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Qui est ce catholique qui veut nourrir un million de Gazaouis chaque jour ?

Jose Andres à Gaza  - DR
Jose Andres à Gaza - DR
Chef de cuisine espagnol naturalisé américain, José Andrés a fondé World Central Kitchen pour nourrir les victimes de guerres et de catastrophes

Aujourd’hui, il ambitionne de servir un million de repas quotidiens à Gaza, fidèle à une mission qu’il décrit comme un acte de dignité.Né le 13 juillet 1969 à Mieres, en Espagne, José Ramón Andrés Puerta, plus connu sous le nom de José Andrés, est aujourd’hui l’un des chefs de cuisine les plus célèbres du monde. Installé aux États-Unis depuis sa jeunesse, naturalisé américain en 2013, il a popularisé l’art des tapas outre-Atlantique et dirige plusieurs restaurants dans des villes comme Washington, New York, Los Angeles ou Miami. Mais c’est surtout son engagement humanitaire qui lui vaut une reconnaissance mondiale.En 2010, il fonde World Central Kitchen, une ONG destinée à nourrir les populations frappées par les catastrophes naturelles ou les conflits. L’organisation a servi des repas en Haïti après le séisme, aux sinistrés des ouragans dans les Caraïbes, aux réfugiés ukrainiens en 2022, ainsi qu’aux familles israéliennes déplacées après les attaques du 7 octobre 2023. À Gaza, elle soutient des boulangeries locales, gère une cuisine centrale à Deir al-Balah et coordonne plus de vingt cuisines communautaires.

Sa foi catholique inspire son engagement. « Je suis catholique. Ma femme est une catholique fervente », a-t-il confié. En août 2025, il s’est rendu une nouvelle fois dans la bande de Gaza et en Israël. Constatant l’ampleur des destructions, il a déclaré à Times of Israel : « Les destructions sont colossales… voir Rafah dans un tel état, voir Khan Younès détruite, c’est bouleversant. Par endroits, on se croirait dans Mad Max. »

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Face à cette situation, il a annoncé un objectif inédit, atteindre un million de repas distribués chaque jour.José Andrés est aussi un intellectuel reconnu. Depuis 2010, il enseigne à Harvard sur les liens entre alimentation et société. Ses engagements lui ont valu plusieurs distinctions prestigieuses, la National Humanities Medal en 2015, le prix d’humanitaire de l’année de la Fondation James Beard en 2018, le prix Princesse des Asturies de la Concorde en 2021, et en janvier 2025 la Médaille présidentielle de la Liberté remise par le président Joe Biden. Le magazine Time l’a aussi classé parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde.Malgré cette reconnaissance, il se décrit avant tout comme un homme de terrain. « Notre mission est de nourrir les gens. De les nourrir dans la dignité », répète-t-il. À Gaza, il privilégie la coopération avec les habitants, pour que chaque repas distribué soit aussi un signe de reconstruction et de dignité retrouvée.

Son engagement dépasse les frontières. Lors de sa dernière visite, il a rencontré des Gazaouis chargés de nourrir leurs familles, mais aussi des familles israéliennes d’otages et des rescapés du festival Nova. Il s’est notamment entretenu avec Iaïr Horn, ancien otage libéré en février 2025, dont le frère Eitan est toujours captif du Hamas. « Cela m’a marqué d’aller le même jour à Gaza puis sur le site du festival Nova. Être témoin de la souffrance des habitants de Gaza et de la souffrance ici… si l’on fait abstraction du lieu et de la nationalité, je suis convaincu qu’on ne peut ressentir qu’empathie. Quand on vit les deux choses le même jour, on pleure à l’intérieur. »

À travers ce défi humanitaire colossal, José Andrés illustre une vision profondément chrétienne, nourrir ceux qui ont faim, sans distinction. Cuisinier devenu humanitaire, catholique convaincu, il incarne cette conviction que, même au milieu des guerres, chaque repas partagé est un acte de paix.

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