Le pape Léon XIV lui-même a déjà appelé à un cessez-le-feu immédiat et la complexité du conflit nourrit l’émotion internationale et les propositions en tous genres. Le message de Madonna, centré sur la souffrance palestinienne, ne doit pas faire oublier que le conflit ne se résume pas à un seul camp victime et un seul camp agresseur.Pour Israël, la poursuite des opérations militaires n’est pas seulement une question de représailles après des attaques du Hamas, mais une nécessité perçue comme existentielle. Les autorités israéliennes affirment que tant que le Hamas, organisation armée et idéologiquement hostile à l’État hébreu, conserve ses capacités militaires et ses tunnels souterrains, aucune trêve durable n’est possible. Les attentats et les tirs de roquettes qui ont visé les civils israéliens, y compris les enlèvements d’octobre dernier, entretiennent dans la société israélienne un sentiment d’insécurité profonde. Les dirigeants insistent sur le fait que relâcher la pression militaire reviendrait à permettre au Hamas de se réarmer et de préparer de nouvelles offensives.
Si Gaza paye un tribut humain considérable, les familles israéliennes vivent également dans l’angoisse, sirènes d’alerte, vies suspendues dans les zones frontalières, peur permanente pour les otages toujours détenus. Des centaines de milliers d’Israéliens ont dû quitter temporairement leurs maisons. Les mères de Gaza craignent pour leurs enfants sous les bombes, tandis que les mères israéliennes redoutent que les leurs soient tués dans les attaques ou ne reviennent jamais des tunnels où ils sont prisonniers. C’est cette double tragédie que Madonna a tenté d’évoquer en affirmant que « tout le monde souffre ».
Très Saint-Père,
S’il vous plaît, allez à Gaza et apportez votre lumière aux enfants avant qu’il ne soit trop tard. En tant que mère, je ne peux supporter de voir leur souffrance. Les enfants du monde appartiennent à tout le monde. Vous êtes le seul d’entre nous à qui l’on ne peut refuser l’entrée.
Nous avons besoin que les couloirs humanitaires soient pleinement ouverts pour sauver ces enfants innocents.
Il n’y a plus de temps. S’il vous plaît, dites que vous irez.
Avec amour,
Madonna
La demande de Madonna repose sur une idée, le pape Léon XIV, en tant que figure morale universelle, pourrait transcender les clivages et favoriser une désescalade. Historiquement, la diplomatie vaticane a parfois servi de médiateur dans des conflits gelés. Pourtant, même un voyage pontifical à Gaza aurait des limites, Israël, soucieux de sa sécurité, devrait donner son accord d’accès, le Hamas, de son côté, pourrait instrumentaliser une visite pour renforcer sa propagande. Le risque serait que le symbole se heurte à la réalité des blocages politiques.L’appel de Madonna a touché par sa sincérité et sa compassion, mais il se heurte à un contexte où chaque geste est interprété politiquement. La souffrance des enfants, qu’ils soient palestiniens ou israéliens, ne pourra cesser que par un processus politique crédible, exigeant des concessions des deux côtés et une sécurité garantie pour Israël comme pour la population de Gaza. En attendant, les voix qui, comme celle de Madonna, rappellent la dimension humaine du drame contribuent au moins à maintenir la pression morale sur les décideurs, mais la paix, elle, ne viendra pas de la seule force de l’émotion.
On notera enfin que le 4 juillet dernier, Madonna avait publié une photo posant avec une statue de Bouddha et un verre à la main, accompagnée de la légende « La méditation et les Margaritas avec le Bouddha sont fortement recommandées le 4 juillet ! 🇺🇸 ». Un ton léger qui contraste avec la gravité de son appel au pape, et qui amène certains à lui suggérer, plutôt qu’un cocktail, de commencer par adresser elle-même une prière.
