Si l’affaire du père Dominique Spina à Toulouse continue d’agiter l’Église de France, un autre dossier sensible avait refait surface dans le diocèse d’Angers, celui de la nomination du père Joseph Renaud. Cependant ce jeudi14 août selon nos confrères de Mediapart : « lui n’a pas voulu aller jusqu’au bras de fer ». Tandis que l’archevêque de Toulouse se montre toujours inflexible, malgré les appels répétés à revenir sur la nomination controversée du père Spina, Mgr Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, a choisi de renoncer à celle du père Joseph Renaud, condamné en 2017 pour détention et diffusion d’images pédopornographiques. L’évêque aurait pris cette décision pour éviter, selon ses mots, de « troubler la foi et la confiance des fidèles ».
Ce retrait intervient alors que le nouveau président de la Conférence des évêques de France, Mgr Jean-Marc Aveline, appelle publiquement à « éviter toute blessure supplémentaire dans le peuple de Dieu » .Cependant la polémique toulousaine est installée et l’éveque est imperturbable .
Certains, au diocèse de Toulouse, justifient encore leur position en expliquant qu’il vaut mieux qu’un prêtre actif, en pleine possession de ses pouvoirs sacerdotaux, soit sur le terrain auprès des fidèles plutôt que cantonné à des tâches administratives. Une explication comme une autre, avancée à ceux qui estiment qu’un prêtre sans mauvaise réputation devrait le remplacer.
Les faits reprochés au père Renaud remontent à 2014. Cette année-là, il reconnaît détenir des images pédopornographiques. L’affaire avait débuté en 2012 lorsqu’un signalement de Microsoft, qui avait détecté des fichiers illicites sur son cloud , avait conduit les enquêteurs, avec l’aide du FBI, jusqu’à son ordinateur. Alors curé de Saint-Barthélemy-d’Anjou et de Saint-Maurice-Saint-Pierre-de-Trélazé-Sorges, il finit par avouer. Une vingtaine de photographies sont retrouvées.En 2017, le tribunal correctionnel d’Angers le condamne à deux ans de prison, dont quatre mois ferme, assortis d’un contrôle judiciaire et d’une obligation de soins. Malgré cette condamnation, et en dépit de la gravité des faits, le père Renaud a peu à peu retrouvé des fonctions officielles dans le diocèse. En 2025, il cumule même plusieurs responsabilités : aumônier diocésain de Partage et Rencontre, aumônier du monastère Notre-Dame des Gardes, archiviste-adjoint des archives diocésaines, délégué au bureau des mariages, notaire à la chancellerie, membre élu du comité de gestion de la Mutuelle Saint-Martin et membre du conseil presbytéral.
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Or, le Code de droit canonique exige, au canon 483, que les notaires diocésains soient « de réputation intègre et au-dessus de tout soupçon », particulièrement dans les affaires où la réputation d’un prêtre est en jeu. Le maintien du père Renaud à ce poste, malgré sa condamnation, interroge donc sur la cohérence entre les normes canoniques et les décisions prises.
Cette situation soulevait une question de fond, la même question que pour le diocèse de Toulouse : comment restaurer la confiance des fidèles lorsque des clercs condamnés pour des faits aussi graves sont replacés au cœur de la gouvernance diocésaine ?
Si la miséricorde et la possibilité de conversion sont au cœur du message évangélique, elles ne peuvent être dissociées de la prudence et de la justice. Confier des postes sensibles à des clercs condamnés pour des crimes contre des mineurs ou pour des faits liés à la pédopornographie expose non seulement à un grave scandale, mais contredit l’engagement solennel pris par l’Église de protéger les plus vulnérables et de garantir la transparence.En renonçant à cette nomination, Mgr Delmas a envoyé un signal clair : mettre au premier plan la protection des fidèles et le respect des victimes. Ce choix, même tardif, rappelle que la crédibilité de l’épiscopat se joue aussi dans ces décisions concrètes, là où prudence, justice et vérité doivent l’emporter sur toute autre considération.