Par Philippe Marie
Les Justes parmi les Nations ont sauvé des Juifs au péril de leur vie pendant la guerre. Aujourd’hui, nous catholiques sommes appelés à nous inscrire dans leur continuité spirituelle. Nous ne risquons pas encore notre vie pour cela, mais nous avons le devoir d’élever la voix et de témoigner sans faiblesse :
la guerre à Gaza ne peut servir de prétexte et la politique israélienne ne saurait être le cheval de Troie de l’antisémitisme en France et dans le monde.Ce qui vient de se produire dans les Pyrénées-Orientales est une tache de honte sur notre pays.
Cent cinquante enfants israéliens, âgés de 8 à 16 ans, ont été refusés à l’entrée du parc de loisirs « Tyro Vol » dans les Pyrénées orientales simplement parce qu’ils étaient juifs. Pas pour des raisons logistiques, pas pour un problème de sécurité, mais au nom de « convictions personnelles » du gérant. Voilà où nous en sommes : en 2025, en France, un homme ose revendiquer l’exclusion de mineurs à cause de leur origine religieuse. Quelle ignominie !
Ne nous berçons pas d’illusions : l’antisémitisme n’est pas un accident isolé, il est un cancer qui ronge à nouveau notre société. Hier il se nourrissait de l’idéologie nazie, aujourd’hui il se nourrit à la fois des pulsions islamistes et d’un progressisme dévoyé qui diabolise systématiquement Israël pour mieux frapper les Juifs. Deux visages différents d’une même haine. Et l’histoire nous a appris que ce venin, lorsqu’on le laisse se répandre, finit toujours par tuer.L’Église, dans sa sagesse, n’a cessé de rappeler l’infamie de l’antisémitisme. Pie XI le déclarait en 1938 : « L’antisémitisme est incompatible avec la pensée et la réalité chrétienne. » Jean-Paul II, lors de sa visite à la synagogue de Rome en 1986, affirmait avec force : « Qui rencontre le peuple juif rencontre en quelque sorte ses propres racines. » Et Benoît XVI soulignait à Auschwitz en 2006 que l’antisémitisme est une révolte contre Dieu lui-même, car il vise le peuple que Dieu a choisi pour porter son Alliance.
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Les catholiques prient pour toutes les victimes des conflits, quelles qu’elles soient. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises victimes, chaque vie arrachée par la guerre est une défaite pour l’humanité. Mais rien, absolument rien, ne peut justifier la haine portée contre un homme en raison de sa foi et de son identité.
Les catholiques de France n’ont donc pas le droit de rester muets. Face à un tel scandale, se taire serait déjà trahir. Nous avons un devoir de mémoire et un devoir d’action. De mémoire, en rappelant inlassablement que les Juifs sont nos frères aînés dans la foi. D’action, en nous engageant personnellement pour que jamais la honte de la persécution ne se reproduise dans nos rues, nos écoles, nos lieux de loisirs.Et que personne n’imagine que ce combat serait secondaire. Non, il touche au cœur même de notre identité chrétienne. Car le Christ a pris chair dans un peuple juif, il a prié dans la synagogue, il a célébré la Pâque juive avant de l’accomplir dans le mystère de l’Eucharistie. Rejeter un enfant juif aujourd’hui, c’est rejeter le Christ enfant hier à Bethléem.
Nous devons être des Justes, non par héroïsme humain, mais par fidélité à l’Évangile
Les Justes d’hier n’ont pas attendu d’être nombreux ou puissants pour agir. Ils ont suivi leur conscience droite, ils ont refusé la lâcheté, ils ont préféré risquer leur vie plutôt que d’entacher leur âme. Leur exemple est un appel brûlant : serons-nous à la hauteur quand nos frères juifs sont humiliés et rejetés en pleine lumière ?Il n’y a pas de neutralité possible. Soit nous combattons l’antisémitisme avec courage, soit nous en devenons les complices par notre silence. Alors oui, catholiques de France, souvenons-nous de nos Justes, et soyons, à notre tour, des Justes. Car c’est ainsi que nous honorerons notre foi, notre histoire, et notre Seigneur.
