À Clermont-Ferrand, l’église Notre-Dame de Neyrat, lieu de prière et de recueillement, est devenue malgré elle un symbole de la dérive sécuritaire qui frappe certains quartiers. Des trafiquants de drogue y avaient trouvé une cachette inattendue : les rebords de toit. Une découverte qui a sidéré le clergé et les fidèles.CNEWS précise que ces planques improvisées n’étaient pas occasionnelles : « Ils ont servi pendant très longtemps à faire une planque », témoigne Jean-Claude Sevin, animateur de la messe dans cette paroisse populaire. Face à cette profanation, des grillages ont été posés autour de l’église pour empêcher l’accès aux toits et mettre un terme à cette pratique. « Depuis, on pense qu’on a eu moins de problèmes et je pense que ça a arrêté le dépôt », ajoute-t-il, soulagé mais amer.
Pour les fidèles , difficile d’accepter qu’un lieu consacré à Dieu ait pu servir de repaire aux dealers. Un homme, interrogé à la sortie d’une messe, confie son dégoût : « Ça craint quand même. (…) Aller cacher des choses sur le toit d’une église, il n’y a plus de respect. »Au-delà de l’acte lui-même, c’est le sentiment d’une perte de repères et d’un effondrement du respect des symboles qui marque les habitants. L’église, refuge spirituel pour beaucoup dans ce quartier sensible, se retrouve souillée par la logique d’un narcotrafic qui s’étend partout où il peut s’imposer.
Le quartier de Neyrat, au nord de Clermont-Ferrand, est classé zone prioritaire. La violence y est récurrente. Le 13 août dernier, le corps calciné d’un jeune homme de 28 ans a été découvert dans une voiture brûlée. La même nuit, un autre individu a été blessé par balles dans les rues du quartier. Depuis février 2025, la ville entière connaît une escalade : quatre morts, des affrontements sanglants, des incendies criminels. Clermont-Ferrand, jadis perçue comme une ville calme, se retrouve rongée par une criminalité de plus en plus violente.
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Cette affaire illustre aussi une fracture politique locale. L’élu LR Julien Bony dénonce une municipalité passive face au déchaînement de la violence. Selon lui, Clermont-Ferrand a « laissé l’insécurité s’installer doucement, mais durablement », devenant une « proie facile pour les trafiquants ».Ce constat rejoint le cri d’alarme de nombreux habitants, lassés des promesses non tenues et inquiets pour l’avenir de leurs enfants. « On entend des gens dire qu’ils ne veulent plus vivre ici, qu’ils ont peur », confiait récemment Pascal Bitot-Panelli, habitant et témoin quotidien des tensions.
Ce qui choque le plus dans l’affaire de Notre-Dame de Neyrat, c’est que la criminalité ne s’est pas limitée aux lieux habituels du trafic — cages d’escalier, halls d’immeuble, parkings — mais a franchi un seuil symbolique en atteignant un lieu sacré. Pour les catholiques, c’est une blessure morale, un signe que plus aucun espace, même consacré à la prière, n’est à l’abri de la mainmise du narcotrafic.En France, les églises sont régulièrement la cible de vols, de profanations ou de dégradations. Mais voir une paroisse utilisée comme cache à drogue révèle une nouvelle étape dans la banalisation du mépris pour le religieux .