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Monarchie britannique : un certain renoncement à la foi chrétienne assumé par Charles III

Le roi est le souverain de tous, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions, mais doit-il pour autant effacer l’identité millénaire du royaume ?

Au Royaume-Uni, chaque mois de juin dans de nombreux endroits l’Union Jack est abaissé pour laisser place au drapeau arc-en-ciel de la Gay Pride. Ce geste symbolique illustre le dilemme d’une monarchie chrétienne contrainte de naviguer entre l’héritage spirituel qui fonde sa légitimité et les pressions LGBT d’un monde post-chrétien. Le roi Charles III, en tant que souverain et gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre, se trouve pris dans cette contradiction : être le garant d’une institution enracinée dans le christianisme, tout en régnant sur une nation où l’influence de la foi chrétienne décline rapidement. Un certain renoncement à la foi chrétienne, désormais assumé par Charles III, met en lumière la crise profonde que traverse le Royaume.Les multiples attitudes de dialogue, qu’il cherche à présenter comme une modernisation nécessaire de la Couronne traduisent moins une vision ferme ancrée dans l’histoire qu’une inquiétude permanente de plaire à l’air du temps, comme si le roi craignait d’assumer jusqu’au bout l’héritage chrétien et millénaire du Royaume-Uni.Rappelons que pour la première fois dans l’histoire des couronnements britanniques, la cérémonie a inclus des représentants de religions non chrétiennes (juifs, hindous, sikhs, musulmans, bouddhistes, etc.), qui ont participé à la procession d’entrée et ont prononcé une salutation commune : signe d’ouverture ou de renoncement ?

Charles III revendique également une « monarchie verte », il se focalise sur une certaine idée de l’écologie proche du pape François, mais contestée par le pape Léon XIV, qui vient de rappeler avec force que l’homme n’est pas esclave de la nature et que seul le Christ doit demeurer au centre.D’autres gestes posés par le palais ont choqué : notamment le repas de rupture du Ramadan organisés pour la première fois à Windsor, les expositions consacrées aux « artistes queer » ou la participation appuyée aux célébrations LGBT. La monarchie, qui fut le cœur spirituel et symbolique d’une nation unie autour du Christ, semble aujourd’hui refléter les tensions d’un pays fracturé.

Certes, le roi est le souverain de tous, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions, mais doit-il pour autant effacer l’identité millénaire du royaume ?

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L’exemple des écoles britanniques, où des parents musulmans s’opposent frontalement aux programmes LGBT, illustre bien cette collision entre deux forces qui se disputent désormais l’espace public : le progressisme sexuel et un islam de plus en plus affirmé. Dans les rues de Londres, de Birmingham ou de Manchester, les prières collectives organisées au grand jour témoignent d’une volonté de visibilité conquérante. Loin de se fondre dans une neutralité laïque, une partie des musulmans revendique haut et fort sa foi et son identité. Le symbole est d’autant plus fort que le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, n’a pas hésité à afficher sa pratique religieuse, allant jusqu’à être filmé en prière lors de cérémonies officielles.

Cette évolution pose une question fondamentale : où est la nouvelle orientation du Royaume ? Et surtout, que reste-t-il de son socle chrétien ? Entre un progressisme qui érige la fluidité sexuelle et culturelle en normes suprêmes, et une affirmation islamique qui se veut conquérante, il reste peu de place pour l’héritage chrétien qui fut, pendant des siècles, le socle du Royaume-Uni.

Le contraste est saisissant lorsque l’on se souvient des premiers souverains britanniques. Guillaume le Conquérant, fondateur de la monarchie en 1066, avait placé son règne sous le signe de la Croix et fit bâtir des églises et abbayes comme autant de pierres vivantes de la foi chrétienne. Ses successeurs, d’Henri II à Édouard le Confesseur, en passant par les grands rois médiévaux, considéraient leur mission royale comme un service rendu au Christ, protecteurs de l’Église et garants de la foi de leur peuple. C’est cet enracinement chrétien, vécu et assumé, qui donna au trône britannique sa légitimité spirituelle. Que reste-t-il aujourd’hui de cette vocation, lorsque les drapeaux arc-en-ciel et les tapis de prière musulmans occupent désormais l’espace symbolique où flottait autrefois la Croix du Christ ?

Dans ce contexte, la responsabilité de Charles III apparaît d’autant plus lourde. Le souverain a certes le souci de maintenir la paix civile, mais son insistance à multiplier les gestes de reconnaissance envers toutes les minorités risque de se transformer en renoncement silencieux à son rôle de témoin et la neutralité affichée par le palais ressemble de plus en plus à une reddition culturelle, comme si l’unité nationale pouvait se bâtir en gommant ce qui a fait la grandeur de la Couronne : sa vocation chrétienne.À la différence d’Élisabeth II, qui, malgré sa légendaire réserve, affirmait clairement sa foi chrétienne et rappelait volontiers que le Christ était la source de son service, Charles III semble davantage s’orienter vers un dialogue interreligieux sans limites et une adhésion aux nouvelles normes idéologiques.

Une telle orientation soulève la question de la capacité de la monarchie à rester ce point d’ancrage culturel et spirituel au-dessus des débats, ou bien est-elle désormais reléguée au rang de simple folklore ?

Ce glissement britannique s’inscrit aussi dans un contexte européen plus large : partout sur le vieux continent, les symboles chrétiens disparaissent peu à peu des institutions publiques, remplacés par une neutralité qui, en réalité, ouvre la voie au relativisme, à l’effacement des racines chrétiennes, à un islam conquérant et à l’idéologie woke. À Londres comme à Bruxelles, la tentation est grande d’ériger le pluralisme en nouvelle religion civique. Une telle approche prive les peuples de leurs racines et finit par fragiliser le lien social et la cohérence culturelle : Peut-on construire l’avenir d’une nation par un Meccano et un empilage de revendications communautaires en renonçant à ses racines historiques ?

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