Pour comprendre, il faut rappeler la figure de Pierre-Édouard Stérin. Entrepreneur à succès, mécène catholique, il consacre depuis plusieurs années une part importante de sa fortune à soutenir des projets chrétiens : écoles libres, médias, initiatives de formation, actions caritatives enracinées dans la doctrine sociale de l’Église. Ses choix sont cohérents avec une vision conservatrice du catholicisme : défense de la vie, attachement à la famille, rôle central de la liturgie et fidélité au magistère.Cependant aux yeux d’une certaine presse, Pierre -Edouard Stérin est vite devenu l’incarnation d’un catholicisme « de droite », voire « identitaire ». Les militants de gauche, eux, l’ont transformé en figure repoussoir : celui qu’il faut combattre pour « libérer » la foi de ce qu’ils considèrent comme un carcan doctrinal. Les « cathos anti-Stérin » se définissent donc par une opposition plus que par une proposition.
C’est là tout le paradoxe de ce mouvement. Que des chrétiens veuillent vivre leur foi avec leurs sensibilités propres, cela a toujours existé dans l’Église. Mais se définir « contre Stérin » revient à réduire la foi à une posture de rejet, presque personnelle. Peut-on réellement construire une vision spirituelle sur la base d’une hostilité envers un homme qui, par son mécénat et ses engagements, ne fait qu’exercer sa liberté de chrétien à servir l’Église à sa manière ?
Le catholicisme n’a jamais consisté à se dresser « contre » une personne, mais à se tourner « vers » le Christ. Faire de Pierre – Edouard Stérin un symbole à abattre, c’est montrer une pauvreté d’inspiration. On ne peut pas fonder une Église parallèle sur le ressentiment. L’histoire de l’Église est traversée de figures de saints, de mécènes, de bâtisseurs. Les critiquer, les juger ou les réduire à des caricatures politiques, c’est oublier que l’essentiel ne réside pas dans leur personne, mais dans leur contribution à la mission de l’Église.Le reportage de L’Humanité met en lumière les thèmes de prédilection de ces « anti-Stérin » : féminisme, ouverture revendiquée aux personnes LGBT, dialogue avec l’islam, critique de « l’extrême droite catholique ». Or ces thématiques ne surgissent pas de l’Évangile mais des idéologies dominantes dans certains milieux politiques et culturels. L’objectif semble clair : reconstruire un catholicisme « alternatif », débarrassé de ses enseignements jugés trop exigeants sur la morale, le mariage ou la vie humaine.
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Cette logique aboutit à un catholicisme à la carte, où chacun choisit ce qui lui convient, au risque d’édulcorer le message du Christ. Ce n’est plus l’Évangile qui façonne les fidèles, mais les revendications sociales et culturelles du moment qui façonnent une nouvelle image du catholicisme.Un autre ressort de cette mouvance consiste à coller une étiquette infamante à tous ceux qui restent attachés à la tradition doctrinale fondatrice de l’Eglise. Les fidèles qui défendent l’enseignement de l’Église sur la vie ou la famille sont rangés dans la case de « l’extrême droite ». Les jeunes attirés par la messe et le silence de l’adoration eucharistique seraient « identitaires ». Les familles nombreuses, actives dans leurs paroisses, deviendraient suspectes de militantisme politique.Cette rhétorique, reprise par une certaine presse, vise à marginaliser la majorité silencieuse des catholiques fidèles. Pourtant, ce sont eux qui font vivre l’Église, en transmettant la foi à leurs enfants, en s’engageant dans les paroisses, en soutenant les prêtres et en témoignant de l’espérance chrétienne au quotidien.
En définitive, les « cathos anti-Stérin » expriment avant tout une opposition. Ils rejettent un catholicisme assumé, structuré et cohérent, pour proposer à la place une foi fragmentée, fluctuante et sans colonne vertébrale. Ils se nourrissent de la contestation plus que de la tradition, du militantisme plus que de la liturgie.Leur festival porte bien son nom : un nuage de poussières, soulevé le temps d’un week-end, mais appelé à retomber. L’Église, elle, s’appuie sur le roc du Christ, sur la transmission fidèle de la foi, sur les sacrements et la prière. Ce sont ces fondations solides qui porteront les générations à venir, bien au-delà des illusions passagères des « anti-Stérin ».