Un événement inédit secoue aujourd’hui la vie publique espagnole : le parti Vox, mené par Santiago Abascal, a choisi d’entrer en confrontation ouverte avec la Conférence épiscopale, disputant ainsi à l’Église son autorité sur la question du Sacré et de la liberté religieuse.Tout est parti de Jumilla, une ville où Vox a promu, avec le soutien partiel du Parti populaire, une motion interdisant la célébration religieuse d’une communauté musulmane dans un gymnase municipal. Les évêques, fidèles à la tradition catholique qui défend la liberté de conscience et la dignité de chaque homme créé à l’image de Dieu, ont dénoncé cette décision comme une atteinte aux droits fondamentaux.
La réaction d’Abascal fut sans précédent : loin de se limiter à un désaccord, il a attaqué publiquement une partie de la hiérarchie ecclésiastique, insinuant qu’elle serait paralysée par la peur, les scandales et la dépendance aux subventions publiques. Cette stratégie, qui prétend présenter l’Église comme complice d’un système globaliste, cherche à séduire les électeurs lassés d’une hiérarchie perçue comme trop silencieuse face aux enjeux d’immigration, d’avortement ou de mémoire historique.Cependant, un tel affrontement n’est pas anodin. Car si l’Église en Espagne a perdu une partie de son influence sociale, elle demeure la gardienne du Sacré et conserve une voix morale écoutée par des millions de fidèles. S’attaquer à cette autorité, c’est risquer de fracturer la droite espagnole et d’ouvrir la voie à une politique sans enracinement spirituel.
Dans une société où le relativisme progresse et où les idéologies dissolvent les fondements chrétiens de la nation, la voix de l’Église reste indispensable pour rappeler que la liberté religieuse est un principe non négociable, et que le Sacré ne peut être instrumentalisé pour des calculs électoraux.La querelle de Jumilla révèle plus qu’une divergence conjoncturelle : elle interroge sur le rôle même de la religion dans une Espagne plurielle. L’Église, en rappelant que la liberté doit être garantie à tous, y compris aux minorités, ne fait que témoigner de l’Évangile. Vox, en choisissant de contester cette autorité, ouvre une bataille risquée où c’est l’unité du camp conservateur et le respect du sacré et de la religionqui sont en jeu.
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Ce débat espagnol résonne fortement en France. Car si les contextes politiques diffèrent, une impression demeure : nos propres évêques, par leur timidité de réaction, semblent parfois trop enclins à composer avec un certain esprit du monde. Face aux attaques répétées contre la foi, face à la dérive morale d’une société qui légalise toujours davantage ce qui offense la loi naturelle, combien de voix épiscopales s’élèvent vraiment avec clarté et courage ?
Le risque est grand que l’Église de France, par souci d’éviter les conflits, perde elle aussi son autorité morale dans la cité
Or les fidèles n’attendent pas de leurs pasteurs des compromis prudents avec les idéologies dominantes, mais un témoignage net de la Vérité du Christ. Si les évêques espagnols ont eu le mérite de rappeler que la liberté religieuse ne se négocie pas, nos pasteurs français devraient eux aussi retrouver une parole prophétique, ferme et sans équivoque.Car le Sacré n’appartient à aucun parti politique : il est confié à l’Église, qui seule peut en être la gardienne et la voix dans le tumulte du monde.