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Ortega frappe encore : une école catholique confisquée au Nicaragua

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Un nouvel épisode dans la persécution systématique que subit l’Église catholique au Nicaragua

« Une nouvelle école, une conquête de paix » : c’est en ces termes cyniques que Rosario Murillo, épouse et co-présidente du dictateur Daniel Ortega, a justifié l’expropriation du Colegio San José, dirigé par les Sœurs Giuseppines à Jinotepe.Le mardi 12 août dernier, les autorités nicaraguayennes ont officiellement confisqué l’école catholique San José, chassant les religieuses qui en avaient la charge depuis 1985. La décision a été annoncée par Rosario Murillo lors d’une cérémonie publique, où elle s’est félicitée de ce qu’elle a présenté comme « une conquête de paix ». En réalité, il s’agit d’une nouvelle offensive contre la liberté religieuse et la présence de l’Église catholique dans la société.

Quelques jours avant la saisie, des agents de la police et du parquet avaient multiplié les visites dans l’établissement, semant l’inquiétude chez les parents, les enseignants et les religieuses. Le jour venu, un représentant du ministère de l’Éducation s’est présenté, a annoncé la suspension des cours et a exigé des sœurs qu’elles remettent clés, archives et gestion administrative. Le nouveau directeur n’est autre qu’Ermes Morales, ancien paramilitaire sandiniste impliqué dans la répression sanglante de 2018.Les menaces remontent à septembre dernier, lorsque les religieuses avaient refusé d’arborer le drapeau du Front sandiniste lors des fêtes nationales. Le climat s’était ensuite tendu, jusqu’à cet acte brutal. Ironie de l’histoire : en 2016, l’Assemblée nationale, alors aux mains du régime, avait décerné une médaille d’or à la congrégation pour son service éducatif et social exemplaire.

Dans ce climat de terreur, beaucoup attendent une parole ferme de la part de l’Église universelle, et notamment du pape, pour soutenir un peuple meurtri mais fidèle

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Fondée en 1984 par les salésiens puis confiée aux Sœurs Giuseppines, l’école San José accueillait 600 élèves, de la maternelle au secondaire. Sa pédagogie unissait excellence académique, formation chrétienne et service des autres, selon sa devise : « Présence de Dieu, estime de soi et amour du prochain ». Désormais, l’établissement a été rebaptisé « Bismarck Martínez », du nom d’un militant sandiniste, sans aucun lien avec l’histoire du collège.Cette nouvelle saisie s’ajoute à une longue liste : confiscation de l’Université centraméricaine (UCA) des jésuites en 2023, fermeture de séminaires, maisons de retraites spirituelles et couvents en 2024 et 2025, gel des comptes bancaires des paroisses, suppression du statut juridique de congrégations comme celui des Frères Mineurs franciscains. Ortega a même qualifié le clergé de « mafia » qu’il faudrait éradiquer.

Alors que le Vatican reste discret, comme souvent face aux régimes communistes d’Amérique latine, le Département d’État américain a dénoncé « une preuve supplémentaire de la perversité de la dictature Ortega-Murillo, qui ne connaît aucune limite ». Pendant ce temps, au Nicaragua, l’arbitraire s’accroît, y compris parmi les partisans du régime eux-mêmes, jetant toute la société dans la peur. Les catholiques, eux, continuent de payer le prix fort.

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