Depuis plusieurs années, l’Afrique est la cible de programmes scolaires que des agences internationales, notamment le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), présentent comme « éducatifs ». Officiellement, ces cours d’« éducation sexuelle complète » visent à prévenir les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles. Mais pour les évêques africains, derrière cette façade se cache une entreprise idéologique : banalisation de la contraception, promotion de l’avortement et diffusion de la théorie du genre.L’Afrique du Sud illustre déjà cette orientation. Seul pays du continent à avoir légalisé le mariage homosexuel dès 2006, il a intégré depuis longtemps ces programmes à son système scolaire. Dès neuf ans, les enfants y sont confrontés à des cours traitant de masturbation, d’avortement, de contraception, d’orientation sexuelle et d’identité de genre.
« Les parents n’ont pas été consultés, ils n’ont même pas été avertis », déplore Ann Kioko, militante catholique kenyane et responsable Afrique de CitizenGo. Selon elle, ces cours « normalisent l’expérimentation sexuelle dès le plus jeune âge, encouragent les enfants à se considérer comme des êtres sexuels avant la maturité et créent une confusion sur l’identité et les relations de genre ». De telles pratiques, ajoute-t-elle, aggravent la fragilité de familles déjà marquées par le chômage, la violence et la désagrégation sociale. C’est pourquoi CitizenGo s’est engagée à soutenir les parents inquiets et les enseignants mis en difficulté par des contenus contraires à leur conscience.
À la rentrée prochaine, les lycéens découvriront une nouvelle édition du Livre d’éducation religieuse chrétienne, volume 4. Conçu pour transmettre les valeurs bibliques, ce manuel contient désormais des chapitres détaillant les méthodes contraceptives et en recommandant l’usage.La réaction a été immédiate : responsables religieux, associations civiles et milliers de parents dénoncent une dénaturation de la mission de l’enseignement religieux. Le 19 août dernier , CitizenGo a lancé une pétition adressée au ministre de l’Éducation, Julius Migos Ogamba, pour exiger le retrait immédiat du manuel.
« Si rien n’est fait, les adolescents kenyans apprendront la contraception comme si c’était une vérité de foi », alerte le texte de la pétition, qui y voit « un attentat à l’innocence des enfants et à nos valeurs chrétiennes ».
Lire aussi
Rappelons que la Conférence épiscopale du Kenya, comme celles d’autres pays africains, s’oppose depuis des années à ces tentatives d’introduire l’éducation sexuelle à l’école. Pour les évêques, la véritable prévention ne passe pas par la banalisation de la contraception mais par une éducation intégrale fondée sur la dignité humaine, la responsabilité et le respect réciproque entre l’homme et la femme.De son coté, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), a lui-même dénoncé « l’imposition d’idéologies étrangères qui nient la vie et minent les valeurs traditionnelles africaines ». Pour lui, l’Afrique « n’est pas un terrain d’expérimentation pour les agendas démographiques et culturels de l’Occident ».
Si l’objectif officiel de ces cours est de réduire les grossesses précoces et les infections, les chiffres démontrent leur inefficacité. Au Kenya, 15 % des adolescentes tombent enceintes et plus de 13 000 jeunes filles quittent chaque année l’école pour cette raison. En Afrique du Sud, au moins 26 000 adolescentes scolarisées deviennent mères chaque année. En Afrique subsaharienne, plus de six millions de jeunes filles ont interrompu leur scolarité à cause d’une grossesse. Quant au sida, la région enregistre chaque semaine 3 100 nouveaux cas chez les femmes de 15 à 24 ans, soit 77,5 % du total mondial.Ces données confirment, selon les évêques, que l’idéologie promue par l’ONU ne résout pas les problèmes mais fragilise davantage la jeunesse.
Face à ces dérives, l’Église en Afrique propose une autre voie : celle d’une éducation enracinée dans la foi, la dignité de la personne et la vocation de la famille. Les écoles catholiques, les catéchèses et les mouvements de jeunesse s’efforcent d’enseigner la chasteté, le sens de la responsabilité, le respect mutuel et l’ouverture à la vie. Pour les évêques, seule cette vision intégrale prépare les jeunes à devenir des adultes libres, capables de bâtir des foyers stables et féconds.
Face à l’intrusion croissante des différentes idéologies occidentales , les évêques africains rappellent que l’éducation ne peut être réduite à une technicité biologique ni à un discours relativiste sur le genre. Elle doit au contraire s’appuyer sur la complémentarité entre l’homme et la femme, sur la défense de la vie et sur la famille comme premier lieu d’amour et de transmission :« L’avenir de l’Afrique ne peut être construit sur le rejet de la vie, mais sur la fidélité à nos valeurs et à notre foi », a déclaré le cardinal Fridolin Ambongo.Dans un monde marqué par le relativisme et la fragilité des repères, l’opposition des évêques africains apparaît comme un acte de résistance prophétique. Elle montre que l’Afrique, malgré les pressions, demeure l’un des derniers bastions où la dignité de la vie, la famille et la foi chrétienne sont défendues avec courage et espérance.