À Saintry-sur-Seine, petite commune de 6 000 habitants, les marteaux et les pinceaux résonnent chaque jour dans l’église de la Nativité. Depuis le 1er août, 57 volontaires, âgés de 18 à 91 ans, se relaient pour rénover bénévolement cet édifice construit à la fin du XVIIIe siècle par la famille de Clermont-Tonnerre.Le maire, Patrick Rauscher, lui-même sur le chantier, rappelle que cette mobilisation s’inscrit dans une tradition locale de chantiers participatifs lancée en 2021 : « On réalise des choses qu’on n’aurait pas pu faire dans l’immédiat sans le bénévolat. L’idée, c’est d’entretenir notre patrimoine sur un principe de solidarité et de resserrer les liens autour d’un projet commun. »
Chaque jour, une vingtaine de volontaires se répartissent les tâches : montage de 500 m² d’échafaudages, nettoyage des pierres, peinture des murs… Les artisans locaux prêtent main-forte et le matériel est fourni gratuitement. Seuls le sol et les vitraux ne sont pas concernés par les travaux.Le média Frontières précise que cette implication citoyenne permet à la commune d’économiser environ 80 000 €, une somme précieuse qui pourra être investie ailleurs. Un bénéfice matériel qui n’éclipse pas l’autre gain, moins chiffrable : la fraternité retrouvée.
Pour Bernard, habitant depuis quarante ans, l’engagement est naturel : « Ce qui m’a donné envie, c’est principalement le patrimoine. C’est notre cadre de vie et c’est normal de participer. » Au fil des jours, les repas partagés et les heures passées ensemble cimentent des liens durables : « On devient amis le temps des travaux », confie le maire.Si le chantier s’achève comme prévu fin août, l’église pourra rouvrir ses portes dès septembre pour la célébration du culte. Et chacun saura qu’il prie dans un édifice restauré par les mains mêmes de la communauté qu’il abrite.
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Si la mobilisation des habitants de Saintry-sur-Seine force l’admiration, elle prend aussi une résonance particulière dans un contexte national inquiétant. Partout en France, des églises, parfois séculaires, sont fermées, désacralisées, reconverties en salles de spectacle ou purement et simplement détruites. La raison invoquée est souvent la même : les coûts de restauration jugés « exorbitants ».Dans certaines communes, ce sont des choix politiques qui privilégient d’autres priorités : des subventions généreuses accordées à des associations éphémères, des projets culturels passagers ou des aménagements urbains sans âme, pendant que le patrimoine religieux est laissé à l’abandon. Ce patrimoine n’est pas seulement une architecture ou une façade : il est le cœur vivant de nos villages, témoin d’une foi transmise de génération en génération, refuge pour la prière et signe visible de la présence de Dieu au milieu de son peuple.
À Saintry-sur-Seine, au contraire, les habitants ont choisi de se retrousser les manches, mus par une foi ardente et un sens aigu du bien commun. Ils rappellent que la sauvegarde d’une église n’est pas un luxe, mais un devoir envers nos ancêtres et un don pour les générations futures. Grâce à leur engagement, l’église de la Nativité ne connaîtra pas le triste sort de tant d’autres : elle continuera à accueillir les sacrements, les fêtes paroissiales et la prière des fidèles.En redonnant vie à leur église, ces bénévoles ont montré que lorsque la foi et l’amour du patrimoine se conjuguent, aucun obstacle n’est insurmontable. Ils offrent à la France tout entière un témoignage lumineux : celui d’un peuple qui ne renonce pas à son héritage spirituel et qui sait, même avec des moyens modestes, bâtir pour l’éternité.