée par saint Augustin de celle, plus politique, du Synodaler Weg allemand. Il cite le pape Léon XIV qui, dans son premier discours, affirmait : « Avec vous, je suis chrétien, pour vous, je suis évêque. » Cette tension entre communion et autorité est, selon lui, le cœur même de la véritable synodalité, dans laquelle le primat et la collégialité ne s’opposent pas mais se complètent. « Le prototype de la synodalité, c’est l’Esprit Saint. »

Enfin, le cardinal évoque la perspective d’un accord sur une date commune pour la célébration de Pâques entre catholiques et orthodoxes. Il se montre favorable, mais prudent, une telle avancée ne doit en aucun cas entraîner de nouvelles divisions au sein des Églises. L’unité, répète-t-il, ne peut se faire qu’à la condition de ne pas sacrifier la vérité ni la paix intérieure des communautés.À travers cet entretien, le cardinal Koch offre une vision mesurée où la patience, le discernement et la fidélité à l’héritage de l’Église sont les conditions nécessaires à toute avancée. À travers ces paroles mesurées, le cardinal Koch laisse entrevoir que la fin de la persécution liturgique, décidée unilatéralement par François, pourrait ne plus tarder, si Léon XIV choisit de rouvrir, dans un esprit de paix et de justice, la porte que son prédécesseur avait brutalement refermée

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