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« 59 % des Français ne croient plus en Dieu » : la foi catholique reléguée en minorité historique ?

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La France passe d’une identité catholique largement héritée à une société où l’adhésion religieuse est un choix minoritaire et souvent tardif

Le premier enseignement de cette étude est le basculement générationnel. Alors que 62 % des plus de 65 ans se disent catholiques, ils ne sont plus que 18 % chez les 18–24 ans. Cela ne traduit pas seulement un recul de la pratique : c’est l’idée même d’appartenance religieuse qui s’efface. Seuls 41 % déclarent croire en Dieu, alors que 76 % sont baptisés. Ce contraste illustre un paradoxe : un lien culturel massif avec le catholicisme, mais une pratique et une foi qui s’effritent rapidement

La France passe d’une identité catholique largement héritée à une société où l’adhésion religieuse est un choix minoritaire et souvent tardif.

Pourtant, trois Français sur quatre restent baptisés. Le baptême reste donc ancré comme un rite culturel ou familial, mais sa signification religieuse semble s’estomper. Ce décalage se voit dans la pratique : seuls 4 % vont à la messe chaque dimanche, et même parmi les baptisés, deux tiers ne s’y rendent jamais. L’église paroissiale est donc souvent perçue comme un lieu ponctuel de célébration ,mariages, funérailles, plutôt qu’un centre de vie spirituelle régulière.La fréquentation physique des églises reste élevée : 96 % des Français y sont déjà entrés au moins une fois. Mais la moitié y vient pour une cérémonie, un tiers pour le tourisme, et un quart pour admirer l’architecture. Cela montre que le lien avec le patrimoine religieux résiste mieux que le lien avec la liturgie. En clair, l’église comme monument survit mieux que l’église comme lieu de culte.

La prière demeure une pratique plus vivante : 52 % des Français y ont recours. Mais ici encore, le contenu dit beaucoup : 46 % s’adressent à Dieu, mais près d’un cinquième prie “le cosmos” ou “personne en particulier”. La spiritualité se détache ainsi du cadre chrétien et devient plus individualisée, voire syncrétique. Les intentions de prière sont centrées sur la santé, la paix intérieure et la paix mondiale ,des aspirations universelles mais peu directement liées au message évangélique ou à la vie sacramentelle.Un autre signe marquant est la demande de silence et de contemplation : 64 % estiment que notre société en manque. Ce besoin, partagé au-delà des croyants, pourrait être un point d’entrée pour une proposition spirituelle adaptée à un monde saturé de bruit et de sollicitations.

La conversation sur la religion, elle, s’éteint peu à peu : -26 points depuis 2009 pour ceux qui en parlent régulièrement. Cette raréfaction du discours religieux dans les familles et entre amis contribue à rompre la chaîne de transmission. Même si la foi existe encore, elle est moins exprimée, donc moins transmise.L’image des catholiques reste globalement bonne (69 % d’opinions favorables). Les Français distinguent donc nettement les croyants de l’institution : le catholicisme comme corps de doctrine recueille 62 % d’avis positifs, et l’Église institutionnelle tombe à 53 %. Les scandales d’abus sexuels pèsent lourd (36 % les citent comme principal facteur négatif), ce qui affaiblit l’autorité morale de l’institution même chez ceux qui respectent ses membres. Les prêtres conservent l’image de personnes disponibles et ouvertes, mais cette appréciation recule, signe que la crise de confiance est durable.

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Sur la place de la religion dans l’espace public, seuls 34 % jugent légitime une expression visible de sa foi. Cette réserve reflète la prégnance d’une vision stricte de la laïcité, où la religion se vit dans la sphère privée. Enfin, quand on demande dans quels domaines l’Église peut être utile, la réponse est claire : le social d’abord (accompagnement des malades, lutte contre l’exclusion), bien avant l’éducation ou la défense des positions morales traditionnelles.

Notons que cette étude révèle un catholicisme français à deux vitesses. Sur le plan culturel et social, il reste bien présent : les églises, les rites et la solidarité catholique font encore partie du paysage. Mais sur le plan spirituel, la foi recule, la pratique se raréfie, et le discours religieux disparaît des conversations ordinaires. Le catholicisme reste respecté dans son action caritative, mais moins suivi dans sa mission évangélisatrice et morale.

Pour l’Église, le défi est double : regagner une crédibilité spirituelle tout en continuant à répondre aux attentes sociales. L’enjeu n’est plus seulement de préserver un héritage, mais de redonner sens et saveur à une foi que beaucoup connaissent par culture, mais non plus par conviction.

Comptons sur nos évêques , et sur le nouveau président de la CEF, Monseigneur Aveline, pour relever ce défi…

Intégralité de l’étude Ifop

Observatoire du catholicisme – IFOP, enquête publiée en mars 2025, réalisée en ligne du 13 au 19 février 2025 auprès d’un échantillon représentatif de 2 002 personnes âgées de 18 ans et plus.

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